Linguistique et science de la littérature

Séminaire du pôle DTEPS (Discours, Texte, Espace Public, Société), du laboratoire ELLIADD

Linguistique et science de la littérature
La tradition grammaticale n’a pas cherché à décrire la littérature. Toutefois, depuis la formation de la linguistique voici deux siècles, science du langage et science de la littérature voisinent au sein des sciences de la culture. Cela a été occulté par les grammaires formelles et le cognitivisme orthodoxe. Développant la méthode comparatiste, le structuralisme a cependant permis un progrès théorique exploité par la sémiotique des cultures. Au-delà de la linguistique des textes, il reste à concevoir et à faire admettre une linguistique des œuvres (ou opératique). La linguistique et les études littéraires ont en effet beaucoup à apprendre dans leurs interactions.
Au croisement de la linguistique et de la théorie littéraire, nous retrouvons ici la question : à quelle condition un texte devient-il une œuvre ? Cela dépend du caractère qui le rend singulier, irremplaçable, et lui permet ainsi d’ouvrir la tradition interprétative qui peut l’ériger en classique.
S’il est déjà difficile de faire admettre une linguistique des textes, qu’en serait-il pour une linguistique des œuvres ? Partie de la linguistique historique et comparée, elle n’aurait pas vocation à se constituer en discipline autonome, mais pourrait toutefois revêtir pour la littérature une fonction analogue à celle de la musicologie pour la musique. Sans prétendre établir un agenda, il semble qu’elle puisse, pour répondre aux exigences de l’étude de la littérature, explorer diverses directions complémentaires qui excèdent l’état de l’art des théories grammaticales étendues comme la pragmatique et l’analyse du discours.