Dispositif de conservation de greffin de cornée
Ludovic Godard
Auteur 
Catherine Tondu

Ultra haute conservation de greffons de cornée

Docteur diplômée de l'université de Franche-Comté, Nadia Skandrani vient de remporter le deuxième prix du concours « Docteurs entrepreneurs » pour la conception et la commercialisation d'un système qui permet de conserver les greffons de cornée. La création de sa société Tissueaegis s'inscrit dans le prolongement de ses recherches menées au laboratoire de nanomédecine.

Faute de moyens de conservation suffisamment efficaces, 50 % des greffons de cornée ne peuvent être utilisés et sont retirés des banques où ils sont stockés. Un dispositif innovant garantissant une meilleure conservation et un moyen de contrôle plus performant des greffons a été mis au point par une équipe de recherche du laboratoire de nanomédecine de l’université de Franche-Comté, composée de Tijani Gharbi, physicien, son directeur, Guillaume Herlem, physico-chimiste, et Nadia Skandrani, biologiste. « Le renouvellement du liquide dans lequel baigne le greffon et le maintien de l’ensemble à une température constante de 31 °C sont deux paramètres fondamentaux pour assurer une bonne conservation », explique Tijani Gharbi.

Le système répond donc à ce double impératif. Le greffon est placé dans une capsule autonome et intelligente, capable de gérer par elle-même les paramètres de conservation, et qu’il ne sera d’ailleurs plus possible d’ouvrir avant la greffe. À l’aide de pompes de taille micrométrique, s’opère une régénération par « lavage » du liquide nutritif dès lors que ce dernier change de pH, signe de contamination bactérienne. Le maintien d’une température constante est assuré en permanence, y compris lors du transport du greffon depuis son lieu de prélèvement jusqu’à la banque de stockage.

Enfin, l’innovation réside également dans le comptage des cellules, une opération de routine mais déterminante, un trop grand nombre de cellules mortes obligeant à jeter le greffon. Le comptage s’effectue ici à l’aide d’un dispositif optique, les cellules mortes ne transmettant pas la lumière comme les cellules vivantes. Outre sa fiabilité, le contrôle optique remplace avantageusement l’injection de bleu de trypan dans le greffon, la technique actuellement utilisée. « Ce révélateur est très efficace pour colorer les cellules mortes sur lesquelles il se fixe et faciliter leur dénombrement, mais il est aussi cancérigène », rapporte Guillaume Herlem. Et puisqu’elle est un système intelligent, la capsule ne manque pas de communiquer à l’extérieur et en temps réel des informations sur le greffon, qu’il est même possible pour un opérateur de surveiller à distance.

Après avoir élaboré un prototype avec Tijani Gharbi et Guillaume Herlem, Nadia Skandrani a créé son entreprise, Tissueaegis, afin de fabriquer et de commercialiser ce dispositif médical. Ce projet lui a valu de remporter le prix PÉPITE au concours « Initiative au féminin » en octobre 2015 et le deuxième prix du concours « Docteurs entrepreneurs » le 25 mars 2016.

Article initialement publié dans le journal en direct no 260 de septembre-octobre 2015 et mis à jour.

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