Une ville faite pour les garçons ?

À Paris, Toulouse, Bordeaux ou ailleurs, les garçons sont les usagers majoritaires de la ville. C’est ce que montrent plusieurs études réalisées entre 2010 et 2013 sur les équipements publics culturels ou de loisirs pour les jeunes. Pas moins de 75 % des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons, tandis que les filles décrochent des activités à partir de la sixième et disparaissent peu à peu de l'espace public, où fleurissent des skateparks et des citystades implicitement destinés aux garçons. 

Dans le même temps, on conseille aux jeunes femmes de ne pas faire du jogging dans des endroits isolés, d’être sur leurs gardes dans les transports en commun ou d’éviter certains quartiers. Ces inégalités devraient apparaître comme une préoccupation prioritaire si l’on veut lutter contre les inégalités structurelles qui en découlent : des femmes moins bien insérées dans la ville et dans leur environnement social et professionnel. Or ce que les études révèlent comme la preuve d’une grande injustice est traité comme allant de soi, de l’ordre de l’évidence.