La MéMO met le campus de Montbéliard au vert
L'association Maison des étudiants de Montbéliard (MéMO) se met au jardinage pour faire pousser des légumes sur le campus des Portes du Jura. Collaboratif et éducatif, ce jardin partagé est accessible à tous et se veut un lieu de reconquête de la nature, dans un esprit convivial.
L'association MéMO est très impliquée dans la vie du campus des Portes du Jura, site fréquenté par quelque 3 000 étudiants inscrits à l’université de Franche-Comté (IUT de Belfort-Montbéliard et UFR STGI), à l’UTBM ou en BTS au lycée Germaine Tillion. Et dans quelques mois, le campus s’agrandira avec l’arrivée de l'Institut de formation aux métiers de la santé (IFMS).
Créer du lien social entre les étudiants du campus est la raison d’être de l’association, née il y a dix ans. Elle organise pour cela de nombreuses activités et animations comme des soirées sportives, des sorties, des rencontres musicales où chacun apporte son instrument pour jouer avec les autres, des soirées jeux de société… La MéMO s’oriente aussi vers des actions durables, et comme il n’y a pas de petites actions en matière de sensibilisation à l’écologie, elle a mis en place depuis cette année le tri des déchets. Mais elle a voulu voir plus grand, plus frais et plus vert…
Là où la MéMO passe, les légumes poussent
L’idée de réaliser un jardin partagé sur le campus montbéliardais et « d’y ajouter un peu de verdure » mûrissait depuis quelques mois, raconte Léo Angot1, secrétaire de la MéMO. Après avoir pris conseil auprès de partenaires comme le collectif Du champ à l’assiette et les associations Les incroyables comestibles et Vergers vivants, les étudiants ont soumis leur projet, prêt à éclore, au comité de pilotage de vie du campus, à l’université de Franche-Comté et à Pays de Montbéliard Agglomération (PMA), qui l'ont validé. « Potage ton campus ! » était né. « C’est un objectif qui nous tenait à cœur, explique Thierry Arrabal, président de la MéMO². On voulait monter un projet collaboratif pour pouvoir inviter tous les étudiants du campus à partager, à découvrir ce que c’est que de faire pousser de vrais légumes, puis à les consommer. »
Les objectifs sont donc sociaux car il s’agit de tisser des liens et d’animer le campus en créant des espaces et des temps de rencontres. Ils sont également éducatifs, comme le souligne Zoé Domon², trésorière de l’association : « Le potager du campus, c’est une action de sensibilisation, d’éducation et de formation par l’apprentissage de comportements respectueux de l’environnement. On apprend aussi à gérer un projet collectif qui comprend les techniques de jardinage, de gestion et d’aménagement de l’espace, les techniques de valorisation des produits du jardin (la transformation, la cuisine, la conservation). »
Qui dit projet de potager, dit sciences et environnement : « À moyen terme, poursuit l’étudiante, le projet participera à la conservation et la valorisation de la biodiversité du site par l’accueil des "auxiliaires du jardin", c’est-à-dire les insectes et les oiseaux, mais aussi par les expérimentations et les études – techniques de culture, variétés, pédologie3, botanique, météorologie… ». Sur le plan économique, le jardin partagé vise à « la production alimentaire, la production de semences et de plantes, à l’autoconsommation, à la distribution de paniers pour les adhérents de l’association, peut-être des ventes, et pourquoi pas du troc. »
Une double symbiose pour un campus en harmonie
Pour faire pousser des légumes, il faut du soleil, de l’eau, des graines et de la terre. Mais pour faire pousser de bons et beaux légumes, c’est encore mieux de suivre la « recette » de la permaculture. « Les bacs sont cultivés de la manière la plus naturelle possible, explique Léo. Comme pour préparer des lasagnes, nous avons alterné plusieurs couches : souches en décompositions, compost grossier, paille, taille d'herbe, compost fin, terreau, pour reproduire au maximum le milieu naturel. » Le tout est disposé dans cinq bacs carrés construits à partir de cagettes de pommes recyclées.
