Etudiants en géologie sur le terrain
Ludovic Godard
Auteur 
Delphine Gosset

Un cursus tout terrain

Reportage auprès des apprentis géologues du cursus de master en ingénierie (CMI) Géologie appliquée.

Nous sommes le 13 mars. A la sortie d’Etrelles-la-Monbleuse, un petit village de Haute-Saône, deux camionnettes stationnent sur un chemin de terre. Plusieurs groupes d’étudiants arpentent le terrain boueux. L’un d’entre eux marche d’un pas cadencé en portant à bout de bras un objet qui évoque une grosse antenne. C’est un gradiomètre qui mesure le champ magnétique terrestre. Sur une autre parcelle, quelques étudiants plantent, à intervalles réguliers, des électrodes dans le sol. Ils préparent une expérience de « tomographie de résistivité électrique » qui permettra de déterminer la nature des couches souterraines.

L’objectif de ces étudiants en première année de master Géologie appliquée est de dresser une cartographie du sous-sol. Ce champ n’en a pas l’allure, mais il correspond en réalité à un site archéologique. Sous nos pieds se dissimulent d’anciennes mines à silex, très prisées au Néolithique. Pendant ces trois jours d’écoles de terrain, les étudiants vont recueillir des données. Une fois de retour à l’Université, ils les traiteront et les analyseront avant de les transmettre aux archéologues du laboratoire Chrono-environnement. L’exercice pédagogique sera ainsi utile pour la recherche.

le temps d'expérimenter

« On fait souvent des sortiesd’habitude ce sont plutôt des visites de carrière, de la cartographie ou de l’hydrogéologie. Aujourd’hui on s’initie aux méthodes des géophysiciens et des géomètres avec lesquels on pourrait être amenés à collaborer» commente Coraline Vallon, étudiante.

L’Université de Franche-Comté est l’une des rares à avoir maintenu une large part de terrain dans son approche pédagogique de la géologie. Rien de tel que de se confronter à la réalité pour prendre conscience de la diversité des contraintes techniques et se forger une expérience.

« A l’Université, on a la chance de pouvoir essayer, faire des erreurs et recommencer… En travaux pratiques, il m’arrive de laisser volontairement les étudiants se tromper car je sais qu’ils en tireront davantage que d’un exercice trop calibré. Ici, ils ont le temps d’expérimenter » explique Jean-Pierre Simonnet, enseignant. Il nous fait visiter la toute nouvelle salle de géotechnique qu’il a mise en place. Cet espace comporte une première partie consacrée à l’identification des sols, avec des techniques courantes dans les laboratoires professionnels. La seconde est dédiée à la mécanique des sols. Là, divers appareillages sophistiqués permettent d’étudier la façon dont les matériaux se comportent en fonction des efforts et des contraintes subis.

un diplôme d'ingénieur

Une fois qu’ils en connaissent le maniement, les étudiants peuvent utiliser cette salle selon leurs besoins et leurs disponibilités. « Du temps libre, on n’en a pas beaucoup ! » ironise l’un d’entre eux. La formation bénéficie en effet d’un surcroît d’enseignements depuis qu’elle est devenue, à la rentrée 2012, un cursus de master en ingénierie (CMI) avec davantage d’anglais, de mathématiques, de physique, chimie et des sciences humaines et sociales. Pour le reste, peu de changements, car le master Géologie appliquée était déjà conçu dans l’esprit des actuels CMI1.

« Nous proposons depuis des années un cursus de type ingénieur qui s’appuie sur l’activité d’un laboratoire de recherche, avec une pédagogie axée sur la mise en situation et la gestion de projet », soulignePatrick Rosenthal, responsable de la formation. Des antériorités qui expliquent que le CMI Géologie appliquée soit le premier du genre à l’UFC2.

A l’issue du master, l’insertion professionnelle est bonne3. Elle est favorisée par le système d’apprentissage grâce auquel la plupart des étudiants sont salariés dès le début de leur master et passent 5 à 7 mois par an en entreprise.

Avant même sa transformation en CMI, ce master était déjà apprécié par les entreprises comme l’équivalent d’un diplôme d’ingénieur. Les profils des géologues de terrain, plutôt naturalistes, s’avèrent complémentaires de ceux des ingénieurs génie civil formés dans des écoles. « L’Université peut amener des étudiants qui ne sont pas taillés pour les classes préparatoires à avoir par la suite des fonctions d’ingénieur reconnues comme telles  » conclut Vincent Bichet, enseignant-chercheur.

D’ici quelques années, ceux qui auront suivi l’intégralité de ce nouveau cursus se verront délivrer le titre d’ingénieur de l’Université de Franche-Comté.

  1. Le CMI est un nouveau label du réseau FiGuRe qui permet aux université de délivrer des diplômes d’ingénieur en renforçant des licences et masters préexistants conformément à un référentiel national.
  2. Trois autres CMI devraient ouvrir à la rentrée 2013.
  3. Ceux qui le souhaitent peuvent également poursuivre leur cursus en doctorat.

Contact

Des apprentis géologues du cursus de master en ingénierie (CMI) Géologie appliquée, les photos sont prises sur le terrain, avec du matériel et ensuite en laboratoire, on étudie les sols.
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