Étudier à la fac sans le bac

Lætitia, 21 ans, fait partie des heureux diplômés de 2014. « Je suis titulaire d’un CAP Cuisine. En m’inscrivant au DAEU, mon objectif était de quitter la restauration pour reprendre des études supérieures », explique-t-elle. Grâce au diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU), elle pourra, comme elle le souhaitait, s’inscrire en sociologie à la rentrée.

Comme une soixantaine de personnes chaque année, la jeune femme a choisi de passer son diplôme au Centre de télé-enseignement universitaire (CTU) de l’université. Équivalent du baccalauréat, le DAEU ouvre les portes de l’université mais également d’autres établissements d’enseignement supérieur. Si la plupart des inscrits sont demandeurs d’emploi, le DAEU s’adresse également aux salariés qui souhaitent bénéficier de la formation professionnelle, évoluer dans leur entreprise ou changer de branche.

Pour s’inscrire, les candidats doivent avoir 20 ans ou plus au 1^er octobre de l’année de délivrance du diplôme et avoir travaillé pendant au moins deux ans. Les candidats âgés de 24 ans et plus peuvent se présenter au diplôme sans condition particulière. Première étape pour les postulants : passer un entretien avec l’équipe pédagogique. « La plupart des candidats ont autour de 30 ans et ont quitté le système scolaire en fin de collège ou au niveau lycée. Ils se sentent limités dans leurs possibilités, indique Fabrice Bouquet, directeur du Centre de télé-enseignement universitaire. L’entretien permet de connaître leur parcours, d’évaluer leur niveau et de les conseiller. »

Deux diplômes sont proposés à l’UFC. À dominante littéraire, le DAEU A se compose de deux matières principales, le français et l’anglais, auxquelles s’ajoutent deux cours à choisir entre l’histoire, la géographie et les mathématiques. Le DAEU B met quant à lui l’accent sur les matières scientifiques, avec un enseignement en mathématiques et en français, ainsi que deux cours à sélectionner entre la physique, la chimie et les sciences de la nature et de la vie. Le CTU offre également la possibilité aux candidats d’effectuer une année de remise à niveau si nécessaire, afin d’acquérir les connaissances requises pour s’inscrire au DAEU.

Les diplômés sont nombreux à poursuivre leurs études

Les cours se suivent en présentiel (cours du soir) ou à distance. « Les candidats n’ont pas le statut d’étudiants mais de stagiaires, précise Fabrice Bouquet, car le DAEU fait partie de la formation continue. » Une fois inscrits, ils ont quatre ans pour passer leur diplôme. Ils peuvent choisir d’étudier et de valider seulement certaines matières la première année, puis de suivre les autres cours l’année suivante. Pour augmenter les chances de réussite aux examens, les enseignants proposent en outre des séances de tutorat. « Il n’y a pas d’obligation à y participer mais on le conseille fortement car on constate que ceux qui réussissent sont ceux qui viennent aux séances », insiste Fabrice Bouquet. « Reprendre ses études est difficile. Les candidats sont tous des cas particuliers avec des parcours atypiques, note-t-il. Le tutorat permet une vraie cohésion de groupe, comme dans une classe classique. Cela crée une dynamique, ils travaillent ensemble, s’entraident. »

Comme Lætitia, Antonio, 22 ans, a travaillé quelques années dans la restauration. Major de la promotion 2013-2014 du DAEU A, le jeune homme a passé le diplôme afin de se réorienter. « Le DAEU ouvre les portes de la fonction publique, de la fac et de l’alternance avec des fonctions élevées », détaille-t-il. Cette année de reprise d’études restera pour lui un bon souvenir, malgré un programme chargé. « On rencontre des gens dans la même situation que nous, on révise ensemble. » Il réfléchit à présent à intégrer une formation en alternance de niveau bac +2 ou plus. « Ils sont nombreux à poursuivre leurs études, indique le directeur du CTU. On compte même des diplômés du DAEU qui sont devenus enseignants-chercheurs à l’université. »