De futurs commerciaux à l'épreuve d'une crise
Gestion de crise, mais sans la crise. C’est ainsi que l’on pourrait résumer les trois longues journées de défi que les étudiants de 2e année du département Techniques de commercialisation de l’IUT Belfort-Montbéliard ont passées, du 19 au 21 novembre, pour s’ouvrir à une nouvelle compétence : la communication de crise en entreprise.
Le département Techniques de commercialisation de l’IUT Belfort-Montbéliard (site de Belfort centre-ville) forme de futurs techniciens supérieurs, généralistes du commerce, en vente, marketing, communication ou logistique dans des secteurs très divers : les banques, les assurances, la grande distribution, l’industrie, les sociétés de conseil et de communication. Ils apprennent, au cours de leurs deux années de DUT, la conduite de projet, la communication commerciale, la gestion financière et budgétaire, la négociation, le marketing, les marchés internationaux, le traitement de l’information, et développent de nombreuses compétences qui en feront des professionnels capables de travailler également à l’international.
Une compétence supplémentaire
Outre les stages et les actions de terrain, le département organise depuis trois ans un séminaire de simulation de gestion de crise pour les étudiants de 2e année. « Le but de ce séminaire est de sensibiliser ces futurs professionnels à la nécessité d’être préparés à réagir à un problème majeur pouvant toucher leur entreprise, comme un accident de la circulation, une intoxication alimentaire ou un incident industriel », explique Nadège Poinsot-Laresche, directrice du département Techniques de commercialisation.
Le programme est organisé et mis en œuvre par Jean-Jacques Wagner, professeur d’expression et de culture du département et chef d'escadron de réserve de la région de gendarmerie de Franche-Comté (RGFC), le commandant Bruno Migeot, référent intelligence économique (IE) de la RGFC, avec la participation de l'agence d'intelligence économique (AIEFC) de la chambre de commerce et d’industrie de Franche Comté et le soutien de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) régional.
À pieds joints dans la réalité
Lors de la première journée, des cours magistraux sur l’intelligence économique, la définition et la gestion de crise ont été dispensés par les enseignants du département, mais aussi par des partenaires tels que la gendarmerie nationale et l'AIEFC. C’est le deuxième jour que la crise est apparue… Les étudiants ont été divisés en trois groupes de douze. Pour l’instant, rien d’anormal. Puis, tout à coup, on leur annonce qu’un camion de leur entreprise qui transportait du chlore s’est renversé dans une zone d’habitation, près d’un étang. Le chauffeur y a laissé la vie. De 7 h 45 à 18 h, chacun est à son poste (coordination, recherche d’informations, responsable de la communication, porte-parole…) et reste sur le qui-vive.
« Qui est responsable ? Y a-t-il d’autres victimes ? Quelles sont les conséquences écologiques de l’accident ? » Les questions fusent. Après une journée de travail, les étudiants, transformés en gestionnaires de crise, doivent faire face à la presse, la vraie, qui a été invitée à découvrir ce projet d’enseignement innovant, mais aussi à de faux journalistes incarnés par les partenaires de l’opération qui ont pour tâche de pousser petit à petit les étudiants dans leurs retranchements. « Où est le PDG de l’entreprise ? A-t-il mieux à faire que de répondre à la presse et de prendre ses responsabilités ? Est-ce que c’est parce qu’il n’a pas payé ses impôts qu’il est absent ? » Les questions à la limite de l’accusation repartent de plus belle. Mais les étudiants tiennent bon et répondent avec répartie et professionnalisme.
Le troisième jour, même scénario, mais pour l’autre partie de la promotion. Jean-Jacques Wagner est satisfait du travail fourni : « Non seulement ils ont accepté de jouer le jeu mais en plus ils ont vraiment adhéré. » Quant au commandant Migeot, qui, de par son expérience professionnelle, a apporté une dimension de réel à cette simulation, il tient à noter « l’implication, la cohérence et la cohésion des étudiants ». « Les comptes rendus des participants aux éditions antérieures ont montré l’intérêt des étudiants pour ce type d’activité, précise Nadège Poinsot-Laresche. Ça leur permet non seulement d’être confrontés à des professionnels de secteurs différents de celui de leur formation, mais surtout de moins appréhender le monde de l’entreprise. » Pas de crise dans la crise donc, et des étudiants mieux armés à affronter la réalité de leurs futurs métiers.