Ingénieurs : cap sur l'international
Parce qu’ils seront pour la plupart concernés par cette dimension dans l’exercice de leur métier, les futurs ingénieurs sont de plus en plus encouragés à faire l’expérience de l’international dès leurs études. Certains établissements commencent même à pleinement l’intégrer aux cursus qu’ils proposent, rendant un séjour à l’étranger obligatoire au même titre qu’un module d’enseignement. Les règles ne sont pas tout à fait les mêmes selon qu’il s’agit d’élèves en formation initiale ou en apprentissage, et divergent d’une structure à l’autre. À l’ENSMM, à l’UTBM ou à l’ISIFC, l’attention est dans tous les cas dirigée vers l’intérêt de l’étudiant voyageur, et le cas échéant, vers celui de l’entreprise aussi.
Déjà très favorables à l’ouverture à l’international, les écoles d’ingénieurs et universités de technologie sont encouragées dans cette voie par la Commission des titres d’ingénieurs (CTI), qui recommande d’orienter les étudiants vers des séjours à l’étranger au cours de leur formation. L’ENSMM et l’UTBM ont décidé d’aller plus loin encore, en inscrivant ledit séjour comme un passage obligé du cursus. L’ISIFC quant à lui en reste pour l’instant au stade de l’incitation ; à noter que 80 % des élèves de l’école d’ingénieurs de l’université de Franche-Comté prennent tous les ans un billet pour un stage à l’étranger.
À l’ENSMM comme à l’UTBM, ce sont 50 à 60 % des effectifs qui sont chaque année volontaires. « Les étudiants sont de plus en plus conscients de l’importance de partir », souligne Heather Cooper, directrice des Relations internationales à l’UTBM. Et pour aider les réfractaires à prendre les nouvelles dispositions en faveur de la mobilité dans le sens d’un enrichissement plutôt que d’une contrainte, l’établissement martèle ses arguments à coups de campagnes d’information bien tournées. « Outre les progrès linguistiques évidents, s’immerger dans une autre culture, apprendre à communiquer en tenant compte d’autres références que les siennes, s’adapter à un nouvel environnement, sont autant de bons points pour acquérir de la maturité et de l’ouverture d’esprit. » À l’ENSMM, on ne dit pas autre chose et Anne Bonnie, chargée de la coopération internationale, ajoute que « l’expérience aidera les étudiants à se positionner vis-à-vis de leur carrière future : découverte de possibilités insoupçonnées, engouement pour un pays et une culture, ou au contraire désenchantement, chacun pourra mettre à profit ce vécu pour envisager ou pas son avenir sous l’angle de l’international. »
Des formules souples, et des aménagements pour les apprentis
Stages en entreprise, suivi d’une partie du cursus dans une autre école ou une autre université, et même activités de vacances, les formules proposées sont variées pour s’adapter le mieux possible au projet professionnel et aux contraintes des étudiants. « Les stages en entreprise ou en milieu hospitalier, également possibles à l’étranger, se déroulent le plus souvent sur trois ou quatre mois, parfois davantage, et en général en cours de troisième année », témoigne Vincent Armbruster, directeur de l’ISIFC. Si les séjours de six mois sont également courants à l’UTBM et à l’ENSMM, l’obligation de mobilité ne porte, elle, que sur douze semaines, que les étudiants peuvent répartir de manière assez souple au cours des trois années de leur cursus, avec des aménagements particuliers pour les apprentis. Il est possible de cumuler plusieurs séjours jusqu’à obtenir les trois mois requis : à l’ENSMM, le minimum pour chaque séjour est fixé à une semaine pour les apprentis, contre deux semaines pour les autres étudiants ; à l’UTBM, la possibilité de cumul est essentiellement offerte aux apprentis, avec une période minimale de deux semaines consécutives. Il n’y a à ce jour pas de contrainte de cumul pour les étudiants UTBM car la quasi-totalité des mobilités sont réalisées sur un semestre complet.
Faciliter la démarche aux entreprises
Intégrer la mobilité au planning de leur apprenti peut déconcerter voire rebuter les entreprises, aussi les établissements ont décidé de mettre en place des dispositifs à leur intention. Avec l’appui des CFAI1, ils les aideront à monter les dossiers et à régler les aspects d’ordre administratif et juridique, comme les problèmes d’assurance, de salaire, de rapatriement... « Nous les accompagnons aussi pour qu’ils trouvent la solution mobilité qui leur conviendra le mieux, souligne Anne Bonnie. Les responsables d’entreprise prennent d’ailleurs conscience de leurs propres ressources en ce domaine ; tous ont un réseau de clients, de fournisseurs, de sous-traitants susceptibles d’accueillir leur apprenti. »
David Bouquain, responsable des relations avec l’entreprise à l’UTBM, veut également valoriser auprès d’eux le bénéfice d’une telle démarche. « Qu’une entreprise envoie son apprenti dans une filiale ou un bureau à l’étranger, lui confie une mission ponctuelle à l’international ou lui fasse effectuer un stage dans une entreprise implantée dans un autre pays, elle aura toujours un savoir-faire ou une compétence supplémentaires à retirer de cette expérience pour elle-même. »
L’ENSMM compte près de cent quarante élèves en formation par apprentissage, toutes filières confondues, soit 16 % de ses effectifs ; l’UTBM en inscrit cent nouveaux à chaque rentrée ; l’ISIFC accueille son premier contrat de professionnalisation cette année… À l’heure de la mobilité, la concertation entre les étudiants et les entreprises est plus que jamais une nécessité.
- CFAI : Centre de Formation des Apprentis de l'Industrie
Article publié dans le numéro 270 de mai 2017 du journal en Direct.