Les suies prises très au sérieux dans l'évolution du climat
Des chercheurs de l'institut UTINAM étudient le rôle des suies produites par les moteurs d'avion dans le réchauffement climatique. Pour analyser ces objets complexes, un groupement de recherche pluridisciplinaire a été créé en janvier.
Selon les modèles de prévision utilisés, le réchauffement climatique est estimé à l’horizon 2100 entre + 0,5°C et + 4,5°C. Une plage d’incertitude qu’il convient de réduire pour élaborer les scénarios d’évolution les plus crédibles possible. L’idée est d’intégrer des paramètres dont l’impact est a priori secondaire dans la perturbation du climat, mais qui sont importants pour affiner les grandes tendances. Les émissions de suie en font partie.
Les suies sont des objets tellement complexes que leur étude exige une approche pluridisciplinaire, de la physique à l’ingénierie, de la chimie aux sciences de l’Univers. Le GDR Suie a été créé en janvier dernier pour quatre ans afin de répondre à cette nécessité. Piloté à Besançon par Sylvain Picaud, chercheur CNRS en physique et directeur de l’institut UTINAM, ce groupe de recherche met en relation trente-cinq équipes françaises travaillant sur le sujet. « On ne dispose encore que de peu de connaissances sur la formation des suies, qui présentent presque autant de typologies qu’il existe de combustions et de carburants », explique Sylvain Picaud. Émises par des phénomènes naturels ou induits par l’activité humaine, les suies se prêtent à l’observation, à l’expérimentation et à la modélisation. Ce dernier volet, théorique, est un point fort d’UTINAM où les chercheurs s’intéressent notamment au vieillissement des particules de suie : « il s’agit de modéliser la réactivité de ces objets lorsqu’ils sont attaqués par les oxydants de l’atmosphère : les particules n’ont pas les mêmes comportements si elles viennent d’être émises ou si elles se recouvrent par exemple de glace. » Les modifications de leurs propriétés optiques et radiatives jouent ainsi potentiellement un rôle dans l’influence des suies sur le climat. La modélisation de cet aspect fait l’objet d’une collaboration étroite entre UTINAM et FEMTO-ST.
Le GDR permettra de mieux connaître les recherches menées selon différents moyens techniques au fil des années, de leur donner une vue d’ensemble et d’impulser de nouveaux travaux basés sur des rencontres fréquentes entre spécialistes de différents horizons. Les suies devenues ainsi objet d’étude à part entière devraient livrer bien des secrets à la communauté scientifique…
Article publié dans le journal En direct numéro 252 de mars 2014.
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Sylvain Picaud
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Institut UTINAM
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