Cours en amphi
Ludovic Godard

Enseignants, étudiants, outils numériques : trouver l’équation idéale

L’IUT Belfort-Montbéliard organisait le 20 novembre un cycle de conférences intitulé « Moodle Day : Quelle pédagogie universitaire adopter à l’heure du numérique ? ». L’occasion de faire le point sur l’articulation entre enseignement, pédagogie et innovation dans l’enseignement supérieur.

« La pédagogie peut se définir comme un ensemble de moyens permettant d’accompagner un étudiant vers la réussite, explique Olivier Prévôt, directeur de l’IUT Belfort-Montbéliard, en ouverture de l'événement. De ce point de vue, le numérique est un formidable outil qu’il faut savoir exploiter et développer. » Cependant, cette « révolution » ou « transition » numérique ne doit pas faire oublier que le plus important reste ce que l’on dit et non la façon dont on le dit : « Les outils numériques sont utiles pour permettre une transmission plus efficace de la connaissance que l’enseignant doit maîtriser. »

« Les nouvelles technologies ne sont pas là pour remplacer l’enseignant », insiste Didier Chamagne, vice-président numérique, qui présente la démarche stratégique de l’UFC. Christophe Reffay, directeur-adjoint de l’ESPE de Franche-Comté chargé du numérique et responsable du service SUN-IP1, prône quant à lui l’évolution de la pédagogie dans un monde très numérique : « Il s’agit de savoir comment aider les enseignants à élargir leurs pratiques et leurs outils. »

Un outil complémentaire aux enseignements présentiels

Olivier Prévôt souligne cependant que « dans des cas spécifiques, il peut y avoir des formations à distance utilisant beaucoup le numérique, notamment lorsque l’on souhaite toucher des étudiants à l’échelle nationale ou internationale. Il faut également prendre en considération le nombre important d’étudiants qui doivent travailler pour financer leurs études et qui ont donc des difficultés à assurer une présence en cours ». Il reste toutefois très attaché au présentiel pour créer le lien entre enseignants et étudiants.

« Moodle est une plateforme d’éducation en ligne accessible à tous », rappelle Daniel Méthot, enseignant retraité de l’UFC et responsable de la société E-learning facile. Cet outil numérique se révèle très utile en complément des enseignements. En accompagnement d’un cours magistral, un support numérique permet à l’étudiant de reprendre l’enseignement, de faire un arrêt sur image, de réentendre plusieurs fois la même séquence, voire d’aller plus loin s’il est particulièrement intéressé par un point de cours, et de faire ses propres démarches de recherche documentaire. C’est d’ailleurs le point de vue de John-Pol Pierrel, correspondant Moodle à l’IUT et utilisateur de la plateforme de partage de contenus pédagogiques : « Dans la recherche et le développement de projet, on utilise de plus en plus Moodle, ça valorise l’action. Mais il y a toujours la nécessité de moments de regroupements entre enseignants et étudiants. À l’IUT, les cours sont déposés sur la plateforme, ce qui permet aux étudiants d’avoir à disposition toutes les ressources utilisées pendant les cours et de les reprendre à leur rythme et selon leurs besoins. Cela renforce aussi le lien entre CM, TD et TP et permet de recevoir des travaux d’étudiants de façon sécurisée ».

Amener les étudiants à réfléchir à l’utilisation de ces outils

L’université et plus largement l’enseignement doivent permettre une ouverture sur le monde, d’aiguiser son esprit critique.  « Je ne pense pas que cette transformation soit possible avec les outils numériques seuls, mais la relation enseignant- étudiant permet cela : être au contact de l’enseignant mais aussi des autres étudiants est enrichissant et pousse à se poser des questions, à perturber ses certitudes, explique Olivier Prévôt. Cette question de la place du numérique conduit donc à celle de la méthodologie : c’est-à-dire comment aider les étudiants à maîtriser l’outil car le rôle de l’enseignant n’est pas seulement de mettre un étudiant en relation avec le savoir, mais aussi de lui apprendre à trier les informations, à les gérer, à apprendre à se servir de l’outil, à prendre du recul sur ce qu’il apprend, à le mettre en perspective, à développer un esprit critique. »

Faire évoluer les pratiques pédagogiques

Le numérique a permis à toute la communauté universitaire de développer une communication quasi instantanée et planétaire : les chercheurs, les enseignants, les étudiants ont ainsi développé des réseaux de partenaires. Daniel Méthot insiste sur la nécessité d’évoluer pour les enseignants : « Nous sommes à une époque charnière dans la civilisation. La connaissance est aujourd’hui sur Internet, il faut optimiser la pratique des enseignants. » Jean-Claude Manderscheid, professeur émérite à l’UFC et responsable de la société de e-learning Ivaos, propose d’aller plus loin : « Il s’agit surtout construire des savoirs et de développer des compétences. Il y a une fausse image du e-learning, robotique, alors que ça permet de passer de "je sais quelque chose" à "je sais faire". L’enseignant a ainsi toute sa place mais son rôle évolue. »

Les enseignants sont donc au cœur de cette utilisation du numérique. Une partie de la démarche qualité, qui sera engagée dans les semaines à venir à l’IUT Belfort-Montbéliard, sera consacrée à l’enseignement et au soutien numériques. Une réflexion sera menée avec les enseignants pour les accompagner dans leur formation au numérique, afin qu’ils développent des compétences dans ce domaine.

  1. Présentation du service universitaire du numérique et de l’innovation pédagogique de l’UFC (SUN-IP) : http://www.youtube.com/watch?v=aE5bLZB1ghs

Contact