Fin avril, la MéMO a planté ses graines sur le campus. Et grâce à un temps optimal, quelques semaines plus tard, les étudiants ont pu récolter les premiers fruits (et légumes) de leur travail. « En permaculture, le but est de faire des assortiments, c’est-à-dire de ne pas planter que du comestible mais aussi des fleurs pour attirer les abeilles pollinisatrices. » Dans le panier garni, on pourra ainsi trouver de délicieux végétaux vivant en harmonie : des courgettes et autres cucurbitacées, des tomates de plusieurs variétés et des œillets d’Inde pour les protéger des envahisseurs, des pommes de terre, de la verveine citronnelle, du persil, de la menthe, du maïs, de la moutarde, des cornichons, des salades de plusieurs variétés, des fraises, du chou, des tournesols, des radis, des carottes, des betteraves, du basilic, mais aussi des fleurs comestibles comme les capucines et la bourrache. « On n’utilise bien sûr pas de pesticide, précise Myriam, et ce ne sont que des graines et des plants biologiques. »
Thierry avoue ne pas s’y connaître beaucoup en jardinage, mais « c’était justement l’occasion de s’y mettre ». Quant à Myriam, elle ne s’y était pas vraiment intéressée avant le projet de l’association mais a désormais envie de mettre les mains dans la terre : « J’ai appris beaucoup de choses ; c’est cool de planter et de regarder pousser. » Puis « de manger ce qui aura poussé », ajoute avec gourmandise Thierry. « Dès que les courgettes seront mûres, on va les cuisiner ; des plantes aromatiques ont déjà été cueillies, des salades aussi. Les étudiants du campus peuvent venir arroser mais aussi cueillir ce qui est prêt à l’être », explique-t-il. Et en cas de grosse récolte, l’objectif sera bien sûr de concocter un bon repas partagé. « Pourquoi pas une soupe géante de potiron pour Halloween ! »
Si la première symbiose opère entre les plantes, la seconde se fait entre les hommes et les femmes qui les cultivent, car la permaculture a également pour objectif de créer du lien social, et donc de faire se rencontrer les étudiants de différentes formations et établissements du campus. « Quand le chantier a été mis en place fin avril, se souvient Léo, une dizaine de personnes étaient présentes, dont certaines ne se connaissaient pas ; ça a été un super moment d’échanges. Finalement, l’idée de permaculture, c’est de se faire plaisir, d’être dans l'échange et que la nature se débrouille toute seule, à part bien sûr les plantations et quelques arrosages. Et si on se plante, on réessaiera ! »
L'entretien du potager est assuré par l’association mais tous les étudiants du campus sont les bienvenus. La MéMO souhaite organiser des événements, par exemple des pique-niques, pour « donner envie aux étudiants de jardiner et de renouer des liens avec la nature, qui, dans notre société, est de plus en plus mise de côté. » Prochaine étape du projet : la signalétique, avec la confection de panonceaux didactiques sur la vocation du jardin et sa composition, et sur l’importance d’une alimentation saine et saisonnière. Et gare à ceux qui utiliseraient les bacs comme des cendriers géants, car ce qui va pousser ici pourrait finir dans leur assiette. Aidée par leurs partenaires et les compétences de chacun, la MéMO fait son « petit jardin », mais contrairement à celui de la chanson de Jacques Dutronc, ce sont les plantes qui repousseront (un peu) le béton.
- Léo Angot, secrétaire de l’association, vient de valider son DUT Gestion administrative et commerciale des organisations (GACO) à l’IUT de Belfort-Montbéliard et en apprentissage à Pays de Montbéliard Agglomération (PMA).
- Thierry Arrabal, président de la MéMO, est doctorant en informatique à l’UFR STGI et à l’institut FEMTO-ST.
- Zoé Domon, trésorière de l’association, est en licence Sciences et vie de la terre.
- La pédologie est l’étude scientifique des sols.
- Myriam Nouichef, chargée de communication de la MéMO, passe en 3e année de licence LEA à l’UFR STGI.