Lip 73, ça peut toujours servir
Au Gymnase-espace culturel de l’Université se tient jusqu’au 15 décembre une exposition qui offre une perspective contemporaine sur le conflit Lip.
Construite à partir d’une enquête ethnologique1 menée auprès de différents acteurs de ce mouvement social, l’exposition reflète un retour d’expériences critique, plutôt qu’une lecture historique des évènements. Quarante ans après, le regard que portent les anciens « Lip » sur l’année 1973 n’est plus le même.
Il y a de bons et de douloureux souvenirs. Si certains ne veulent plus en entendre parler, d’autres y voient une grande expérience à transmettre à leurs enfants. La participation à cette lutte a changé la vie de nombreuses personnes, tant sur le plan de l’engagement politique que dans le champ des relations privées.
Ce sont les mots et thèmes récurrents dans leurs témoignages qui structurent l’exposition. On retrouve par exemple la notion d’ « espace » : celui de l’usine occupée, devenu lieu de lutte et lieu de vie, puis, après l’évacuation par les CRS, l’installation dans d’autres sites qui inversera le rapport de forces. « Les déplacements », utilisés pour populariser la lutte sont figurés dans la scénographie par une voiture et une mobylette. L’action de « prendre » les montres et celle de « se payer », plus encore que la fabrication ou la vente, revêtent une importance symbolique dans le discours des anciens, tout comme « le collectif » ou la solidarité dont ils parlent encore aujourd’hui avec émotion.
De nombreux documents : archives, photographies, films et récits s’entremêlent dans la salle, formant un ensemble assez dense. Tous ces contenus, qui évoquent l’avant, le pendant et l’après 1973, s’organisent autour d’un même axe : l’idée d’une expérience utile, d’où le titre : « Lip 1973, ça peut toujours servir ».
Ce conflit a en effet contribué à développer de nouvelles formes de lutte, de nouvelles façons de pratiquer la démocratie. La volonté d’informer tout le monde était forte, comme en témoignent les nombreux comptes-rendus et revues de presses qui circulaient dans l’usine. « Les Lip » comme on les appelle, ont beaucoup travaillé pour populariser leur combat à l’extérieur. Fortement médiatisé, celui-ci a fait école et essaimé, notamment dans les Deux-Sèvres.
Après avoir donné la place à différentes lectures politiques des évènements, l’exposition propose, en conclusion, un questionnement sur les luttes sociales d’aujourd’hui.
Produite par l’ESPE2 de l’UFC en partenariat avec la DRAC3, elle a bénéficié des contributions d’anciens Lip et de l’association les amis de la maison du peuple de Besançon et de la mémoire ouvrière. Elle s’inscrit dans le cadre des évènements anniversaire du conflit Lip (voir le programme).
1 L’enquête, menée auprès d’une vingtaine de personnes, a été conduite par Noël Barbe et Flavie Ailhaud, commissaires de l’exposition.
2 Ecole supérieure du professorat de l’éducation (ex-IUFM)
3 Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté (DRAC)