Histoire des idées

L’idée d’origine, écrit-on souvent, n’a pas d’histoire. Elle serait rivée aux tréfonds de l’âme humaine et témoignerait de la passion de savoir de l’homme qui cherche à se situer dans un continuum spatiotemporel pour conjurer l’angoisse de mort. Elle procéderait donc de l’idéal. Et peu importe, dans ce cas, que l’authentique « commencement » des choses se dérobe à l’investigation. Aujourd’hui même le succès éditorial de tant d’ouvrages répétitifs traitant de l’origine de l’univers, de la vie, de l’homme, démontre que la vulgarisation joue de ce levier affectif.

Pourtant, la sémantique du concept varie grandement selon les auteurs et selon les époques. Elle peut osciller entre création, degré liminal d’un processus, formation ou transformation. Cette quête de sens peut aussi, plus curieusement, être frappée d’interdit. Le grand XIX^e siècle critique couramment cette recherche stérile et la science n’y manque pas d’arguments. Le propos de Claude Blanckaert sera de reparcourir l’économie des pensées qui soit accueillent soit refusent les conjectures d’origine entre XVIII^e et XIX^e siècles et l'historien prendra pour fil directeur les controverses sur la génération spontanée.