Camp de terrain dans les Alpes
Philippe Goncalves
Auteur 
VEJUX Cécilia

Les étudiants en Licence « Sciences de la terre » ont participé à un camp international dans les Alpes

Pour apprendre, rien de tel que l’expérimentation sur le terrain. 12 étudiants en Licence 3ème année « Sciences de la terre » à l’université de Franche-Comté ont eu la chance de participer à un camp de terrain international en mai dernier, avec 5 étudiants de Kansas State University et  8 étudiants de l'University of Colorado Boulder et leurs encadrants.

Loin des bancs de l’amphithéâtre, les étudiants ont passé 10 jours à observer la nature lors d’un voyage itinérant. Du massif du Jura, en passant par la Chartreuse, le massif de Belledone, le bassin de bourg d'Oisans, le domaine Briançonnais et enfin le domaine Océanique dans le Queyras, l’expérience a été unique et riche d’enseignement, selon l’enseignant-chercheur Philippe Goncalves, maître de conférence en Géologie à l’UFR Sciences et Techniques de l’université de Franche-Comté, organisateur de cette sortie pédagogique. 

En effet, chaque année, les enseignants du Département de Géosciences organisent en fin de licence 3ème année un camp de cartographie géologique dans les Pyrénées orientales. Mais pour cette édition 2024, leur préférence s’est plutôt tournée vers les Alpes :
« La chaîne des Alpes permet de découvrir une diversité de roches, des paysages incroyables et d’appréhender une grande diversité de processus géologiques. En fin de licence, c’est aussi l’occasion pour nos étudiants, de faire une synthèse de trois années de formation », nous explique l’enseignant-chercheur Philippe Goncalves.

L’objectif de cette sortie est de permettre aux étudiants de réaliser une coupe géologique synthétique, depuis le Jura et les Alpes Occidentales, à travers leurs observations (panorama, affleurement, carte géologique).
Un exercice qu’ils apprennent à faire tout au long de leur formation mais qui se concrétise dans un cadre naturel hors du commun. C’est un défi de taille !
En parallèle, les étudiants ont dû observer et retranscrire ensemble plusieurs phénomènes géologiques, tout au long de leur périple. Parmi la dizaine de processus discutés, on prendra comme exemple :

  • Les évidences du raccourcissement alpin : décrire des structures géologiques qui témoignent de la collision continentale et du raccourcissement
  • les traces de l'océanisation dans les Alpes : observer les roches qui témoignent de la présence d'un océan (paléo-téthys) avant la formation de la chaîne Alpine.
  • l’évolution d'un contact tectonique majeur : discussion autour de l’évolution du front pennique ;  un chevauchement majeur dans les Alpes séparant des domaines paléogéographiques distincts, depuis sa formation, il y a 32 millions d'années, jusqu’à aujourd’hui.
Camp de terrain dans les Alpes
Philippe Goncalves

Interprétation d'un panorama montrant la limite tectonique (le front pennique) entre la plaque Européenne et le micro-continent Briançonnais.

Camp de terrain dans les Alpes
Philippe Goncalves

Carte montrant la reconstitution paléogéographique il y a 100 Ma avant la formation des Alpes.

Une collaboration internationale :

Un travail collaboratif que les étudiants français ont pu réaliser avec 13 étudiants américains qui ont fait la traversée pour l’occasion : 5 étudiants de Kansas State University et  8 étudiants de l'University of Colorado Boulder.

Cet échange a pu être organisé dans le cadre de l’accord entre l’université de Franche-comté et la Kansas State University (KSU). Créé en 2010 sous l’impulsion d’un ancien doctorant de l’uFC Brice Lacroix, qui est devenu  enseignant-chercheur à Kansas State University (KSU), cet accord permet  chaque année à des étudiants  de KSU de participer au camp de terrain en France, et aux étudiants de l’université de Franche-Comté de faire un semestre d’étude dans cette université.

« En France, il y a une diversité géologique qu’il n’y a pas au Kansas. Pour ces étudiants américains c’est l’opportunité de découvrir nos chaînes de montagnes et les différents mécanismes géologiques présents. Pour nos étudiants français ce sont de formidables moments d’échanges interculturels et l’occasion pour eux de pratiquer l’anglais. » explique l’enseignant -chercheur.

Par ailleurs, à la fin de leur périple, les étudiants ont été évalués dans un cadre grandiose, entouré par le paysage enneigé du vallon de Clausis (Saint-Véran) ; en binômes mixtes, français et américains ont préparé un exposé en anglais de 15 minutes sur un sujet de géologie tiré au sort. Un bon exercice de gestion du temps, de synthèse et de communication pour clôturer le séjour !

Camp de terrain dans les Alpes
Philippe Goncalves

Etudiants se préparant à faire un exposé sur les évidences d'océans dans les alpes occidentales.

Camp de terrain dans les Alpes
Philippe Goncalves

Salle d'examen dans le vallon de clausis !

« Nous avons la volonté d’internationaliser nos formations »

Cet exemple de collaboration entre les universités devrait perdurer.
En effet, grâce à cet accord international, des étudiants de l’UFC ont déjà réalisé un séjour d’un semestre à Kansas State University (KSU). Une étudiante du Master du département de Géosciences fera un séjour de 5 mois à KSU l’an prochain.

« Suite à cette première expérience en camps de terrain dans les Alpes, avec mon homologue Kevin Mahan, enseignant-chercheur à l'University of Colorado Boulder, nous avons la volonté de poursuivre ces échanges entre nos deux universités, car les paysages du Colorado peuvent également intéresser nos étudiants en géologie. » affirme l’enseignant-chercheur Philippe Goncalves. 

En outre, les enseignants souhaitent internationaliser de plus en plus les formations pour renforcer leur attractivité.

«Nous constatons depuis ces dernières années, que les formations universitaires en sciences de la Terre souffrent d’un manque de connaissance de la part des lycéens. Depuis la réforme du baccalauréat en 2018, les sciences de la terre sont désormais un enseignement de spécialité non-obligatoire. Les étudiants se tournent de moins en moins vers cette formation. Et pourtant, il y a beaucoup d’emplois dans ce domaine en France et même à l’international »

L’enseignant rappelle par ailleurs, qu’en Master Géoressources, géorisques, géotechnique, environ 80% des  étudiants ont déjà une proposition d’emploi le jour de leur soutenance. 

Ainsi, c’est une formation à fort potentiel d’embauche pour ceux qui aspirent à travailler dans les domaines de la géotechnique, de l'hydrogéologie et des ressources minérales, et également aux métiers de la recherche et du développement.

Camp de terrain dans les Alpes
Philippe Goncalves

Casse desserte au pied du col de l'Izoard. Les reliefs très accidentés sont constitués de cargneules (roches formées par la dissolution préférentielle de carbonates par des eaux chargées en sulfates issue de la dissolution de gypse à proximité)

Camp de terrain dans les Alpes
Philippe Goncalves

Vallon de Clausis près de Saint-Véran. Cette zone est constituée de sédiments océaniques et de fragments de croûte océanique qui ont été impliquées dans une zone de subduction (ces roches ont été enfouies à des profondeurs supérieures à 40 km et des températures de l'ordre de 500°C avant d'être exhumées)

Contact

Pour en savoir plus sur la formation :

https://www.univ-fcomte.fr/les-formations

Pour vivre une expérience d’échange à l’international :  contacter la DREIF - Direction des relations européennes, internationales et de la francophonie : dreif@univ-fcomte.fr