Les étudiants en DUT Génie électrique et informatique industrielle en visite à l'usine Cristel
IUT de Belfort-Montbéliard

Quand le génie électrique fabrique du luxe

Dans l'art de vivre à la française, on trouve du génie électrique et de l’informatique industrielle. Les étudiants en 1re année de DUT GEII ont eu la chance de le découvrir en visitant Cristel, usine comtoise 4.0 de fabrication d’articles culinaires de luxe.

Le programme pédagogique national du DUT Génie électrique et informatique industrielle (GEII) de 2013 prévoyait une « hausse significative des activités dans les domaines de l’électronique et de l’informatique industrielle. En effet, le concept de "l’usine numérique", jusqu’alors réservé aux grandes entreprises, devrait connaître un essor dans les PME/PMI et les secteurs économiques traditionnels. (…) »1. Même si le DUT GEII, né avec les premiers IUT en 1966, est encore parfois mal connu, on constate aujourd'hui que cette prédiction était fondée, car il y a « du GEII » dans toutes les usines, quels que soit leur taille, leur modernité et les produits fabriqués.

Fin mai, les étudiants en 1re année de DUT GEII de l’IUT de Belfort-Montbéliard, accompagnés de deux de leurs enseignants, Isabelle Laforgue et Didier Rosotte2, ont visité l’entreprise Cristel, fabricant d’ustensiles de cuisine inox haut de gamme, basé près de Montbéliard. Cristel, dont le nom vient de la contraction de « cristal », symbole de luxe et d’éclat, et de « Fesches-le-Chatel », petite ville du Doubs et site unique de production de la marque, propose une grande diversité de produits haut de gamme portant le précieux label « made in France ». Elle exporte le luxe à la française dans une trentaine de pays, dont le Japon, les États-Unis, la Chine, la Russie…

Ancrage territorial

Les intérêts de cette visite de terrain étaient multiples : l’entreprise, au rayonnement international, fait partie des acteurs économiques locaux d’un territoire dans lequel l’IUT est profondément ancré. La société a également tissé un lien pérenne avec l’établissement puisqu’elle a été marraine de la licence professionnelle Attaché-e au développement international des organisations (ADIO) en 2012-2013, et qu’elle accueille des étudiants de différentes formations en stage. Pour les étudiants de DUT GEII, la visite s’est révélée particulièrement enrichissante car Cristel a renouvelé la majeure partie de ses installations il y a un peu plus d’un an.

Âgée de 32 ans, l’entreprise poursuit l’aventure Japy commencée au XIXe siècle avec les premières usines de fabrication d’articles culinaires sur le même site : la première casserole « emboutie » avait d’ailleurs été distinguée par le roi Louis-Philippe.. Jusqu'en 2016, pas de gros investissements sur les équipements ni sur l’automatisation des systèmes, mais il y a deux ans, 1,5 million d’euros ont été engagés pour moderniser la production. Certaines installations qui ont 40, voire 50 ans, cohabitent provisoirement avec celles, ultra-modernes, qui viennent enrichir le site de fabrication : une fracture technologique révélatrice de l’évolution des machines, des techniques et des savoir-faire liés, entre autres, au génie électrique et à l’informatique industrielle.

Un génie en situation réelle et en constante évolution

Les étudiants ont ainsi pu découvrir en situation réelle ce qu’ils étudient en TP d’électricité, d’automatismes, ou de sous-ensembles de systèmes automatisés, comme l’automate programmable (cerveau d’une machine), l’interface homme-machine, les moteurs électriques, les vérins (ensemble qui permet de développer un effort en poussée), les relais… Ils ont pu mesurer l’omniprésence du génie électrique et de l’informatique industrielle dans les usines, que celles-ci produisent des automobiles, des montres ou des ustensiles de cuisson. Leur visite les a aussi amenés à mettre en pratique les compétences techniques et transversales3 qu’ils doivent développer dans le cadre de leur DUT. « Un étudiant est potentiellement un futur employé. On accueille des étudiants en stage pour les former autant qu’on peut, explique Lionel Morand, responsable de production. Ouvrir l’entreprise fait partie de notre philosophie : travailler en France, faire marcher l’économie française, être acteur socialement sur le territoire. »

Au-delà de l’aspect technique et technologique, les étudiants se sont intéressés à l’utilisation de ces ustensiles haut de gamme, par exemple par des chefs étoilés. Car tout au bout de la ligne de production, il y a le ou la cuisinière et ses petits plats savamment mijotés.

L’entreprise travaille aujourd’hui au développement de robots collaboratifs, petits robots installés à côté des opérateurs, non pas pour les remplacer mais pour garantir leur sécurité, faciliter leurs tâches et diminuer les troubles musculosquelettiques. Dans l’esprit de « l’usine 4.0 », la numérisation des données est aussi un secteur essentiel à développer pour l’entreprise : « récupérer les données d’une machine, créer un tableau de bord, analyser ces données, etc. : toutes ces tâches passent par des automatismes, du dialogue électrique… » Et pourquoi pas des casseroles connectées ? Le génie électrique et l’informatique industrielle ont encore de beaux jours devant eux.

  • « Ce concept, qui vise à réduire le cycle achat-développement-production-industrialisation-services s’appuie sur une intégration croissante des différents services et fonctions de l’entreprise, à travers les réseaux informatiques. Ces innovations vont amplifier l'extension des liens informatiques dans une logique d'entreprise étendue et accélérer le maquettage virtuel des produits et des processus. »
  • Isabelle Laforgue et Didier Rosotte sont professeurs agrégés et enseignent au département GEII, respectivement en électronique, et mécanique et automatismes.
  • La visite de l’entreprise était organisée par les étudiants eux-mêmes dans le cadre d’un projet tuteuré non technique, une mission qui leur permettait non seulement d’avoir une attitude professionnelle, mais aussi de gérer les détails logistiques et de communication.
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    IUT Belfort-Montbéliard

    Usine
    Le groupe d'étudiants devant les portes de la société Cristel