L’identité de Volker Schlöndorff
Le célèbre réalisateur allemand était invité le 17 janvier à l’UFR SLHS pour y donner une conférence sur le thème de l’identité. Il s’est prêté à l’exercice avec humour, sur le mode du récit autobiographique.
Connu en particulier pour son film « Le tambour » qui lui a valu la palme d’or au festival de Cannes en 1979, Volker Schlöndorff est considéré comme l’un des grands représentants du nouveau cinéma allemand de l’époque. Dès le début de la conférence qu’il donnait à l’UFR SLHS, il s’est rebellé contre ces deux étiquettes : « Ces identités, je ne suis pas né avec… Quand on naît, on n’est personne et ce n’est que peu à peu qu’on devient quelqu’un. »
Cet homme, qui s’exprime dans un français parfait, a raconté son parcours à grands renforts d’anecdotes. Enfant à la fin de la guerre, il embrasse volontiers la culture apportée par les soldats américains : « J’ai trahi sans scrupule toutes les valeurs de mon identité naturelle pour me ranger du côté des vainqueurs. Ils étaient nos alliés, puisqu’ils avaient battu nos parents ! » ironise-t-il. De cette rencontre naîtra une passion quasi-obsessionnelle pour la littérature, puis pour le cinéma, qui seront à l’origine de ses choix de scénarios ultérieurs, toujours liés à l’adaptation d’ouvrages.
Comme son père refuse qu’il abandonne le lycée au profit d’un travail dans le cinéma, il se porte volontaire pour un séjour linguistique de deux mois en France et se retrouve pensionnaire dans un collège jésuite dans le Morbihan. Là, l’un des pères passionné de théâtre lui fait découvrir la mise en scène. Toujours prompt à abandonner son identité allemande, Volker Schlöndorff reste finalement en France plusieurs années « Plus je faisais des efforts pour paraître français, plus on me faisait remarquer que mes réactions ou ma façon d’être étaient particulièrement allemands ! » raconte-t-il.
C’est paradoxalement grâce au prix de philosophie qu’il remporte au concours général qu’il fait les rencontres qui lui ouvriront les portes du cinéma. Il devient l’assistant de Louis Malle, de Jean-Pierre Melville, d’Alain Resnais… « Quand j’ai voulu passer à la réalisation, on m’a dit que les metteurs en scène français étaient bien assez nombreux et que je devais rentrer chez moi pour en ramener un film allemand. Mais après 7 années passés en France, je ne savais pas grand-chose de ce que le pays était devenu ! » raconte-t-il. C’est ainsi qu’il réalise en 1966 : « Les désarrois de l’élève Törless », fable annonciatrice du nazisme qui marque le début d’une liste de 22 films.
Son prochain long métrage, « la mer à l’aube » sortira bientôt sur les écrans. Cette visite de Volker Schlöndorff à Besançon, organisée par le département d’Allemand de l’UFR SLHS, s’inscrivait dans le cadre d’une rétrospective sur le cinéma Allemand organisée par l’Espace cinéma.