Quel concept de santé a été mobilisé par et dans la pandémie ?
7 Juillet 2020
Sarah Carvallo, professeure de philosophie au laboratoire Logiques de l’Agir de l'université de Franche-Comté, interviendra dans le cadre du séminaire par visioconférence « Penser la pandémie ».
La pandémie du covid19 a offert l’occasion d’affirmer ou confirmer la valeur absolue de la santé aussi bien à l’échelle du monde que de la société française. Mais de quelle santé s’agit-il ? Quelle conception implicite de la santé justifie en réalité les décisions et actions mises en œuvre en France lors de l’épidémie du Covid19 ? Dans le contexte des démocraties, la santé constitue l’un des concepts essentiellement discutés, au même sens que l’égalité ou la liberté. De fait, depuis soixante-dix ans, le concept de santé n’a cessé de s’élargir. En 1948, la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé intègre une dimension sociale et psychologique pour concevoir la santé comme un état de bien-être physique, social et psychique. A la suite de la pandémie du SIDA notamment, les années 2000 marquent l’apparition du paradigme de santé globale ou mondiale, one health, qui associe étroitement santé humaine, animale et environnementale, consacré par l’OMS. Des chercheurs mettent en place une approche syndémique du soin, qui requiert d’intégrer des paramètres à la fois biologiques et socio-environnementaux. La santé intègre alors une dynamique positive d’amélioration qui dépend autant de facteurs biologiques que de facteurs socio-psychologiques. Face à ce mouvement d’expansion continue, l’épidémie de Covid19 manifeste plutôt une restriction brutale et non concertée de la conception de la santé, que mobilisent les discours et les décisions sanitaires du gouvernement : la santé s’entend en l’occurrence comme la préservation de la vie, c’est-à-dire la non-infection par le Covid19, quitte à priver les citoyens des ressources ordinaires de soin, de relations sociales, et parfois de ressources économiques. L’épidémie du Covid19 sert ainsi de pierre de touche pour rappeler la nécessité d’orienter nos choix sanitaires et médicaux conformément au concept de santé et au paradigme du soin, qui structurent la médecine en démocratie.
Sarah Carvallo développera une analyse en trois temps : le cas des personnes âgées comme « terrain » pour thématiser cette tension entre une santé dynamique lato sensu et une santé stricto sensu ; les discussions actuelles autour du paradigme de la santé et les ambiguïtés du modèle one health ; les enjeux concernant le soin en termes de pluralisme thérapeutique.
Le séminaire « Penser la pandémie » appréhende la diversité des dimensions de la crise actuelle en partageant questions, approches et outils des différentes disciplines. Les séances se déroulent sous la forme d’une intervention de 45 minutes et 45 minutes de discussion.
Toute personne intéressée pour suivre le séminaire en direct et poser des questions doit s'inscrire auprès d’Arnaud Macé ou Patrick Giraudoux. Les vidéos des séances sont ensuite disponibles sur une chaîne Youtube dédiée.
Horaires
17h à 18h30
Contact
Arnaud Macé arnaud.mace@univ-fcomte.fr
Patrick Giraudoux patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr
Visionner les captations chaîne Youtube du séminaire