Quelques pas dans l’imaginaire
En exhibant des souliers tout droit sortis de contes de fées, le Gymnase-espace culturel propose une exposition pleine de clins d’œil qui mérite le coup d’œil.
La fabuleuse collection d’Aliester de Naphtalène se découvre dans une atmosphère de clair-obscur. Dans l’atelier de cet individu imaginaire censé collectionner et restaurer les chaussures de personnages légendaires, on trouve les accessoires les plus fantaisistes : des burettes pour se décoincer des situations délicates, des ciseaux à découper les coins et des bobines de fil à retordre. Conservés dans des bocaux, soigneusement étiquetés : la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, le bout du nez de Pinocchio et les chaussettes de l’archiduchesse, sèches. Le ton est donné.
En regardant les vitrines de plus près, on remarque que les papillons épinglés sont faits de pages de roman, de billets de train et de cartes géographiques. Ils évoquent les nombreux voyages au cours desquels Aliester de Naphtalène, le globe-trotter, a trouvé (et parfois dérobé) ces fameuses chaussures.
Joliment mises en lumière, les bottines de la princesse au petit pois, aux lacets légumineux, ont pris racine. Une chaussure de la femme de chambre du château de la belle au bois dormant, surmontée d’une bougie éteinte, repose, figée, dans son cadre… Suspendue dans une cage, une mule ayant appartenu à la marâtre de Cendrillon exhibe des formes abruptes qui s’achèvent sur un talon en forme de clé. Cendrillon elle-même a abandonné deux chaussures : une sandale à la semelle en balai-brosse et son escarpin, en verre brisé, d’après le bal.
Nichées sous un plateau à thé renversé perché sur un empilement de morceaux de sucres : les ballerines d’Alice. À l’intérieur se dissimulent des dessins d’enfants, dont, comme par hasard, celui d’un chat… Chaque réalisation est pleine de détails subtils et de clins d’œil. Ainsi, on ne remarque que si on y prend garde la perfusion et le manomètre fixés sur la vitrine qui renferme la palme de la petite sirène, dont les deux pieds soudés et recouverts d’écailles se fondent en une seule nageoire.
Chaque chaussure est remarquable, à la fois sur le plan de la fabrication, de l’esthétique et des idées. Pour preuve : les bottes de la belle au bois dormant, aux contreforts douillets, cousues tout en souplesse dans de la toile à matelas. Ces superbes réalisations sont l’œuvre de Gingolph Gateau, costumier, scénographe et acteur.
La collection est organisée comme dans un musée d’histoire naturelle avec, pour chaque objet, une fiche qui comporte un numéro d’inventaire et un descriptif précis. On y trouve par exemple la mesure des lacets de la chaussure de l’ogresse (2,75 mètres), dont la pointure est qualifiée d’« indéfinissable ». Les notes d’Aliester et le récit de sa découverte figurent également sur ces cartels. Les textes, à la fois drôles et poétiques, ont été coécrits avec Thomas Scotto, un auteur de littérature jeunesse.
Si, de par sa référence aux contes, cette exposition organisée conjointement par l’UFC et la MJC de Palente semble à première vue s’adresser au jeune public, les nombreux traits d’humour et références subtiles feront davantage sourire les adultes. Cette « collection fabuleuse d’Aliester de Naphtalène » est visible jusqu’au 25 mai au Gymnase-espace culturel.