L'art mis en forme
Trois étudiantes en licence professionnelles METI ont participé au montage et à l’animation d’une exposition d’art contemporain intitulée « MUTATIONS-MISE EN FORME », actuellement présentée au Gymnase-espace culturel. Celle-ci rassemble trois artistes : Pablo Siquier, Marie Voigner et Vassilis Salpisitis.
Chaque saison, le Gymnase-espace culturel de l’université consacre une partie de sa programmation à l’art contemporain et donne carte blanche à une structure spécialisée dans ce domaine. Après le FRAC en 2011, le consortium de Dijon en 2012 et l’espace Gantner en 2014, c’était au tour du 19, Centre régional d’art contemporain de Montbéliard, d’assurer le commissariat de l’exposition. Avec « MUTATIONS-MISE EN FORME », ce dernier a choisi de valoriser trois artistes à travers trois œuvres, dont deux collectives.
Pablo Siquier est un artiste argentin reconnu qui réalise des sculptures monumentales. Il a transposé sur l’un des murs du Gymnase la représentation plane d’une énorme structure métallique installée à Buenos Aires. Si la superposition de lignes et de plans évoque la confusion induite par la topographie urbaine, on peut aussi y voir une métaphore du réseau numérique.
Vassilis Salpistis, peintre d’origine grecque travaillant à Paris, et Marie Voigner, vidéaste française, proposent deux œuvres réalisées en collaboration. La première, intitulée 19 montages est inspirée de la gravure de Goethe : Chaos rocheux de Luisenbourg, qui tente d’imaginer la position initiale d’une série de roches après un éboulement. Les deux artistes se sont inspirés de ces gravures pour réaliser leurs tableaux à partir de pavés de la forêt de Fontainebleau et de formes géométriques en céramique.
Le film Un par un réalisé à Athènes en 2014 explore la notion de mythe chère à Marie Voigner. Il mêle des extraits d’entretiens menés avec des personnes issues de différents groupes de croyances aux images d’un collage de 8 mètres de long dont chaque composant a été soigneusement sélectionnées. D’autres prises de vues montrent le parc national d’Athènes où de fausses ruines ont été installées par Vassili Salptistis. L’idée est de montrer la rupture entre la Grèce antique et contemporaine, sur fond de crise économique et sociale.
Médiation culturelle
Pour le public non initié à l’art contemporain, l'appréciation de ces trois œuvres mérite une explication. C’est là qu’interviennent Manon Laigle, Lucrèce Mangeaud et Caroline Romain, trois étudiantes en licence professionnelle Métiers de l’exposition et techniques d’information (METI) qui se sont impliquées dans l’exposition dans le cadre d’un projet tutoré. Elles ont pu participer au montage de l’exposition et travailler avec les artistes pendant 5 jours. Elles ont notamment assisté Pablo Siquier pour la réalisation de son œuvre. L’artiste avait imprimé des planches correspondant à sa structure en 3D qu’elles ont décalqué au papier carbone, avant de repasser chaque trait au fusain, pour obtenir une fresque murale de 11 mètres de long. Elles ont également pu observer le travail minutieux de Marie Voignier et Vassilis Salpistis lors de l’installation des empilements de roches et de céramique.
Les échanges avec les artistes leur ont donné des clés pour la compréhension et l’interprétation de leurs œuvres. « C’était très enrichissant et cela nous a permis de nous préparer pour nos premières séances de médiation auprès du public », raconte Lucrèce Mangeard. Ensemble, elles ont élaboré des scénarios de visites pour adultes et d’animations pour enfants. « Avec les petits, on s’intéresse plutôt à la matière et aux techniques de réalisations », explique Manon Laigle. « L’idée est aussi de leur montrer qu’une œuvre peut prendre différentes formes : dessin, sculpture, vidéo… » précise Caroline Romain.
Ce projet tutoré représente pour elles une première expérience concrète avant de partir en stage dans une structure culturelle. La licence professionnelle METI est l’une des rares formations universitaires spécialisée en conservation du patrimoine qui propose l’option « art contemporain. »