Un défi artistique pour une jeune compagnie

Synopsis : Henri et Georges intègrent une entreprise dans l’idée d’économiser afin d’ouvrir une animalerie. Mais l’attitude et les maladresses d’Henri vont compromettre leur projet, et Georges va être contraint d’agir. Projeté au Petit Théâtre de la Bouloie le 12 mai, le moyen métrage Les Robustes a été réalisé par Le Théâtre affamé. Cette compagnie étudiante a vu le jour en 2012 au sein de la licence Arts du spectacle, à l’initiative de Jay, comédienne professionnelle alors en reprise d’étude à l’université et présidente actuelle de la compagnie. « L’objectif du Théâtre affamé est de soutenir la recherche artistique étudiante à travers des projets, explique-t-elle. On donne des conseils aux étudiants, on les fait profiter de notre carnet d’adresses… On ne souhaite pas en faire une compagnie professionnelle. Elle a un rôle de tremplin pour les étudiants. » En trois ans, plusieurs spectacles ont vu le jour, dont Étéocle et Polynice, une pièce écrite et mise en scène par un étudiant, présentée lors du dernier Festival de la Bouloie.

Une peinture du monde du travail

La compagnie se veut un laboratoire, un lieu d’expérimentation pour les étudiants en arts du spectacle. C’est dans cet esprit qu’Aurélien Deque, réalisateur et scénariste des Robustes, a pensé son film. Étudiant en 3^e année d’Arts du spectacle, le jeune homme avait déjà collaboré sur une création théâtrale de la compagnie et réalisé des courts métrages en parallèle de ses études. C’est en travaillant dans un supermarché durant l’été 2013 que le désir de faire ce film est apparu : « J’ai eu envie de décrire le monde du travail, de montrer ce que j’ai vécu », raconte le jeune homme. Après avoir songé à réaliser un documentaire, il se dirige finalement vers la fiction, s’inspirant de romans dont Des souris et des hommes de John Steinbeck et Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq. Plusieurs étudiants de la filière ont rejoint le projet en tant qu’acteurs ou techniciens. Dans l’esprit de recherche théâtrale qui fait la singularité de la compagnie, Aurélien Deque a confié le rôle de Georges à une comédienne, Jay : « Il fallait que les personnages principaux soient deux hommes. C’était l’occasion de tenter quelque chose, de voir quel impact ça pouvait avoir de choisir une femme pour un rôle masculin. »

La technique au service de l’interprétation

Le jeune réalisateur a choisi de se concentrer sur la complexité des personnages, leurs motivations, leurs émotions et leurs pulsions. Avant de débuter le tournage, les comédiens ont répété durant trois mois afin de tester des pistes de jeu, de s’accorder entre acteurs, mais aussi de « trouver un mariage entre l'aspect scénique et l'aspect cinématographique ». « On a voulu que le film s’adapte aux acteurs et non pas l’inverse, précise Aurélien Deque. Je considère que la technique doit se faire oublier, qu'elle doit être au service du texte et de l’interprétation. ». Le tournage a eu lieu en mars 2014 autour de Besançon, en extérieur et dans une entreprise qui a accepté de prêter ses locaux. La technique, comme la prise de son et la lumière, a été assurée par des étudiants qui n’avaient pour la plupart pas d’expérience dans ce domaine. « Pour tous, ce projet avait une dimension initiatique », témoigne le jeune réalisateur. Il s'est ensuite attaqué au montage, puis Les Robustes a été montré  pour la première fois en juillet 2014. Le film projeté au Petit Théâtre de la Bouloie sera légèrement différent de la version initiale, car des modifications ont été apportées par le réalisateur : « Je me nourris de l’avis du public pour retoucher le montage, en ce qui concerne le rythme par exemple. C’est un film évolutif ; cela rejoint l’esprit du Théâtre affamé. »