Bruit et apprentissages scolaires ne font pas bon ménage
« Il faut du calme pour apprendre ». Des chercheurs de l’Université de Franche-Comté l’ont effectivement démontré en analysant précisément l’effet de nuisances sonores modérées sur les performances scolaires d’élèves de CE2.
Plusieurs laboratoires de l’université (ThéMA, FEMTO-ST, Chrono-environnement et le laboratoire de psychologie) se sont impliqués dans une étude coordonnée par Frédéric Mauny et menée en collaboration avec le Centre hospitalier régional universitaire (CRHU) et le Centre scientifique et technique du bâtiment.
Il ne s’agissait pas d’analyser les effets évidents de nuisances sonores importantes comme celles qui sont induites par la proximité d’un aéroport mais, au contraire, de jauger des perturbations induites par une exposition urbaine modérée, comme c’est le cas à Besançon.
L’étude a porté sur 579 élèves de CE2 répartis dans 31 écoles. Le bruit a été pris en compte non seulement dans l’école mais aussi dans les habitations des élèves. Comme il n’a bien évidemment pas été possible de le mesurer dans chaque habitation, il a été évalué grâce à un système de modélisation et de cartographie sonore.
L’originalité de l’étude réside dans l’analyse détaillée des performances scolaires, à partir des épreuves d’évaluation nationales. Sachant que les facteurs qui peuvent affecter les apprentissages sont nombreux, les caractéristiques socioéconomiques, sociodémographiques et socioéducatives de chaque foyer1 ont été prises en compte.
Les chercheurs ont mis en évidence des relations entre les scores obtenus en français et en mathématiques et les niveaux d’exposition sonore auxquels sont soumis les enfants. Pour une augmentation de 10 décibels du volume sonore à l’école, les performances scolaires baissent en moyenne de 5,5 points. En revanche, ils n’ont pas constaté d’effet significatif lié au bruit en façade des maisons.
En français, l’effet du bruit se fait sentir sur les épreuves de reconnaissance de mots, de compréhension de texte et d’orthographe, mais pas sur la production de texte. En mathématiques, ce sont la connaissance des nombres, l’exploitation numérique et le calcul qui sont affectés, contrairement aux aspects grandeur et mesures et à la géométrie. Or, on pensait jusqu’alors que le bruit posait surtout problème pour les tâches complexes qui nécessitent une attention soutenue mais cette étude a montré que certaines tâches simples et davantage automatisées peuvent également être affectées.
- C’est un questionnaire transmis aux parents qui a permis aux chercheurs de prendre connaissance de ces caractéristiques.