Un coup de foudre il y a 45 ans pour l'électrotechnique
En 1973, François Hoffmann et Gérard Mougin, deux jeunes hommes de la région de Belfort, obtiennent leur DUT Génie électrique et informatique industrielle (GEII) à l’IUT de Belfort-Montbéliard avant d’entamer de brillantes carrières. Rencontre avec deux anciens qui ont gardé le contact depuis leur formation.
1971. Bac électrotechnique (F3) en poche, obtenu au lycée technique Follereau de Belfort, Gérard Mougin et François Hoffmann font partie de la quatrième promo du DUT GEII de Belfort. Le génie électrique pour François Hoffmann, c’était « un choix évident, d’autant que je voulais faire des études courtes ; et le DUT GEII était une voie nouvelle, l’IUT était porteur. La proximité géographique a aussi été un argument important ». Gérard Mougin explique qu’« il y avait le choix entre DUT et BTS, mais il y avait plus d’autonomie à l’université : je me plaisais beaucoup à l’IUT ».
Un DUT GEII et une carrière à l’international
Après l’obtention du diplôme et un an de service militaire, François Hoffmann intègre le monde professionnel grâce aux contacts qu’il avait noués pendant son stage de 2e année. Il est embauché comme électricien d’usine, dans le dépannage de machines électriques. Un an plus tard, il entre chez EDF (maintenance des postes électriques de transformation) et passe contremaître au bout de trois ans : « toujours de la technique mais aussi du management ». Il gère désormais les dépannages sur la moitié de la Franche-Comté, mais aussi les équipes télécoms et les courants faibles (radios, téléphones, téléconduites…). « Pour évoluer, la mobilité était déjà indispensable », poursuit l’ancien étudiant qui a quitté Montbéliard pour Besançon. Le contact avec l’IUT est maintenu car il embauche des jeunes diplômés et les soutenances de stage se font aux côtés de ses anciens profs, MM. Voynet et Barvidat. Il postule ensuite sur un emploi d’ingénieur exploitation qu’il occupera pendant quinze ans. Son rôle sera d'encadrer les équipes d’entretien, de gérer les accès internes et externes dans les grands postes électriques et de former à conduire le réseau électrique sur ces postes.
Des missions particulières ont amené François Hoffmann à s’intéresser dès les années 1980 aux énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire, et à parcourir le monde : « EDF proposait des activités à l’international, notamment en Afrique subsaharienne (Rwanda, Burkina Faso, Mali), dans le cadre de l’électrification de villages – installation de panneaux solaires ou de petits groupes diesel, mais aussi l’eau et le téléphone – ou la modernisation électrique de villes. » Pendant environ quatre ans, François Hoffmann mène ainsi ses missions de quelques semaines en Afrique tout en gardant son poste d’ingénieur exploitation : « Ça a été une chance extraordinaire ; on peut faire beaucoup de choses avec un DUT ». Au début des années 2000, nouvelle évolution de carrière, dans un secteur lui-même en pleine mutation : il devient responsable des équipes de comptage de Montbéliard, Besançon et Mulhouse, puis travaille sur les mesures d’ondes électromagnétiques.
Se renouveler constamment
Gérard Mougin a, quant à lui, commencé sa carrière à la toute neuve Compagnie européenne des turbines à gaz (CETAG) à Bourogne, près de Belfort, dans la maintenance des machines-outils : « C’était les premières machines à commande numérique – très complexes mais ce qu’il y avait de plus performant à l’époque et j’étais tout seul à faire ça. Je devais réussir, je n’avais pas le choix. Je n’avais pas beaucoup d’expérience, mais de bonnes connaissances pratiques grâce au DUT. » Pendant quinze ans, il gravit les échelons et passe de technicien électronicien à responsable électrique. Dans les années 1990, avec l’essor du marché des turbines à gaz, l’usine, alors sous le pavillon d’Alstom, s’agrandit; ses équipes aussi. Gérard Mougin devient responsable maintenance. « Il fallait passer d’une maintenance corrective à une maintenance prédictive. Il y avait tout à créer, revoir l’organisation, embaucher et développer le réseau de sous-traitance », se souvient-il.
En retraçant sa carrière, Gérard Mougin repense aussi au stress et au rythme de travail soutenu qui accompagnaient ses responsabilités. « C’était compliqué, mais c’était passionnant. Et la maîtrise technique apportant la notoriété, il y avait des possibilités d’évolution. » La formation était constante pour accompagner les développements technologiques, notamment l’arrivée des microprocesseurs, la mise en conformité des machines devenue une priorité, l’informatisation de la maintenance1. « Il fallait que je me recycle en permanence, témoigne-t-il. Et pour devenir responsable, je devais passer cadre, donc suivre une formation d’une semaine par mois pendant 18 mois en management, en gestion financière, en communication… Ça se terminait par un mémoire sur la maintenance conditionnelle. » Dans les années 2000, Alstom vend sa branche des turbines à gaz à General Electric. La carrière de Gérard Mougin suit alors les changements de l’entreprise : il évolue dans le domaine des investissements, pour lequel il crée des outils (cahiers des charges…).
Un bon souvenir de l’IUT
L’heure de la retraite a sonné en 2008 pour François Hoffmann, deux ans plus tard pour Gérard Mougin. En 2017-2018, les 50 ans de l’IUT de Belfort-Montbéliard, et donc du département GEII qui a été l’un des deux premiers départements de formation à ouvrir, sont l’occasion de retrouvailles pour les anciens étudiants et membres de l’équipe pédagogique, et de rencontres avec les nouveaux. Avec cet anniversaire, les souvenirs refont surface. François Hoffman se souvient que le travail en binôme pour les TD et les TP avec la même personne tout au long de l’année était très appréciable. « On avait des profs qui étaient des sommités, comme M. Clad en physique et électronique fondamentales, M. Pham-Huu-Phut en électronique et M. Labrune en mécanique. La période de stage en entreprise était aussi un gros avantage », commente-t-il. Les anecdotes aussi sont au rendez-vous. Gérard Mougin se rappelle nettement du premier jour en amphi – une journée d'intégration avec une ambiance bon enfant et des chansons paillardes. Pour son copain de promo, l'anecdote la plus marquante reste la fête de fin d’année avec trois orchestres, ouverte à tous les étudiants de Belfort. Il se rappelle aussi les repas au Crous, où l’on mangeait pour 2 francs seulement. « Bref, ça fait plaisir de revenir, on garde vraiment un bon souvenir de l’IUT. »
Des conseils pour les jeunes générations ? François Hoffmann souligne que « la mobilité est un atout majeur : même si ça peut apparaître comme une contrainte, c’est une grande richesse. » Quant à Gérard Mougin, il conseille de « ne pas avoir peur de s’impliquer, de ne pas se décourager, d’être patient, car ça finit par payer». « Un patron qui embauche un jeune qui a un DUT veut insuffler du sang neuf ! », conclut François Hoffman.
- Gestion de la maintenance assistée par ordinateur (GMAO).