Mongiovi Chiara et Crini Grégorio
Pour répondre à son ambition de développer l’éducation et les coopérations internationales, le gouvernement malaisien table sur l’enseignement de langues étrangères comme l’anglais, l’arabe et le français. C’est dans ce contexte que le ministère de l’Éducation malaisien a engagé une collaboration avec l’université de Franche-Comté pour la formation de ses futurs professeurs de français dans les écoles secondaires publiques. L’UFC et l’Institut Pendidikan Guru Malaysia (IPGM), équivalent de l’ESPE française, ont élaboré ensemble un programme de formation de six ans pour ces futurs enseignants. Il a été lancé en 2007 et bénéficie chaque année à une quinzaine d’étudiants.
Ceux-ci commencent en Malaisie par deux années préparatoires aux études supérieures en France à l'Institut de formation des professeurs malaisiens (IPG KBA1). Ils sont ensuite accueillis à Besançon pour trois ans d’immersion linguistique et culturelle totale. Les deux premiers semestres sont organisés au CLA. Intégrés à des classes qui mêlent de nombreuses nationalités, ils y suivent le programme Langues, culture, société qui leur permet de perfectionner leur français mais aussi d’étudier la linguistique, la syntaxe et la culture française. À cette occasion, ils préparent le diplôme approfondi de langue française (DALF). Ils valident ainsi, par convention entre l’UFC et le ministère de l’Éducation malaisien, l’équivalent d’une première année de licence.
Ils passent ensuite deux ans à l’UFR SLHS où ils suivent les deuxième et troisième années de licence Sciences du langage, parcours Français langue étrangère (FLE). Ce cursus qui porte sur l’étude de la langue (phonologie, phonétique, sémiotique, analyse de textes, traduction…) inclut aussi une dimension didactique qui les prépare à leur futur métier. Ces étudiants bénéficient en outre d’un système de tutorat, deux heures par semaine, avec des enseignants du CLA et de l’UFR SLHS. Au terme de ces trois années, ils obtiennent leur licence (équivalent d’un bachelor) et affichent un très bon niveau en français2. Leur dernière année en Malaisie est une année de professionnalisation incluant des cours à l'IPG KBA et des stages qui permet de valider la totalité du cursus. Pendant toute la durée du programme, des rapports semestriels sont envoyés au gouvernement malaisien, qui se montre très soucieux de la réussite des étudiants qu’il finance3.
Doubler le nombre d’élèves en français
Aujourd’hui, l’UFC a déjà formé 105 professeurs et ils seront environ 150 d’ici la fin du cycle de formations en 2020. « Pour chaque professeur formé, ce sont une ou plusieurs classes qui sont ouvertes et des filières de français qui se développent, y compris à l’université. Cela va de pair avec un élargissement des débouchés professionnels pour le français en entreprise, dans l’import-export, dans la diplomatie. Ce programme contribue au développement de la francophonie », souligne Saïd Nourine, directeur adjoint du CLA. En effet, le nombre d'élèves apprenant le français est passé de 4 000 à 13 060 et le nombre d'écoles proposant cette langue a doublé. Autre conséquence directe de ce programme : la notoriété de Besançon dans ce pays d'Asie du Sud-Est. L’université de Franche-Comté est d'ailleurs l’une des destinations privilégiées du public malaisien.
TV5 Monde a recueilli des témoignages d’étudiants qui suivent cette formation :