Hommage : Sarah Benchabane, une chercheuse au parcours inspirant
Femto St
Auteur 
VEJUX Cécilia

Hommage : Sarah Benchabane, une chercheuse au parcours inspirant

Pionnière mondiale dans le domaine de la phononique, Sarah Benchabane était chargée de recherche CNRS au sein du laboratoire de recherche Femto St depuis 2008. Ses activités de recherche s’orientaient majoritairement autour de l’étude de la propagation des ondes élastiques dans des micro− ou nano−structures  (cristaux phononiques et micro−et nano−résonateurs phononiques) et de leur interaction potentielle avec les ondes optiques.

Retour sur le parcours d’exception de cette chercheuse talentueuse.

Une vocation née très tôt

Plutôt littéraire, Sarah hésita à la fin du lycée entre son intérêt pour la linguistique et les sciences. Elle choisira finalement les sciences, domaine dans lequel elle aura pu s’épanouir professionnellement tout au long de sa carrière selon ses propres mots qu’elle a pu partager à l'occasion de la journée des femmes en sciences, en 2022, organisé par l’université de Franche Comté : « j'ai toujours eu un attrait pour la science et je trouvais ça dommage de m'y couper. C'est un environnement très intéressant, galvanisant, très riche… »

Une fois étudiante à l'université Jean Monnet de Saint-Etienne, Sarah s'orienta vers la physique, une discipline qui lui convint pour sa diversité : de la théorie à l’expérience. Son amour des langues toujours intact, elle décida de partir à l’étranger et de faire sa maitrise à Edimbourg en Ecosse. Là-bas, elle se spécialisa en optique et en physique du semi-conducteur. L'année suivante, satisfaite de cette expérience, elle continua son stage de DEA à Glasgow.

 

Des débuts professionnels prometteurs

Après l'obtention de son DEA spécialité Optique et Optoélectronique en 2003, Sarah intégra l'Institut FEMTO-ST pour préparer un doctorat en Sciences pour l'Ingénieur reposant sur des travaux dédiés à l'étude du guidage et du filtrage des ondes dans les cristaux phononique, doctorat qu'elle a obtenu en Décembre 2006.

En 2007, Sarah s’envola en Espagne, dans le cadre d'un contrat post-doctoral, pour travailler avec un groupe d'opto-électronique dans un institut récemment créé à Barcelone (l'ICFO).

Elle reçut ensuite ses premières propositions de travail : elle obtint à la fois un poste de chargée de recherche à l'institut FEMTO-ST et un poste de maître de conférences à Lille. Elle choisit le CNRS, pour se consacrer pleinement à la recherche, et vint travailler à Besançon en 2008, tout en poursuivant des collaborations à Barcelone. Elle jugeait chacune de ses expériences à l'étranger enrichissantes : « C'est toujours une leçon d'ouverture et d'humilité que d'aller voir comment fonctionnent d'autres laboratoires », déclarait-elle. 

Ses brillants travaux sur les cristaux phononique*, lui valurent de recevoir la médaille de Bronze du CNRS le 14 décembre 2012.
Toujours modeste sur son savoir-faire, cette récompense, elle la jugea avant tout collective et la dédia à ses collègues de travail.

Par la suite, elle orienta ses recherches vers l’étude des ondes acoustiques au niveau quantique.
En 2019, elle obtint un prestigieux financement européen (ERC Consolidator Grant) pour explorer la phononique quantique non-linéaire.

 

Une volonté de transmettre

Plus qu'une scientifique accomplie, Sarah Benchabane était une collègue très appréciée.
Les personnes qui l’ont côtoyé ont aimé sa grande humanité et ouverture d’esprit. Toujours à l’écoute et prête à prodiguer des conseils aux étudiants et à ses collègues chercheurs, elle aimait partager son expérience avec tous.

Elle aimait encourager les jeunes femmes à se lancer dans une carrière scientifique : Sarah a témoigné lors de la journée des femmes en sciences sur le fait que les jeunes générations ne devaient pas se limiter car tout est possible : « Le plus important je dirais, est de convaincre les jeunes femmes qu'elles sont tout aussi capables de faire des sciences que les hommes. Elles ne sont pas moins douées. Il n'y a pas d'inné. Par ailleurs, l'intérêt ou l'aisance que l'on peut avoir dans les disciplines littéraires peuvent s'appliquer à une carrière scientifique : il ne faut pas se censurer ! »

Ce message inspirant fait écho aujourd’hui à de nombreux étudiants et étudiantes.

 

Décédée le 11 novembre 2024, Sarah Benchabane laisse un vide immense tant sur le plan humain que pour toute la communauté scientifique.

 

 

* Un cristal phononique est une structure périodique composée de matériaux de propriétés élastiques distinctes, conçue pour modifier la propagation des ondes acoustiques.