Auteur 
Catherine Tondu

Collaborations franco-suisses

La Communauté du savoir est destinée à promouvoir les liens entre les établissements d'enseignement supérieur en matière de formation et de recherche dans l'Arc jurassien.

Communauté du savoir - Cds
Communauté du savoir - Partager, Étudier & Innover dans l'Arc jurassien franco-suisse

Une zone frontalière possède une identité particulière comparée à un territoire « de l’intérieur ». Un constat encore plus marqué lorsque les pays que sépare la frontière sont aussi différents dans leur organisation que peuvent l’être la France et la Suisse. Atypique à ce double titre, l’Arc jurassien franco-suisse est un exemple du genre. Caractéristiques physiques et paysages, histoire, patrimoine et culture industriels, francophonie, mobilité d’emploi, convergence des métiers fournissent ses principaux points de rapprochement, quand s’opposent les notions d’État fédéral et de pouvoir centralisé, d’isolement et d’appartenance à l’Europe économique, des murs porteurs bâtis selon des méthodes propres et qui rendent les constructions suisses et françaises fondamentalement différentes. Et rendent du coup difficiles les coopérations, entravées par des règles administratives discordantes.

Cependant des initiatives, encouragées voire impulsées par les instances politiques locales, apportent leur pierre à l’édifice franco-suisse et s’efforcent de lui assurer de solides fondations. Ainsi la Communauté du savoir (CdS)1, destinée à promouvoir les liens entre les établissements d’enseignement supérieur en matière de formation et de recherche, s’est donnée pour mission première de pérenniser les collaborations académiques, qui selon un bilan établi par la Conférence transjurassienne (CTJ)2 en 2010, sont bien vivantes mais restent trop souvent ponctuelles. Un travail de fond autant que la mise en place d’actions concrètes, comme le raconte Didier Folzer, du service relations internationales de la Haute école Arc : « On voit bien, avec un recul de trois ou quatre ans désormais, que les relations sont plus fortes. Chercheurs et enseignants se sont rencontrés au cours de colloques ou d’ateliers, ils apprennent à mieux se connaître, à se comprendre et à parler de leurs objectifs. » La façon de considérer la recherche en France et en Suisse est par exemple fondamentalement différente. « En France, la recherche doit donner lieu à des publications scientifiques ; en Suisse, elle doit produire des prototypes. » Dépasser ce clivage, voire en faire un échange de vues et de procédés fructueux, est aujourd’hui plus facilement envisageable.

Didier Folzer souligne l’implication des établissements d’enseignement supérieur partenaires de la CdS dans une démarche parfois gravée dans le marbre, comme à la HE-Arc où le développement des relations transfrontalières est désormais inscrit de façon formelle dans les missions de l’école. « Il faut être patient et tenace ; les bénéfices de la CdS, qui est un outil privilégié de la volonté politique, se font sentir peu à peu et doivent être évalués finement, sur le long terme. » Un travail de fourmi pour un développement durable des coopérations, servi par des actions concrètes et guidées par les réflexions provenant du terrain, non seulement de la part des universitaires mais aussi du tissu socioéconomique, impliqué à des degrés divers dans les collaborations de recherche.

  1. La Communauté du savoir (CdS), soutenue successivement par les programmes Interreg IV et V, est un réseau de sept établissements membres : l’École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM), la Haute école Arc (HE-Arc), la Haute école d'ingénierie et de gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD), la Haute école pédagogique BEJUNE (HEP-BEJUNE), l’université de Franche-Comté (UFC), l’université de Neuchâtel (UniNE) et l’Université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM).
  2. La Conférence transjurassienne (CTJ) née en 1985 mais connue sous ce vocable depuis 2001 assure la gouvernance transfrontalère. Elle réunit les élus des quatre cantons suisses concernés, Jura, Berne, Neuchâtel et Vaud, ainsi que la région et la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté. À l’intérieur de cette structure politique, l’association suisse arcjurassien.ch est un dispositif opérationnel depuis quatre ans, chargé de mettre en œuvre sur le terrain transfrontalier les décisions émanant de la CTJ. Son pendant français, arcjurassien.fr, est en cours de construction.

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