En alternance au département logistique de PSA
Le logisticien gère des flux de marchandises, de voyageurs, ou même d’informations. Un travail complexe que Marion Ganczarek, étudiante en deuxième année de DUT Gestion logistique et transport, apprend sur le terrain, en organisant le conditionnement et le transport de pièces automobiles tout en cherchant à maîtriser le coût de leur acheminement.
Le site de Vesoul de l’entreprise PSA Peugeot-Citroën, qui s’étend sur près de 120 hectares, est dédié à la logistique. C’est ici que transitent toutes les pièces détachées que l’entreprise envoie à ses concessionnaires et c’est également là que sont définis les emballages des pièces livrées aux chaînes d’assemblage en dehors de l’Europe. Marion Ganczarek y avait déjà effectué un job d’été, mais c’est dans le cadre de sa formation au métier de logisticienne qu’elle y passe maintenant une bonne partie de l’année universitaire. Depuis la rentrée, cette jeune fille alterne deux semaines de cours avec deux semaines passées en entreprise. À compter du mois de mai, elle y travaillera à temps plein. Cette étudiante effectue sa deuxième année de DUT Gestion logistique et transport (GLT) dans le cadre d’un contrat d’apprentissage. Une formule qui lui permet de combiner des études avec une entrée progressive dans le monde du travail, tout en bénéficiant des avantages du double statut d’étudiant et de salarié.
Marion Ganczarek travaille dans le service conditionnement à la source de PSA, qui compte une vingtaine de personnes parmi lesquelles d’autres apprentis et d’anciens élèves de l’IUT. « L’ambiance est bonne dans l’équipe, ça a été facile de s’intégrer », raconte-t-elle. Elle travaille sous la supervision d’un maître d’apprentissage : Frédéric Beaudoin, responsable du service. Elle exerce en binôme avec Fabrice Pillot qui, avec ses 20 années d’ancienneté passées à différents postes dans l’entreprise, fait office de second tuteur.
Optimiser le transport et réduire les coûts
Marion occupe des fonctions de chargée d’affaires pour les flux logistiques de pièces expédiées depuis l’Europe vers des pays comme la Chine, l’Argentine ou encore le Brésil. Sa mission consiste à proposer des pistes d’amélioration pour l’emballage et le transport de ces pièces, tout en cherchant à faire des économies. Les options sont multiples : limiter les étapes de transfert et de manutention, réduire la taille des cartons… « Parfois, 50 millimètres de gagnés sur l’emballage permettent de glisser un carton de plus dans un conteneur », explique Frédéric Beaudoin. Le logisticien doit tout prévoir : faire en sorte que les pièces fragiles ne soient pas endommagées, imaginer une protection contre l’humidité, la corrosion ou les grands écarts de température…
L’étudiante est en contact journalier avec différents services internes à l’entreprise (commercial, logistique, qualité, méthodes) et avec des fournisseurs externes (équipementiers automobiles). Sur un dossier donné, elle commence par analyser le flux de marchandises existant afin de chiffrer les coûts logistiques sur l’ensemble de la chaîne de transport. Il lui faut ensuite contacter la direction des achats qui est basée à Poissy et lui présenter un bilan économique argumenté afin d’obtenir son aval pour l’étude. « Parfois, il faut payer plus cher un certain mode de conditionnement au moment de l’achat de la pièce pour réaliser des économies sur l’ensemble de la chaîne de transport », précise-t-elle.
Elle doit ensuite contacter le fournisseur pour le convaincre de collaborer. Une démarche qui demande une certaine diplomatie. « Il y a des façons de faire pour s’adresser à eux puisqu’on leur propose quelque chose qui va leur demander un effort supplémentaire, précise Fabrice Pillot. C’est pourquoi, au départ, je vérifiais les e-mails envoyés par Marion. Petit à petit, je la laisse gérer de plus en plus de choses tout seule. »
Les chargés d’affaires font au fournisseur des propositions pour l’amélioration des emballages. Ils doivent rédiger un cahier des charges qui récapitule leurs indications. Rien n’est laissé au hasard : protections, cerclage… jusqu’au grammage des cartons.
Les fournisseurs mettent parfois du temps à répondre, c’est la raison pour laquelle Marion Ganczarek travaille sur plusieurs dossiers en parallèle. « Cela me permet de découvrir le travail à différents niveaux d’avancement. » Une fois reçue l’étude technique et économique du fournisseur, parfois après quelques relances et échanges d’informations complémentaires, l’équipe peut passer à une phase de tests si nécessaire. PSA dispose d’un atelier de prototypage où réaliser des essais d’emballage. Cet atelier est même équipé d’un simulateur qui reproduit de manière accélérée les mouvements de la houle marine ou du transport en train.
Si l’étude économique montre que ces modifications peuvent déboucher sur une optimisation et une diminution des coûts, elles peuvent être mises en application. Il faut alors se mettre d’accord avec le fournisseur sur les conditions de prix et contractualiser l’ensemble. À ce stade, le travail du chargé d’affaires n’est pas tout à fait fini puisqu’il doit orchestrer la mise en application de ce nouveau flux logistique, avec toutes les modifications informatiques que cela suppose au niveau de la synchronisation des systèmes de commandes, du réglage des stocks… jusqu’au client final.
Des métiers variés
« Chaque dossier est différent, il n’y a jamais de routine, déclare Marion Ganczarek. Au départ, je voulais être architecte ou infirmière. Mon frère et mon père, qui travaillent tous les deux pour un transporteur, m’ont suggéré d’essayer ce secteur. J’ai effectivement découvert que c’est intéressant et varié : il y a une partie technique, une partie qualité, une partie méthode, une partie chiffrage… » Anne-Chantal Drain, responsable du DUT GLT et tutrice pédagogique de Marion, ajoute : « Les métiers de la logistique sont des métiers complexes mais passionnants. Ces fonctions de coordination supposent beaucoup de contact et ont une forte dimension internationale, ce qui est intéressant, pour quelqu’un qui a envie de bouger. »
L’année prochaine, la jeune fille envisage de poursuivre ses études en licence professionnelle, toujours en alternance. « Nous ne conseillons l’apprentissage qu’à certains de nos étudiants, car il faut avoir les reins solides et une bonne capacité d’adaptation », fait remarquer Anne-Chantal Drain. Il faut en effet pouvoir jongler entre les bancs de l’IUT et le travail en entreprise avec un rythme assez soutenu. « Mais le jeu en vaut la chandelle, c’est une bonne formule », ajoute-t-elle. De l’avis de Benoit Maitre, responsable de l’ensemble des apprentis sur le site PSA Vesoul, « les apprentis ont une connaissance du monde professionnel qu’on repère tout de suite. D’ailleurs, il n’est pas rare que l’apprentissage débouche sur une embauche ».
Contact
Anne-Chantal Drain
Chef du département Gestion logistique et transports
03 84 75 95 05
anne-chantal.drain@univ-fcomte.fr