Un homme vêtu d'une combinaison et d'un masque tient dans ses mains gantées une plaque transparente qui est en réalité un masque pour composants.
Ludovic Godard
Auteur 
Catherine Tondu

FEMTO Engineering, un maillon fort entre recherche et industrie

Au cours du long cheminement qui peut mener un projet de recherche à une exploitation industrielle, certains chaînons sont parfois fragiles voire inexistants. C’est dans ce contexte de manque que FEMTO Engineering a été créé voilà trois ans. Un outil de développement et de transfert chargé de relayer les recherches menées à l’Institut FEMTO-ST, de les amener à maturation pour qu’à terme le monde industriel s’en empare et transforme les projets, les découvertes et les développements en productions. FEMTO Engineering, c’est aussi un lien entre les différents acteurs de cette chaîne, un guichet unique pour mieux gérer les attentes des industriels vis-à-vis de la recherche. Retour sur une structure encore jeune, mais déjà bien solide en termes de fonctionnement comme de résultats.

FEMTO Engineering se présente à la fois comme un prolongement de l’Institut FEMTO-ST et comme une interface entre la recherche et l’industrie. La cellule de transfert reprend à son actif certaines des recherches menées à FEMTO-ST pour assurer leur développement en vue d’un transfert industriel. Selon l’échelle internationale TRL (Technology Readiness Level) mesurant le niveau de maturation d’un projet, étalonnée de 1 à 9 de la recherche la plus fondamentale à l’étape finale de la production industrielle, les activités de FEMTO-ST se situent entre les niveaux 1 et 3, celles de FEMTO Engineering entre 4 et 8. Une complémentarité dont profitent notamment les projets des domaines du temps-fréquence, de l’optique, de l’énergie, du biomédical et les microtechnologies de salle blanche susceptibles de trouver un développement industriel.

FEMTO Engineering, émanation de FEMTO-ST, veut aussi favoriser les relations entre l’entreprise et la recherche, se positionnant comme un guichet unique dirigeant les industriels vers l’une ou l’autre des deux structures selon leurs besoins et leurs attentes. « Notre objectif est de démystifier la recherche auprès des entreprises, d’en rendre l’accès plus facile notamment aux PME », explique Grégory Haye, directeur de FEMTO Engineering. L’unité de transfert répond aussi favorablement à une demande d’analyse de pièce défectueuse nécessitant une journée de travail qu’à une attente en matière de nouveaux procédés qui peut demander plusieurs mois, voire plusieurs années de développement.

Un large spectre de compétences

Même si tous les domaines de recherche développés à l’Institut FEMTO-ST sont concernés, FEMTO Engineering a choisi au démarrage de son activité de mettre l’accent sur ceux les plus à même de toucher l’industrie, et dont on peut citer quelques projets à titre d’exemples. Le temps-fréquence va prochainement voir naître la deuxième génération de l’horloge cryogénique ULISS, à haute stabilité de fréquence, qui intéresse la géodésie et la navigation spatiale. En optique, des essais de nano-usinage à très haut facteur de forme sont en cours et pourront dans un avenir proche faire l’objet d’un transfert de procédés auprès des industriels, formations à l’appui. Le domaine de l’énergie se prête aux modélisations électrique, magnétique et thermique de moteurs électriques ; le dimensionnement de moteurs hybrides s’appuie sur les compétences particulières développées autour de la PAC (pile à combustible), pour des systèmes embarqués ou stationnaires. Dans le domaine biomédical, les biopuces poursuivent leur formidable développement au service notamment de l’immunothérapie et de la protéomique. Enfin, les technologies de salle blanche sont utilisées dans la réalisation de microcomposants, et constituent un axe transversal susceptible de concerner une large frange d’industries et de projets.

Une gestion à trois dimensions

Les moyens techniques et humains sont là. « Nous accédons à des plateformes technologiques de haut niveau, dont la salle blanche de la centrale de technologie MIMENTO est certes le fleuron, mais qui n’est pas la seule à proposer des solutions adaptées aux besoins industriels. » Sept ingénieurs et docteurs se chargent d’assurer le suivi et le développement des projets. S’ils font partie intégrante de la structure FEMTO Engineering, ils travaillent tous au sein même des laboratoires, cette proximité leur garantissant une immersion totale dans la recherche tout en se préoccupant du terrain économique. Trois personnes se consacrent quant à elles aux aspects commerciaux et de gestion. Au terme de deux exercices, FEMTO Engineering a atteint l’objectif d’autofinancement à 70 % qu’il s’était fixé au départ, prenant appui sur l’expérience de grands centres en Europe pour décider d’un choix opérationnel à trois variables. Le premier tiers du chiffre d’affaires est directement réalisé avec des industriels, le second tiers provient de projets collaboratifs, toujours en lien avec des industriels mais avec des objectifs de plus grande envergure via des dispositifs comme Interreg, et le dernier relève de subventions ou du mécénat. Grégory Haye explique l’intérêt de ce schéma : « Les contrats directs assurent les développements industriels à court et moyen terme, les projets tournés vers une recherche de plus longue haleine permettent de se ressourcer scientifiquement sur l’amont, enfin les subventions sont un ballon d’oxygène indispensable pour pouvoir prendre les risques inhérents à toute recherche fondamentale. » La recette commence à porter ses fruits, elle fait même parler d’elle dans tout l’Hexagone, où d’autres souhaitent s’en inspirer.

FEMTO Engineering, marque déposée

FC pour Franche-Comté, Innov pour innovation, le nom de la structure juridique, c’est FC’Innov. FEMTO Engineering est en réalité une marque de FC’Innov. Une fondation partenariale à but non lucratif créée par l’université de Franche-Comté en 2013, avec un soutien financier important de la part de la Région Franche-Comté, pour répondre à différents objectifs : amener à maturation des technologies, et notamment des technologies de rupture, un risque souvent trop grand pour une entreprise seule ; être en phase avec l’échelle de temps des industriels, réputée pour être beaucoup plus courte que celle des chercheurs ; enfin pérenniser les compétences à mettre au service de ces ambitions, en intégrant les personnels par des contrats à durée indéterminée au sein d’une structure dédiée au transfert. Encouragée par les débuts prometteurs de FEMTO Engineering, FC’Innov donnera bientôt naissance à une deuxième unité, une décision entérinée par son Conseil d’administration en mars dernier. Dédiée au domaine de la santé, cette nouvelle cellule prendra appui sur un partenariat entre l’université de Franche-Comté et le CHRU de Besançon.

Article publié dans le numéro 264 de mai 2016 du journal en direct.

Contact

Grégory Haye
FEMTO Engineering
03 63 08 24 13
gregory.haye@femto-st.fr

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