Céline Reylé, astronome à l'observatoire de l'université de Franche-Comté
Alizée Mosconi
Auteur 
Alizée MOSCONI

Être une femme astronome

Céline Reylé, 46 ans, est astronome à l’Observatoire des sciences de l’univers de l’Université de Franche-Comté. Si étudier les étoiles de notre galaxie occupe la majeure partie de son temps, la chercheuse va aussi à la rencontre des nouvelles générations pour les rassurer sur la possibilité d’être une femme scientifique, d’avoir une vie de famille et de parcourir la planète pour observer le ciel.  

Depuis une allée de tilleuls aux rougeoyants reflets automnaux, Céline Reylé désigne du regard le dôme en aluminium qui coiffe l’observatoire bisontin et son siècle d’histoire. « On n’y observe plus depuis les années 1970 », précise l’astronome âgée de 46 ans. Ici, les vestiges de pierre et le pavillon de la méridienne bâti en 1884 parfume d’un charme ancien cet îlot de verdure situé au coeur du campus de la Bouloie où ont poussé les constructions modernes dès les années 1960. Ce bijou de l'astronomie, Céline Reylé le connaît bien : elle en a été la directrice pendant cinq ans. « À la fin du XIXe siècle, les seules femmes qui travaillaient à l’Observatoire de Besançon étaient des calculatrices. Ces dernières effectuaient des calculs, étaient rémunérées à l’opération et avaient donc un statut très précaires », rappelle-t-elle.

Des comètes à la mission Gaia

Au mur, une photographie du noyau de 1P/Halley, « un petit caillou glacé de quelques kilomètres qui s’aventure parfois près du soleil » et qui lui rappelle le sujet de sa thèse : « j’étudiais alors les comètes » explique-t-elle avec un peu de nostalgie. La chercheuse, aujourd’hui membre du Conseil National des Astronomes et Physiciens (CNAP), travaille dans le cadre de la mission spatiale Gaia. Si Céline Reylé reconnaît passer une bonne partie de son temps « sans bouger de sa chaise », pour étudier des données sur son ordinateur, son métier lui offre de belles parenthèses à l’autre bout du monde. De l’Observatoire de Haute-Provence jusqu’au Chili, en passant par l’archipel des Canaries, la globetrotteuse a pu contempler étoiles géantes et naines brunes sur des télescopes atteignant parfois 8 mètres de diamètre ! « J’ai eu la chance d’observer depuis le site hawaïen du Mauna Kea, perché à 4205 mètres d’altitude au sommet d’un volcan endormi. » Céline Reylé se souvient avoir été subjuguée par ce décor lunaire et son horizon cotonneux de nuages : « préservé de la pollution lumineuse, c’est l’un des meilleurs sites d’observation de la planète », atteste-t-elle.

En 2013, Céline Reylé voit son portrait exposé dans la cour du Palais Gravelle aux côtés de 141 autres clichés photographiques en noir et blanc de femmes scientifiques originaires des quatre coins de l’Hexagone. Chimistes, mathématiciennes, économistes ou encore biologistes ont pris la pose sous l’objectif de la photographe Marie-Hélène Le Ny, dans le cadre d’Infinités Plurielles, un projet commandé par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (M.E.S.R.I.). Inaugurée à Besançon, cette exposition qui donne la parole aux chercheuses a ensuite parcouru bien des kilomètres : les portraits ont été affichés à Paris, à Caracas ou encore à Chicago.

Sensibiliser les nouvelles générations

Dans cette volonté d’améliorer la féminisation des milieux scientifiques, Céline Reylé est récemment intervenue dans les collèges et les lycées franc-comtois, de Pontarlier jusqu'à Montbéliard, afin de présenter aux nouvelles générations son parcours professionnel depuis les bancs de l’Université de Franche-Comté jusqu’à son quotidien d’astronome. « Je souhaite montrer aux adolescents qu’être une scientifique et avoir des enfants ainsi qu’une vie de famille ne sont pas incompatibles ! » Céline Reylé ne se cache pas d’être la maman de trois filles. « J’ai accouché de mon premier enfant une semaine après ma soutenance de thèse ! »

Une carrière exemplaire qui aurait sans aucun doute réjoui les calculatrices bisontines du siècle dernier !

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