Les archives départementales ont pour rôle la conservation des documents administratifs et leur mise à disposition du public. S'ils ne paraissent pas toujours très attractifs à première vue, ces documents ont pourtant une grande valeur informative et historique, comme le montre l’exposition présentée jusqu'au 21 férvier au Gymnase-espace culturel de l’université. Celle-ci retrace l’histoire des transports dans le Doubs, à travers des archives de tous types datées du XIIe siècle à nos jours.
Ces textes officiels, titres, lettres, plans, cartes et autres extraits de registres relatent la construction et le financement des infrastructures routières et ferroviaires. Dans une vitrine, le bilan des revenus d’un péage rappelle que jusqu’à l’époque napoléonienne, l’entretien des grandes routes était financé de la sorte. Au fil du temps, ces documents traduisent le jeu des différents acteurs publics, de l’État, mais aussi le rôle des entreprises privées dans le développement des transports publics. Une grille horaire évoque le tramway mis en place par Peugeot pour ses ouvriers. On découvre le nom des petites et grandes sociétés qui exploitaient les lignes de chemin de fer avant de disparaître ou d’être englobées au sein de la SNCF dans les années 1930. Sur une carte datée de 1912 on visualise à quel point les voies ferrées étaient nombreuses dans le Doubs. La plupart de ces petites lignes ont progressivement disparu entre 1930 et 1950 au profit des transports en autocar, à l’exception de celle qui dessert Le Locle. D’ailleurs, ceux qui connaissent la société d’autocars Monts-Jura seront surpris d’apprendre que ceux-ci allaient jusqu’à Nice.
L’exposition évoque également certains aspects techniques. Les plans d’une machine triangulaire trainée par des bœufs montrent ce qui fut l'ancêtre du chasse-neige. Une photo prise en 1934 devant le collège de Pontarlier présente un bus sur rails baptisé l’Oiseau bleu, véritable innovation à l’époque.
Curiosités
Le visiteur attentif rencontrera quelques curiosités comme ce Manuel de protection de la vie humaine sur la voie publique, publié en 1905 par une association fortement hostile au développement de la voiture. Un code de la route fort peu épais édité par le ministère des Travaux publics en 1922 révèle à quel point la réglementation était succincte. Un petit ouvrage intitulé Le conducteur français, précurseur de nos actuels guides de voyage, indique le tracé des routes grâce à des cartes dépliantes, ainsi que les différents hôtels où faire étape.
Un parchemin du XIIIe siècle répertorie les dépenses de bouche de Mahaux d’Artois. Une liste prévoyant une réquisition de voitures pour un cortège, à l’occasion de la visite du premier ministre, montre quelles grandes familles étaient propriétaires d’un véhicule à Besançon en 1923.
Les archives témoignent aussi des difficultés liées aux déplacements des populations à risques, à travers les instructions du pouvoir royal relatives au transport des bagnards. Sur un parchemin du XIVe, on trouve la trace des négociations menées avec les capitaines des armées de mercenaires pour qu’ils quittent le Comté de Bourgogne pendant les périodes de trêve de la guerre de Cent Ans.
Les archivistes qui ont conçu l’exposition ont aussi présenté des documents plus récents comme une grande carte représentant les flux d’élèves dans les transports scolaires. L’ensemble est agrémenté de quelques objets d’époque (tickets, poinçonneuses…) et surtout par deux grandes maquettes réalisées par l’association de modélisme Rail miniature 25. L’une montre le tramway de Besançon qui a fonctionné jusque dans les années 1950. L’autre représente la montée du funiculaire vers la colline de Bregille. Dans le projet initial, une ligne de tramway devait y être construite.
La scénographie a été réalisée par les élèves du BTS Design d’espace du lycée Claude Nicolas Ledoux. Tous ont planché sur le sujet, mais c’est le projet de deux étudiantes, Malorie Desgranges et Margot Villain, qui a été sélectionné. Elles ont proposé un accrochage en volume des documents d’archives, de façon à créer du mouvement dans la lecture, dans un ensemble figurant le croisement de quatre voies de transport.