Des fleurs en gros plan
F.Koeller
Grain d'Pixel
Auteur  
Catherine Tondu

Voyage au centre de la serre

Vidéos, photos, gravures anciennes, documents d’archive, installations, œuvres d’art… l’exposition « Voyage au centre de la serre » est aussi foisonnante que les milliers d’espèces abritées et étudiées au jardin botanique de Besançon, auquel elle est consacrée.

Elle propose de revenir sur les pas des explo­rateurs des fameuses grandes expéditions du XVe au XVIIIe siècle, d’aller à la rencontre des botanistes d’aujourd’hui, de comprendre la con­ception de bâtiments ici pour abriter la flore d’ailleurs, de saisir le fonctionnement et les en­jeux d’un domaine qui a su profiter des apports des dernières avancées scientifiques.

Arnaud Mouly, directeur du jardin botanique de Besançon, explique comment la collecte patiente des plantes et la description minutieuse des espèces et de leurs liens de parenté ont permis, au fil du temps, de retracer l’évolution de la biodiversité depuis les origines de la vie. « Les herbiers sont les dépositaires de cette connaissance, ils sont les outils de travail privilégiés des botanistes, car aucun texte descriptif ne saurait être assez précis pour expliquer la complexité du vivant. Une plante, même séchée, continue de vivre : elle est comme une empreinte digitale, un certificat d’authenticité de son espèce. » Bien loin de l’atmosphère surannée qu’ils peuvent évoquer, les herbiers restent donc des instruments de recherche à part entière, même si les progrès scientifiques, notamment en génétique, donnent aujourd’hui d’autres moyens d’étude et de classification aux botanistes.

Sur le terrain, les chercheurs ont toujours l’espoir de trouver une plante inconnue. Car si quelque 270 000 espèces de plantes vasculaires, c’est-à-dire possédant des vaisseaux permettant à l’eau de circuler dans leurs racines, tiges et feuilles, sont aujourd’hui identifiées et répertoriées, on estime que 50 000 sont encore à découvrir. Mais cette quête n’intervient qu’à la marge des investigations d’un botaniste, qui souvent se concentre sur une famille de plantes, une expertise qui aide à leur conservation. « Certaines des Rubiaceae que j’étudie vivent uniquement en Nouvelle Calédonie, et à l’intérieur de ce territoire, dans une seule vallée précisément. Ceci montre qu’une bonne connaissance d’une famille et de son environnement est indispensable pour assurer la protection des espèces. »

La connaissance et la gestion de la biodiversité, notamment des plantes, est ainsi une aventure scientifique et sociétale collégiale qui se nourrit de savoirs en perpétuelle voie d’acquisition. Entre recherche, imaginaire et émerveillement, le « Voyage au centre de la serre » a lieu du 27 septembre au 5 novembre au Gymnase-espace culturel à Besançon.

Article publié dans le numéro 272 de octobre 2017 du journal en Direct.

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