Le site archéologique de l'oppidum de Bibracte a été identifié à la fin du XIXe siècle sur le Mont Beuvray en Bourgogne. Il est emblématique de la période d’apparition des premières agglomérations (avec des fortifications, des monuments et un système de voirie) au nord des Alpes, entre le IIe et le Ier siècle avant J.-C. Auparavant, les habitats celtiques étaient principalement ruraux et les villes restaient un phénomène méditerranéen.
Dans son récit La Guerre des Gaules, César décrit Bibracte comme la capitale des Éduens. Ce peuple qui figurait parmi les plus puissants de la Gaule indépendante occupait alors un territoire très vaste entre la Saône et la Loire et contrôlait ces deux voies de communication navigables stratégiques pour le commerce. Les élites éduennes avaient des accords diplomatiques et commerciaux avec les Romains. « D’abord alliés de César, les Éduens se sont ensuite rebellés en se joignant à la levée des troupes de Vercingétorix. Ils ont participé à la bataille d’Alésia, mais ils n’ont pas été punis. Au contraire, César a choisi de les valoriser et de s'appuyer sur eux comme fer de lance de la romanisation », raconte Philippe Barral, archéologue au laboratoire Chrono-environnement. Vers le changement d'ère, Bibracte a été abandonnée au profit d’un site créé ex nihilo à une vingtaine de kilomètres : Augustodunum, qui est devenu Autun.
Les chercheurs de nombreuses nationalités qui mènent des fouilles régulières sur le site de Bibracte depuis les années 1980 étudient le réseau de structuration de la ville : les places, la voirie, les équipements collectifs, la spécialisation des quartiers… Ils cherchent à comprendre les modalités de l’urbanisation gauloise à la fin de l’âge du fer, celle-ci étant très différente de celle des villes méditerranéenes élaborées selon des modèles romains ou grecs.