4L Trophy : quand les étudiants jouent les nomades du désert
Julie Lafargue est étudiante en 1re année de DUT Carrières sociales à l’IUT Belfort-Montbéliard. Avec son ami de lycée Bastien Nussbaumer, étudiant à l’ESC Dijon, elle a relevé le défi du 4L Trophy : 15 jours de route, de solidarité, de découverte, et d’aventure, de l’Alsace au Maroc.
Départ le 16 février à 9 heures, retour le 1er mars à 20 heures. La 4L de Julie et Bastien date de 1988, elle est rose et couverte des noms de leurs sponsors. Les deux étudiants, eux, sont un peu plus jeunes que leur voiture : 20 ans. Pour se lancer dans le 4L Trophy, il faut s’y connaître un minimum en mécanique mais aussi avoir le goût de l’aventure, à tous les niveaux. « Le 4L Trophy, c’est l’occasion pour nous d’associer nos différentes passions avec une action humanitaire, souligne Julie. L’association Les enfants du désert est partenaire du raid depuis maintenant 10 ans. » Bastien est passionné d’automobile et de sports extrêmes, Julie de rugby et de relations sociales. « Ce qui nous motive, c’est de pouvoir monter un projet de sa genèse à sa réalisation et de pouvoir mettre en pratique les compétentes acquises dans nos formations en comptabilité, gestion, management…, poursuit la jeune femme. Monter le dossier, c’est déjà un défi car il faut trouver des sponsors. C’est également une formidable aventure humaine à laquelle on voulait participer depuis longtemps. »
Des chiffres impressionnants
Le 4L Trophy, ce sont quelque 1 200 voitures, 2 400 étudiants de toute l’Europe, 220 bénévoles et salariés, pour une aventure de 6 000 km minimum. Et même 7 000 pour l’équipage 702 (Julie et Bastien), parti de Bollwiller (Haut-Rhin), avant de rejoindre Montluçon, Angoulême, Bordeaux et Biarritz. Là, toutes les 4L avaient rendez-vous pour le pointage, les vérifications techniques et des dossiers, les consignes matérielles, logistiques et médicales. Pour rejoindre Algésiras (pointe sud de l'Espagne), où attendaient les bateaux pour le Maroc, Julie et Bastien sont passés par Salamanque et Séville. La météo n’a pas été clémente au moment de traverser la Méditerranée et il a fallu attendre un peu plus longtemps que prévu. Arrivée à Tanger le 20 février à 21 heures. L’étape suivante a conduit les équipages à Rabat pour un bivouac express sur le parking de l’université : après deux heures et demie de sommeil, il fallait reprendre la route pour 15 heures de trajet.
Une aventure humaine et solidaire inoubliable
Après des paysages à couper le souffle, comme les montagnes de Midelt, le bivouac est installé pour trois jours à Merzouga, où sont prévus les départs et les arrivées des étapes de pistes. Le 23, c’est enfin le moment attendu de la boucle : 120 km dans le sable, avec ses galères et ses détours… pas toujours volontaires. « Le 4L Trophy se parcourt avec le roadbook, une boussole et une carte, précise Julie. Pas de GPS, juste des points, des antennes et des villages pour se repérer sur la carte. En tant que copilote, je devais guider Bastien avec la carte, mais en tenant la boussole à l’extérieur de la voiture à cause des ondes radio… donc on s’est un peu perdus, sourit-elle. On a retrouvé nos amis parisiens, dont la 4L était couverte de pelouse, ainsi que des Bordelais qui nous ont suivis en pensant qu’on faisait du hors-piste, mais ce n'était pas le cas. Résultat, les trois voitures étaient enlisées dans 50 cm de sable dans une pente ! » C’est dans ces moments-là que la solidarité opère : les trois équipages se sont entraidés pour commencer à désensabler la voiture. La solidarité, ils l'ont aussi trouvée auprès des enfants d’un village tout proche et d’un Berbère qui leur sont venus en aide. « Trois voitures de l’organisation qui passaient par là par hasard sont venues mais elles se sont ensablées aussi. On s’est fait tracter et guider pour rejoindre la route. On a vraiment vécu cette journée à fond ! »
Le jeudi soir, Ouarzazate est enfin en vue. Rendez-vous y était donné le lendemain matin à tous les pilotes et copilotes car il fallait impérativement avoir passé le col de Tizi n'Tichka avant la tempête de neige annoncée pour 16 heures. « Notre 4L était l’une des premières à passer le col. On est arrivés à Marrakech vers midi et on a donc pu profiter de la ville. » Le lendemain, le 27 février, le programme est encore bien rempli avec une flânerie au souk mais surtout la visite à l’orphelinat des Enfants Dar Bouidar, association fondée par un mécène suisse. Avec les dons récoltés, Julie, Bastien et leurs nouveaux amis « trophistes » ont ainsi pu offrir des jeux et des fournitures scolaires aux enfants.
Retour aux besoins fondamentaux
Julie retient de ce rallye humaniraire la solidarité, les moments d’échange, de convivialité, comme au moment des repas : « Quand on mangeait des pâtes au pesto, c'était "the" repas, sinon c’était du thon en boîte. Peu importe la classe sociale, les études suivies. Tout le monde est sur le même plan, en jogging, baskets et sac-à-dos. Cette aventure permet d’aller au-delà des apparences. Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est le retour aux besoins fondamentaux : manger, boire, dormir. » Deux semaines pour se couper du monde et faire le vide. « J’ai arrêté de penser à la recherche de mon stage, à mes devoirs, à ce que je vais faire plus tard. On profite des gens avec qui on est, on observe, on savoure, on respire. » Une expérience qui fait également mûrir un peu car elle demande de s’ouvrir aux autres et de prendre sur soi : pas facile en effet de vivre quinze jours dans l’espace confiné d’une 4L ou d’une tente, avec une personne dont on ne partage pas forcément le quotidien. Julie est prête pour le prochain 4L Trophy, qui fêtera en 2017 son vingtième anniversaire.