Dominique Angèle Vuitton, bisontine et académicienne
Professeure émérite d’immunologie clinique à l’université de Franche-Comté, Dominique A. Vuitton vient d’être nommée membre titulaire de l’Académie de médecine.
Première femme interne en chirurgie à Besançon, médecin spécialisé dans les maladies du foie et les maladies immunitaires, Finaliste du Prix UNESCO-Helena Rubinstein (aujourd’hui prix L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science), visiting professor à Stanford University … retour sur l’itinéraire d’une femme hors norme.
Son parcours
Bisontine de naissance, Dominique A. Vuitton commence ses études de médecine à la faculté de Besançon, puis les poursuit à Strasbourg. Elle devient docteure en médecine en 1974, et après une thèse en immunologie à l’université de Lille 2, elle obtient un doctorat d’état en sciences en 1985, et est nommée professeure d’Immunologie clinique à l’université de Franche-Comté en 1986. Depuis 1991, Dominique A. Vuitton travaille en collaboration permanente avec plusieurs équipes chinoises, à propos de l’échinococcose alvéolaire, une maladie parasitaire transmise par l’animal à l’homme, et qui détruit le foie. Depuis, une bonne partie de son temps de travail s’effectue en Chine, y compris après sa retraite officielle de l’université. De 2000 à 2002, elle a été vice-présidente du conseil scientifique de l’université de Franche-Comté. Par la suite, Dominique A. Vuitton a participé au projet PATURE, lancé en 2003 à l’échelle européenne, pour observer les enfants de divers pays, et définir l’impact de leur environnement sur leur santé, notamment en matière d’allergies.
Dominique A. Vuitton n’a jamais cessé d’enseigner dans le secteur universitaire. Depuis 2004 elle est retraitée mais continue son activité, à un rythme plus modéré.
Sa titularisation
Membre correspondant de l’Académie de médecine depuis 2017, elle vient d’être élue membre titulaire, 10e femme titulaire (sur 135 élus) et 2e bisontine de l’Académie avec le Professeur Georges Mantion. Elle y fait partie de la section Médecine et Société où elle peut mettre à la disposition de l'Académie sa triple compétence en chirurgie, biologie et médecine.
Dominique A. Vuitton justifie cette titularisation par ce souci universitaire présent chez elle depuis toujours, et par sa reconnaissance internationale dans ses domaines d’expertise. Elle est l’auteure de plus de 400 publications scientifiques, et a développé au fil des années un réseau considérable, qui l’a menée jusqu’à l’Académie aujourd’hui.
En plus de ses spécialités, elle a à cœur de mettre les choses en perspective dans la société régionale en rendant la science plus accessible au public. Elle s’est intéressée à la vaccination et à la prévention des maladies bien avant la crise sanitaire du covid-19. En 1995, elle travaillait déjà en collaboration avec la ville de Besançon : avec la direction Hygiène Santé de la ville et des médecins et chercheurs travaillant dans de nombreux domaines, elle a mis en place le Conseil Local d'Appui en Santé Publique, à l'origine d'un forum d'information sur la pandémie, mais aussi d'une réflexion sur d'autres aspects de la santé sur le territoire.
Son message aux femmes
Il y a de plus en plus de femmes qui veulent devenir médecin, mais elles se dirigent rarement vers la recherche et une carrière universitaire, cela leur semble difficilement compatible avec une vie de famille, mais c’est pourtant faisable !
Pour la citer : « Aujourd’hui encore il faut que les femmes aient plus d’énergie et de qualités que leurs collègues masculins, pour qu’elles puissent passer le plafond de verre qui les mènera jusqu’à une carrière hospitalo-universitaire »
« Je suis l’exemple même de ce qui peut être fait sans pour autant que cela soit au détriment de ma vie familiale : mes enfants et petits-enfants sont épanouis, et j’ai même une fille professeure de gastro-entérologie dans notre université, et une petite fille qui s’est lancée dans la médecine, c’est que je ne les ai pas dégoûtées de ce beau métier ».
