équipe projet CARLA
BRYAN RABINOVITCH
Auteur 
Juliette Fumey

L’université et le projet CARLA créent une start-up pour développer un biomédicament unique contre la leucémie pDC

Une lueur d'espoir pour les patients atteints de la leucémie agressive pDC se dessine grâce à un projet novateur porté par l'UMR Right 1098 et le CHU de Besançon. Le projet CARLA vise à révolutionner le traitement de cette forme rare de leucémie. À l'avant-garde de cette quête, le biomédicament unique CAR123 suscite des espoirs, amorçant une nouvelle ère thérapeutique. Soutenu par l'uFC avec un brevet déposé en 2023 et une start-up créée à la suite, le projet CARLA cherche des investissements indispensables.

Porté par l’UMR Right 1098 (uFC-UBFC-EFS BFC- Inserm) et le CHU de Besançon, le projet CARLA vise à améliorer le traitement des personnes souffrant de « leucémie pDC », une leucémie agressive au pronostic particulièrement mauvais qui touche en France 30 à 50 personnes chaque année.

L’équipe de recherche pilotée par le Pr Francine Garnache, pharmacien biologiste chercheuse à l’UMR 1098, travaille depuis 2015 sur le CAR123, un biomédicament unique d’avenir. 

Des années de recherche

 

Véritable révolution dans le traitement des cancers du sang, les CAR-T-cells représentent un espoir de guérison immense pour de nombreux patients atteints de cancer du sang. Ces CAR-T (chimeric antigen receptor T cells) sont des biomédicaments ou « cellules médicaments ».

 

« Notre système immunitaire est ultrapuissant, il élimine de lui-même les cellules cancéreuses, mais il arrive qu’il défaille, résume Francine Garnache. Nous devons alors l’améliorer avec des CAR-T. »

 

Le principe est de traiter le patient en améliorant ses propres lymphocytes (ce qu’on pourrait appeler familièrement des tueurs de cellules tumorales).

On prélève au patient des lymphocytes et on les modifie génétiquement en leur ajoutant un nouveau récepteur. Ce nouveau récepteur va permettre de mieux reconnaitre la cible (en l’occurrence les cellules tumorales), ce qui va activer la cellule et son effet : cet ensemble est un CAR-T.  Puis ces lymphocytes boostés sont réinjectés au patient et pourront tuer les cellules tumorales et idéalement guérir le patient.

 

Identifier la mauvaise cellule pour trouver le bon CAR-T 

Pour traiter les patients atteints de cette leucémie pDC, les CART-T peuvent être une vraie solution, à condition qu'elles soient adaptées. En effet, il existe plusieurs types de leucémie qui expriment des molécules différentes.

 

« Pour bien traiter, il faut bien diagnostiquer la leucémie pDC » affirme Francine Garnache. Il a donc fallu trouver la molécule « identité » de cette leucémie pDC. « Sur tous les patients atteints de leucémie pDC, on retrouvait un marqueur commun : la molécule CD123, alors que celle-ci est très peu exprimée dans les cellules de l’organisme, raconte la responsable du projet. Il faisait sens de trouver un médicament qui cible cette molécule ». La recherche s’est donc portée sur cette molécule CD123.

 

Un développement à quelques mètres du CHU

 

L’équipe du projet CARLA réalisera le développement du CAR grâce à l’Établissement Français du Sang. Cela a l’avantage de produire les CAR-T a quelques mètres de leur lieu d’injection, au CHU de Besançon en quelques jours. Tous les patients atteints de cette pathologie pourraient être traités à Besançon dans un premier temps. « Besançon pourrait être la première ville où sont développés des CAR-T académiques issus des équipes de recherche. Cela ferait sens dans cette ville, en pointe dans le développement de la filière biomédicament » se réjouit Francine Garnache.

 

" On a tout pour faire " 

 

« Il est actuellement possible de développer des CAR-T à Besançon, on a tout pour faire mais à très petite échelle. Il faut désormais adapter le process de recherche à un process clinique » ce qui nécessite une adaptation est longue et surtout très coûteuse. Contrôles, dossiers scientifiques, essais cliniques… nécessite un investissement d’environ 5 millions d’euros. L’uFC a accompagné le projet CARLA en déposant en 2019 un brevet qui a été licencié à la start-up CARLA Biotherapeutics crée en 2023 pour accompagner le développement clinique du projet.

 

Un modèle pour d’autres recherches

 « Nous avons un très bon modèle de recherche que nous pourrons appliquer à d’autres projets, se réjouit le professeur Francine Garnache. D’autres leucémies expriment cette molécule CD123, la recherche pourrait donc s’ouvrir à d’autres pathologies, y compris en dehors du cancer. Mais plus largement c’est le modèle d’accompagnement de l’uFC vis-à-vis de ce projet qui est à souligner et je les remercie pour cela."

 

C'est naturellement que l'université de Franche-Comté, université d'excellence et de valeurs, a manifesté son soutien à ce projet inédit et prometteur. Nous sommes fiers de pouvoir être le témoin privilégié d'une avancée majeure dans le traitement des patients atteints de cancer.

Macha Woronoff, Présidente de l'université de Franche-Comté

 

macha Woronoff
direction de la communication