Quand la valorisation du patrimoine crée du lien social
Lors de son stage de DUT, Marion Hamelin s’est emparée d’un projet à la croisée des chemins entre valorisation du patrimoine et gestion urbaine et sociale : la création d’un outil d’information qui fédère la population et qui génère de l’attractivité pour une petite commune du Nord Franche-Comté, Rougemont-le-Château.
La commune de Rougemont-le-Château, dans le Territoire de Belfort, compte moins de 2 000 habitants mais possède de nombreuses richesses patrimoniales et naturelles. Au prochain conseil municipal sera présenté le projet de Manon Hamelin, étudiante en DUT Carrières sociales option Gestion urbaine à l’IUT Belfort-Montbéliard de 2013 à 2015. L’étudiante s’était fixé comme objectif de stage de proposer un dispositif qui favorise l’attractivité de ce territoire. Sa mission a consisté à élaborer un outil d’information sur le patrimoine naturel et culturel de la commune autour de trois sentiers pédestres, le tout avec une dimension sociale. « En gestion urbaine, explique Manon Hamelin, on attend des étudiants qu’ils proposent des aménagements relatifs au développement durable, à la mobilité, ainsi que des interventions pour les jeunes. »
Les habitants au cœur du projet
Dans une démarche de démocratie participative, les nombreuses structures de la commune (associations, écoles, structures périscolaires, maison de retraite, commerces de proximité) et les habitants ont été sollicités afin de connaître leurs envies et leurs besoins par rapport à ce projet. En interrogeant la population, l’étudiante s’est rendu compte que « beaucoup de familles se promènent le dimanche mais sur la route principale ou sur des chemins qui n’ont pas forcément d’intérêt ». « Il n’y a pas de manque d’intérêt de la part de la population qui est très attachée à son territoire, poursuit-elle. C’est plutôt un manque d’information. Et c’est sur cette problématique que je souhaitais intervenir pendant mon stage. »
Le patrimoine à valoriser, qui se situe pour partie dans le massif des Vosges, associe paysage et bâti architectural. Ce dernier englobe le bâtiment de la mairie, des maisons de maîtres, l’église, la forteresse d’un château érigé au XIIe siècle2, une chapelle et la vallée de Saint-Nicolas (hameau rattaché à la commune) où l’on peut admirer un couvent.
En plus d’un affichage attractif, l’étudiante a proposé d’élaborer, pour chacun des trois sentiers, une brochure qui serait mise à disposition dans toutes les structures de la commune et du secteur. Cette plaquette comprendrait notamment un jeu de piste et des charades pour les enfants ainsi que des contenus historiques et des légendes. « Le but est d’inclure la culture dans ces balades pour lier l’utile à l’agréable », souligne la jeune femme.
Dans son travail, elle a été épaulée par Hervé Sellier, archiviste, historien et ancien enseignant de l’IUT, Bernard Noblat du Club vosgien Giromagny, et Christine Steullet, directrice de l’école élémentaire de Rougemont-le-Château.
Un projet multidimensionnel
La démarche de Manon Hamelin présente plusieurs axes. Son projet est tout d’abord culturel, car il entend donner accès à une culture et une identité communes à tous les habitants du territoire. L’étudiante a également souhaité mettre l’accent sur l’aspect social, le but étant de proposer des parcours pour différents types de publics, mais aussi de créer du lien entre les habitants, « voire un lien intergénérationnel puisque tous les publics seraient mixés ». Le projet Manon favorise en outre la mobilité puisqu’il invite à la promenade et à la découverte de la commune.
La préservation du paysage et de l’environnement était également un point important dans sa réflexion, car il lui fallait tenir compte de la réglementation1 en vigueur autour du ballon des Vosges (parc naturel régional). « Pour chaque projet d’aménagement, explique-t-elle, il faut se référer aux documents d’urbanisme pour en vérifier la viabilité : le territoire est divisé en plusieurs zones sur lesquelles on ne peut pas œuvrer de la même façon. »
Cette initiative comporte également des enjeux politiques puisqu’elle a été impulsée par la municipalité, et économiques car elle pourrait accroître l’attractivité du territoire à long terme.
Avec ce projet, Manon Hamelin espère rendre les habitants fiers de leur commune : « Rougemont-le-Château compte moins de 2 000 habitants mais bénéficie d’une grande richesse patrimoniale inexploitée et méconnue des Rougemontois. C’est dommage. J’ai envie de casser le préjugé des petits villages où l’on s’ennuie, et de montrer qu’il n’y a pas que dans les grandes villes qu’il y a de belles choses. »
- Plan local d’urbanisme (PLU), schéma de cohérence territoriale (SCoT), directives environnementales.
- Le château de Rougemont-le-Château, érigé au XIIe siècle dans le massif des Vosges, a été classé monument historique le 4 juillet 1996.
Contact
Frédéric Moulène
enseignant en sociologie, problématiques urbaines et méthodologie de recherche
frederic.moulene@univ-fcomte.fr
Département Carrières Sociales
dut-cs-belfort@univ-fcomte.fr