L'expo de la mort qui tue_plantes_reviviscentes
Auteur 
Elodie Mereau

Interview de la mort qui tue : des plantes qui peuvent renaître

Au sein de l’expo de la mort qui tue*, on parle de la mort mais aussi de la vie, et de la manière dont certains organismes ont la capacité de se régénérer… Gregory Jacquot, botaniste à l’université de Franche-Comté et au Jardin botanique de Besançon nous parle de ces plantes dîtes reviviscentes. 

Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Médiateur et responsable de la collection des plantes xérophytes, cactus et autres succulentes, ma principale mission consiste à sensibiliser le grand public et les scolaires aux problématiques environnementales à travers la diversité du monde végétal.

Certaines plantes reviviscentes sont présentées dans l'exposition, en existe-t-il beaucoup et dans quels endroits peut-on en trouver le plus souvent ?

Tout d’abord, la reviviscence désigne chez les végétaux, la capacité de revivre après avoir perdu presque entièrement leur eau. Dans cet état, les activités vitales de la plante sont pratiquement suspendues, l’organisme est alors en vie latente.
Au départ, les naturalistes étaient enclins à penser que les végétaux n’étaient plus vivants lorsqu’ils étaient jaunis et desséchés. Mais rapidement, l’observation de certaines plantes, notamment des mousses, a incité à l’usage de ce terme. En effet, redevenant vertes en présence d’eau et se développant à nouveau après de longue période de sècheresse, les mousses quittaient cet énigmatique état inerte et revenaient à la vie.
Cependant, ce métabolisme nécessite une adaptation physiologique poussée à l’extrême et toutes les plantes n’ont pas cette capacité, loin de là. Si ce phénomène est fréquent chez les mousses, il est plutôt rare chez les plantes à fleurs et les fougères. Il coïncide avec des conditions environnementales très hostiles où l’eau est fréquemment absente et peu accessible aux végétaux comme en montagne à haute altitude, sur les falaises ou en milieu désertique.
Attention, cela ne veut pas dire que ces plantes reviviscentes sont immortelles, elles ont forcément besoin d’eau à un moment donné pour pouvoir faire la photosynthèse indispensable à tout végétal. Il parait tout de même que certaines mousses peuvent se priver d’eau pendant 14 ans et reverdir après une bonne pluie. De quoi partir tranquille en vacances !

Avons-nous découvert de nouvelles plantes reviviscentes récemment? Est-ce rare de découvrir de telles espèces végétales ?

Le monde de la bryologie1 est encore vaste et méconnu. Beaucoup de mousses, d’hépatiques à la capacité de reviviscence restent à découvrir ou à déterminer. Certaines contrées où une grande diversité de plantes apparaît après de très rares précipitations, tous les 6, 7 ans en moyenne sont encore à inventorier. Je pense à certains déserts comme celui d’Atacama au Chili ou le Namaqualand en Afrique du Sud . Le problème est que cette floraison est extrêmement éphémère si l’aridité revient vite et il n’est pas facile d’observer et de comprendre ces plantes dans des durées si courtes et si peu fréquentes dans le temps.

Parmi toutes les plantes reviviscentes qui existent, quelle est celle que vous préférez et pourquoi ?

Je pourrais citer Selaginella lepidophylla ou Anastatica hierochuntica, deux plantes connues sont le nom commun de Rose de Jéricho et assimilées aux boules errantes, typiques des paysages arides, bien connue des westerns.
Mais je préfère évoquer pour leur beauté Ramonda myconi ou Ramondie qui pousse uniquement dans les Pyrénées et qui est une plante à fleurs et Cheilanthes lanosa, petite fougère originaire du Mexique aux frondes laineuses.

Le mot de la fin ? 

 Pensez tout de même à arroser régulièrement vos plantes !

 

1La bryologie étudie trois embranchements de plantes terrestres qui ne possèdent pas de vrai système vasculaire : les mousses, les hépatiques et les anthocérotes. Des plantes peu connues aux noms barbares mais dont le rôle sur les écosystèmes est fondamental.

 

 *Pour continuer de faire vivre "L’expo de la mort qui tue" en ces temps troublés (à voir ou revoir à la Fabrikà lorsque le contexte sera plus favorable), le service sciences arts et culture de l’université de Franche-Comté vous propose une série de rendez-vous à retrouver sur le site de l’université. Que vous ayez vu ou non l’exposition, pas d’inquiétude, ces sujets sont inédits ou prolongent les pistes de réflexion qui y sont abordées.

Contact

Service Sciences, arts et culture - SAC

cheilanthes_lanosa
anastatica-hierochuntica
Tags 

Articles relatifs