Conseil de l’Union européenne : les étudiants en licence pro ADIO débattent sur le mix énergétique
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Conseil de l’Union européenne : les étudiants en licence pro ADIO débattent sur le mix énergétique

Objet du mail : « projet de recommandation du Conseil relative à l’établissement d’un cadre législatif pour parvenir à la neutralité climatique dans l’Union européenne ». Si vous n’avez pas reçu ce message, c’est que vous n’êtes pas étudiants en licence pro ADIO (Attaché au développement international des organisations) à l’IUT Nord Franche-Comté ni en 3ème année de licence LEA (Langues étrangères appliquées) à l’UFR STGI.

« Le budget doit être proportionnel à la taille du pays ! » lance le ministre de la Lituanie. « Le réchauffement climatique n’attendra pas ! » répond la Suède à la France. « Agir pour l’écologie, c’est agir pour l’économie ! » proclame le Portugal. « L’électricité, oui, mais verte ! Sinon, c’est comme mettre un petit pansement sur une plaie énorme ! » encourage le ministre lituanien. Non, nous ne sommes pas dans l’hémicycle du Conseil de l’Union européenne mais bien au département Techniques de commercialisation de l’IUT Nord Franche-Comté, sur le site Marc Bloch de Belfort.

Les échanges sont animés, documentés, chiffrés, sérieux et passionnés. Avec aplomb et sens de la répartie, les étudiants-ministres d’un jour incarnent plus qu’ils ne jouent ce rôle qu’ils prennent d’autant plus à cœur qu’il est l’apothéose d’un long travail de préparation.

 

Interculturalité et négociation commerciale

L’IUT Nord Franche-Comté et l’UFR STGI, composantes de l’Université de Franche-Comté, organisent chaque année des ateliers sur l’interculturalité en partenariat avec la Maison de l’Europe en Bourgogne Franche-Comté.

« En tant que futurs professionnels du commerce international, c’est important qu’ils connaissent la situation géopolitique des pays avec lesquels ou dans lesquels ils seront amenés à travailler, explique Susanne Garabedian, responsable de la licence pro ADIO. »

La présidence française de l’Union européenne en 2022 est l’occasion de mettre en avant le Conseil de l’UE, moins connu que la Commission et le Parlement européens. La Maison de l’Europe a ainsi organisé une simulation d’une séance plénière du Conseil de l’UE avec la vingtaine d’étudiants en licence pro ADIO et en licence LEA représentant les 27 Etats-membres, un travail en groupe réduit qui permet de mieux appréhender le sujet. « C’est la possibilité de se positionner, poursuit l’enseignante, de pouvoir débattre, car la négociation, et en particulier la négociation internationale, est l’un des axes principal de leur formation : ils doivent donc pouvoir défendre la position d’un pays mais si cette position n’est pas forcément leur position personnelle.C’est une immersion intéressante et importante dans le contexte international. Ils doivent prendre en compte la perspective de l’autre pour pouvoir négocier. »

 

Conseil de l’Union européenne : les étudiants en licence pro ADIO débattent sur le mix énergétique
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Un serious game sur la neutralité carbone dans l’Union européenne

Comme l’explique Julien Pea, directeur de la Maison de l’Europe en Bourgogne Franche-Comté, la Maison de l’Europe a un rôle pédagogique et de vulgarisation sur le fonctionnement de l’UE :

« organiser des simulations du fonctionnement institutionnel permet de comprendre à la fois qu’il y a des institutions démocratiques qui reposent sur un équilibre entre le poids des différents Etats-membres et que parvenir à des prises de décision est très complexe : l’accord final est le résultat d’un processus long mêlant oppositions et débats. »

Mais le serious game organisé ne se limite pas aux débats et à la ferveur qu’ils engendrent.

Un travail préparatoire est demandé aux étudiants : recherche sur le fonctionnement des institutions européennes, familiarisation avec le contexte politico-institutionnel du pays à représenter, acquisition de connaissances sur la question du mix énergétique du pays et sur les enjeux liés au changement climatique.

« Ils doivent s’imprégner de la politique économique et énergétique du pays qu’ils représentent, souligne Julien Pea. Par exemple en se documentant sur le site Electricity maps qui donne en temps réel la production et la consommation d’électricité d’un pays. »

Les étudiants doivent aussi savoir si « leur » pays dépend du nucléaire, du gaz, s’il dépend d’autres pays dans le cas où il serait importateur d’électricité ; de quelle marge de manœuvre il dispose pour leur mix énergétique. « L’idée est de sortir de notre vision franco-française et de se mettre à la place des autres pays de l’UE. Il faut comprendre la diversité de points de vue. »

Les données à synthétiser sont nombreuses, mais le plus gros du travail est l’appropriation de leur fiche de rôle : « chaque étudiant doit comprendre ce que cela signifie, ce que cela implique d’être ministre de tel ou tel pays ; il doit comprendre ce qu’il défend par rapport au texte proposé, quelles sont ses lignes rouges, qu’est-ce qu’il pourra considérer comme un succès. »

Au-delà du contenu, ce sont aussi les procédés argumentatifs, la maîtrise de la langue française, l’expression orale, la répartie, la capacité à négocier mais aussi à faire des compromis qui doivent être approfondies pour que, le jour de la séance plénière, un travail collectif permette d’aboutir ou d’aller vers un consensus.

 

Un serious game sur la neutralité carbone dans l’Union européenne
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Le grand jour est arrivé

Après un travail de recherche et de synthèse étalé sur plusieurs semaines, le jour J arrive et le programme de la réunion du Conseil de l’Union européenne est bien rempli : allocution d’accueil par le représentant du pays assurant la présidence du Conseil (la France), échanges de vues entre les ministres sur le projet de résolution. La séance est ensuite suspendue une trentaine de minutes pour préparer les recommandations du Conseil. Le débat reprend sur les articles et les propositions d’amendements. En fin de matinée est prévue l’adoption des recommandations avec le vote sur le texte final amendé.

A la fin de la simulation, chacun reprendra son souffle et un debriefing avec tous les participants permettra de mesurer les difficultés rencontrées et le travail accompli, une simulation « de très bonne qualité » selon l’organisateur.

S’il est communément admis que les jeunes sont conscients des enjeux liés au changement climatique, ce jeu de rôle est l’un des exemples de leur capacité à appréhender cette lourde problématique et peut-être même à y répondre…

 

En savoir plus :

Electricity Maps : https://app.electricitymaps.com/map

Maison de l’Europe en Bourgogne Franche-Comté : https://www.bfc-europe.eu/ 

 

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