10ème congrès du club francophone de l’autophagie (CFATG10) sur le mécanisme « d’auto-cannibalisme » cellulaire
Pendant trois jours s’est tenu à Besançon le 10ème congrès du Club francophone de l’autophagie. Du 31 mai au 2 juin 2022, 150 chercheurs et étudiants se sont retrouvés au Kursaal pour présenter leurs travaux de recherche sur le mécanisme d’autophagie, un processus d’auto-digestion et de recyclage des constituants de nos cellules. Un champ de recherche en pleine expansion depuis le milieu des années 90.
De mardi à jeudi, 150 personnes sont venues de toute la France et d’Europe pour participer aux journées scientifiques de l’autophagie, qui posaient pour la première fois leurs valises à Besançon. Celles-ci étaient organisées en étroite collaboration entre des chercheurs de l’université de Franche-Comté et de l’université de Bourgogne. Derrière ce mot d’autophagie, se cache un processus crucial au bon fonctionnement de nos cellules : le mécanisme d’auto-recyclage des constituants cellulaires, un véritable « auto-cannibalisme » des cellules via la digestion d’une partie de leur propre cytoplasme. Ce processus joue notamment un rôle essentiel dans l’adaptation de nos cellules aux stress, ainsi que leur réponse aux infections virales ou bactériennes. Les cellules peuvent ainsi lutter contre les bactéries ou les virus, notamment en induisant leur dégradation dans des vacuoles appelées autophagosomes.
L’autophagie a particulièrement été mise en lumière en 2016 lors de l’attribution du Prix Nobel de médecine à Yoshinori Ohsumi pour ses découvertes sur le fonctionnement de l’autophagie chez la levure. Depuis, l’étude de l’autophagie est en pleine expansion et les publications scientifiques à ce propos se multiplient. Un congrès tel que celui-là est donc très important pour fédérer la recherche française autour de ce thème et créer de nouvelles collaborations scientifiques nationales et internationales.
Une édition spéciale 10ème anniversaire
Bien que ce congrès soit organisé par le club francophone de l’autophagie (CFATG), il se déroule dorénavant en anglais afin de permettre à des chercheurs européens et mondiaux d’y participer et d’y partager leurs travaux. En effet, à l’occasion de son dixième anniversaire, le congrès avait comme invités des grands chercheurs internationaux, dont Dan Klionsky et Patrice Codogno, deux des pionniers parmi les plus influents chercheurs sur le sujet dans le monde. Patrice Codogno est également à l’origine de la création du CFATG et fût son premier président.
L’organisation locale du congrès a été permise grâce à une collaboration entre des chercheurs de Besançon et de Dijon travaillant sur la thématique de l’autophagie. Des chercheurs statutaires ont présenté leurs résultats, et des jeunes chercheurs, notamment des étudiants de l’université de Franche-Comté et de l’université de Bourgogne, ont aussi pu monter sur scène. « L’idée était que les jeunes chercheurs travaillant dans ce domaine puissent présenter leurs recherches devant des chercheurs expérimentés, se confronter à la science et défendre leurs travaux, mais aussi trouver des collaborations nationales ou leur futur laboratoire d’accueil » explique Michaël Guittaut, enseignant-chercheur dans le domaine de l’autophagie et coordinateur du groupe AETIC de l’UMR 1098, institut RIGHT, de l’université de Franche-Comté.
Dans de très nombreuses pathologies, telles que les maladies neurodégénératives, les maladies inflammatoires chroniques intestinales ou bien le cancer, on retrouve des problèmes d’autophagie
Ce congrès a aussi permis de favoriser l’ouverture de ce domaine vers de nouvelles voies d’investigation car l’autophagie est centrale et c’est un processus que l’on retrouve fréquemment dans les domaines de la biologie et de la médecine. « Dans toute pathologie ou presque, on peut retrouver des dérégulations de l’autophagie » argumente Michaël Guittaut. L’enseignant-chercheur travaille sur la fonction de l’autophagie dans le cancer, puisque même si dans la majorité des cas l’autophagie est protectrice vis-à-vis de l’apparition de cette pathologie, elle est aussi un facteur de survie des cellules cancéreuses notamment lors des traitements anti-cancéreux. Ce rôle paradoxal dans le cancer rend la recherche dans ce domaine compliquée et c’est pourquoi une des quatre sessions du congrès a été consacrée à ce lien entre autophagie et cancer.