Une nouvelle spatialité sociale et symbolique en Europe

Noëlle Burgi développe l’argument selon lequel la réponse de l’Union européenne (UE) à la crise financière de 2007-2008 a mené à la constitution d’une structure durable d’inégalités en son sein spatialement organisée de part et d’autre part d’une ligne de démarcation Nord-Sud et fondée sur de nouvelles relations centre-périphérie. Ces relations sont analogues à celles qui ont prévalu historiquement entre les cœurs capitalistes « avancés » et les sociétés coloniales ou postcoloniales « sous-développées » et qui furent analysées et déconstruites par la théorie de la dépendance.

Après avoir décrit la nouvelle configuration structurelle en Europe et montré la pertinence de la théorie de la dépendance en tant que cadre analytique, elle examinera la dimension symbolique (les discours) qui a contribué à asseoir et justifier le nouvel ordre de domination – un ordre de colonialité social et symbolique au sens d’Aníbal Quijano. Les remarques de conclusion porteront sur l’ouverture économique et la dépossession forcées de la Grèce qui a achevé de perdre sa souveraineté en 2015.

Noëlle Burgi, chargée de recherches au CNRS, consacre ses recherches aux transformations politiques, sociales et culturelles induites par la mutation du capitalisme et l’avènement d’une nouvelle forme de gouvernementalité « néolibérale ». Depuis 2011, elle a entamé une collaboration avec des enseignants, chercheurs et intellectuels grecs dans la perspective souhaitée de constituer un réseau formel, pluridisciplinaire et international, de recherches sur la généralisation des politiques d’austérité en Europe, en particulier leurs effets politiques et sociaux.

Cette conférence s'inscrit dans l'action de recherche « ECCE GLOCUS, espaces en crise » portée par Marta Álvarez à la MSHE Ledoux.