Necronomi'Con : ils partirent à 5, ils arrivèrent à 6 000
Necronomi'Con, c’est l’histoire d’un évènement fictif créé par des étudiants de l'IUT de Belfort-Montbéliard dans le cadre d’un exercice pédagogique, qui est devenu une manifestation bien réelle avec plusieurs milliers de visiteurs.
Depuis plusieurs années, Stéphane Laurent, responsable de la licence professionnelle Marketing et communication des organisations, du spectacle, de l’événementiel et des loisirs (MOSEL) au département Gestion administrative et commerciale des organisations (GACO) rêvait de porter un projet « fait par MOSEL, avec MOSEL, pour MOSEL et les 10 ans de la formation ». La licence pro étant depuis ses débuts un appui pour l'organisation de nombreux événements locaux, il était temps pour elle de voler de ses propres ailes et de mettre en application la somme de ces apprentissages dans un événement dont elle serait pilote.
Genèse d’un projet étudiant
Janvier 2017 : Élodie, Manon, Roxane, Thomas, étudiants en licence pro MOSEL promo 2016-2017, arrivent en kigurumi1 à la soutenance de leur projet pour le cours de création d’entreprise de Jérémy Durand, intervenant professionnel de la société V2C développement. À ce stade, Necronomi'Con², leur projet, n’est encore qu’un événement fictif imaginé spécialement pour un exercice pédagogique. Stéphane Laurent, qui fait alors partie du jury de soutenance, se montre très intéressé par le concept et l’étude de faisabilité présentés par les étudiants, qu’il recontacte quelques semaines plus tard pour transformer leur idée en vrai projet. L’association Necronomi'Con est créée au printemps 2017. Le projet est mûri et approfondi (invités, démarche commerciale, lieu, identité visuelle et premiers supports de communication…) pendant plusieurs semaines, durant lesquelles l’angoisse se mêle à l'adrénaline : il a fallu « miser et mouiller sa chemise », commente l'enseignant responsable de la formation. Grâce à ses fondations solides, le 31 août, les premiers e-mails de démarchage sont envoyés aux exposants, c’est « le vrai grand démarrage concret de l’événement ». La manifestation, qui s'est déroulée les 3 et 4 février 2018, a donc été montée en cinq mois et demi.
Première convention geek généraliste de Franche-Comté
Gaming, manga, culture japonaise… les quatre étudiants qui avaient imaginé ce projet en sont fans. Stéphane Laurent s’intéresse beaucoup à la pop culture (en tant que chercheur associé au laboratoire ELLIADD3, il travaille aussi bien sur le lectorat de 50 nuances de Grey que sur les « métalleux ») : « On a voulu créer une convention généraliste : on a intégré les arts martiaux, les BD, les jeux vidéo… ; c’est une sorte de melting-pot de la culture geek et nipponne. Aujourd’hui, on a une idée plus précise de ce qu’on peut faire, de ce sur quoi il faut miser : cette expérience, ainsi que l’enquête réalisée auprès du public, ont permis de mettre en avant ce qui était bien et ce qui l’était moins. On peut se servir de cette première édition pour mieux positionner l’événement dans cette thématique. » Les thèmes des stands qui ont eu le plus de succès auprès des visiteurs, dont la majorité avait moins de 25 ans, sont d’ailleurs le cosplay4, les jeux vidéo, les jeux de société et les maquettes. L’enquête a également révélé que la moitié du public n’était jamais allée à une convention, l’autre moitié étant un public de passionnés, qui se rend dans les salons à Paris, Lyon, Strasbourg, et qui est venu déguisé pour le cosplay, les jeux vidéo, les démonstrations de sabre laser, ou pour rencontrer Marcus, l’animateur de la chaîne Game One. « Il y a donc une demande forte du public nord-franc-comtois pour ce type d’événement organisé en local, note Stéphane Laurent. Les analyses géomarketing montrent que l’origine géographique des visiteurs allait de Strasbourg à Lons-le-Saunier, avec une forte concentration sur la Haute-Saône et l’aire urbaine Belfort-Montbéliard. »
Trois fois plus de visiteurs que prévu
Pour satisfaire cette demande du public, l’équipe initiale, composée d’Élodie et Thomas, diplômés de la licence pro, et de Stéphane Laurent, a été renforcée par Cédric Chevrolet, graphiste et intervenant professionnel en création et graphisme au département GACO, et huit étudiants de la promotion 2017-2018 répartis en deux équipes : une équipe communication (Lucile, Agathe, Élisa, Maurine) et une équipe production et gestion (Lola, Cléophée, Clémentine, Léo). « On s’est beaucoup inspiré des projets menés avec et pour nos anciens partenaires : c’est un peu la somme des expériences de toutes les promotions, qui met en avant les compétences développées dans cette formation. C’est un beau résumé de tout ce qu’on peut apprendre à faire en LP MOSEL : accueil du public, étude de marché, communication, logistique, production… ». Entre les jeunes diplômés et les étudiants actuels, ils étaient donc 12 au total à gérer cet événement d’ampleur, « une belle boucle interpromos ». Leur bonne connaissance du public a été la clé de l’organisation de leur évènement.
En projet tuteuré, habituellement, l’enseignant accompagne les étudiants dans leur travail. Cette fois, Stéphane Laurent a endossé le rôle de commanditaire : « Être de l’autre côté, ça permet aussi d’avoir un regard mélioratif sur la formation. J’ai cru à ce projet dès le premier jour. J’ai voulu le mettre en place parce que c’était une belle vitrine pour l’IUT, une belle occasion de montrer ce que les étudiants, dans les formations professionnalisantes que sont le DUT et la licence pro, apprennent sur le terrain. »
Laboratoire d’expérimentation, événement fédérateur, Necronomi'Con a rassemblé 82 exposants et a accueilli non pas les 2 000 visiteurs attendus, mais 5 980. Scoop qui ravira les fans et celles et ceux qui ont manqué la convention : la 2e édition, dont l’annonce officielle ne saurait tarder, réservera son lot de surprises…
- kigurumi : combinaison de déguisement d’animaux ou de personnages japonais
- Necronomicon : c'est le nom d'une œuvre fictive mentionnée par Lovecraft dans Le Molosse en 1927, et dont l’existence de l’auteur, Abdul al-Hazred (VIIIe siècle) serait elle-même un mythe
- ELLIADD : Édition, langages, littératures, informatique, arts, didactiques, discours
- cosplay : contraction des mots anglais costume et playing. C’est un loisir qui consiste à incarner un personnage de manga, de BD, de comics, dans la vraie vie et en copiant ses vêtements et accessoires, ses cheveux, son attitude, son caractère.
Contact
Plus de photos sur http://dorinemaillot.fr/portfolio/necronomicon-2018/
Stéphane Laurent
responsable de la licence professionnelle MOSEL
stephane.laurent@univ-fcomte.fr