La salle du petit Kursaal, avec un chercheur qui présente ses travaux et un public à l'écoute.
Juliette Fumey
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Juliette Fumey

Une centaine de chercheurs, médecins, doctorants réunis pour ÉpiBesançon, le 6ème congrès international de l’épigénétique et cancer

Les 10 et 11 mai s’est tenu « ÉpiBesançon », le 6ème Congrès international d’épigénétique et cancer. Pour la première fois à Besançon, des chercheurs, doctorants et médecins du monde entier se sont réunis au Kursaal pour présenter leurs travaux et échanger autour de l’épigénétique.

Après une édition à distance l’année dernière, une centaine de personnes se sont retrouvées pour la première fois à Besançon pour le 6ème Congrès international d’épigénétique et cancer. Parmi eux, 14 chercheurs dont 8 français ont été invités à présenter leurs travaux.

Mais alors qu’est-ce que l’épigénétique ?

L’épigénétique est l’étude des changements d’expression des gènes, sans modification de la séquence ADN. Pour simplifier, toutes les cellules ont un génome identique, mais certains gènes sont exprimés et d’autres non. Cela dépend de l’environnement cellulaire mais aussi de l’environnement extérieur. C’est-à-dire que chez deux personnes qui ont le même patrimoine génétique à l’origine, les caractères des individus vont évoluer différemment selon le lieu de vie et les conditions environnementales par exemple, l’hygiène de vie, ou encore le bien-être.

Mettre la lumière sur la plateforme d’épigénétique de l’université

Ce congrès était attendu de pied ferme par Paul Peixoto et Eric Hervouet, enseignants-chercheurs en épigénétique : « Cela fait deux ans qu’on travaille à ce congrès et deux ans qu’on doit annuler. Là c’est enfin possible ». L’enseignant-chercheur travaille au sein de la plateforme EPIGENExp de l’université, qui compose l’Unité mixte de recherche 1098 (UMR1098). 

Si d’habitude l’évènement est organisé dans l’ouest de la France par le Cancéropôle Grand Ouest, cette année c’est Besançon qui a été capitale de l’épigénétique pendant deux jours. « C’était l’occasion de mettre la lumière sur notre plateforme d’épigénétique créée en 2017 par Eric Hervouet enseignant-chercheur », explique Paul Peixoto. Dans le cas d’un cancer, l’épigénétique va par exemple permettre de comprendre pourquoi les cellules vont gagner des capacités de migration, et donc comment le corps va développer des métastases. « Besançon est connue pour son équipe d’immunologie, et nous-mêmes sommes aussi en lien avec elle puisque l’épigénétique est impliquée dans le système immunitaire » poursuit Paul Peixoto. L’épigénétique peut avoir un rôle sur l’immunologie.

Rapprocher les gens et les savoir-faire

Le congrès a rassemblé une centaine de participants, un choix de l’organisation. « On aurait pu accueillir plus de monde, mais on a préféré limiter, explique Paul Peixoto. On a souhaité favoriser l’échange et la collaboration pour rapprocher les gens et les savoir-faire ».

Et rapprocher aussi les étudiants de ce monde scientifique. Pour la première fois, ce congrès a été ouvert à une quinzaine d’étudiants, en master 1 et master 2 des universités de Franche-Comté et de Bourgogne grâce à un partenariat avec la graduate school INTHERAPI-BFC, mais aussi des étudiants doctorants avec la participation de l’école doctorale environnements-santé.

3 questions à :

Pierre François Cartron, Coordinateur de Réseau Epigénétique du Cancéropôle Grand-Ouest et responsable scientifique du congrès

-       L’épigénétique a-t-elle un rôle majeur à jouer dans les prochaines années ?

C’est un domaine est en émergence depuis quelques années. Ce qui a fait son succès, c’est que contrairement aux mutations génétiques dans le cancer, les modifications épigénétiques peuvent être réversibles. C’est ce caractère qui a attiré l’industrie pharmaceutique car qui dit phénomène réversible dit "droguable", pouvant être ciblé par des médicaments, avec l’espérance de revenir à la situation normale. C’est aussi sujet à la mode, parce que  beaucoup d’études actuelles analysent l’impact de notre environnement sur l’épigénétique (le stress, l’exposition aux polluants, aux ondes, mais aussi notre pratique du sport, notre alimentation, etc.

-    Quelles sont les suites d’un congrès comme celui-ci ?

Ce congrès nous permet d’exposer nos travaux, d’induire des collaborations entre nous, entre laboratoires et chercheur, pour prolonger nos études avec la spécificité et le savoir faire d’un collègue. C’est aussi relativement important pour les étudiants en thèse car c’est la qu’ils peuvent prendre des contacts pour leurs recherches post doctorales. Ça permet d’échanger avec des chercheurs étrangers et d’envisager un stage post-doctorat. Et pour nous aussi, puisque quand on a des bourses pour des thésards, on en profite pour les partager. 

-     Ce congrès a aussi été ouvert à des étudiants non doctorant. Qu'est-ce qu'un congrès comme celui-ci peut leur apporter ?

     Même s’il faut certain bagage scientifique, c’est très important de découvrir l’épigénétique, avec des discussions très différentes. Ici les étudiants assistent à des discussions fondamentales, mais ils découvrent aussi tout l’aspect technologique avec les nouveaux outils pour analyser, et comment créer de nouveaux médicaments. C’est quelquechose qu’ils ne verraient pas dans leur cursus classique, c’est une chance.