Christian Maire fait une présentation devant une classe.
Cécile Armana
Auteur 
Juliette Fumey

L’université exporte ses mathématiques au Bénin

Deux enseignants-chercheurs de l’université, Cécile Armana et Christian Maire, se sont rendus au Bénin pour une école de mathématiques du 12 au 24 juin, dans le cadre du réseau Cimpa. Ils ont réuni une quarantaine d’étudiants locaux et de pays alentours, ainsi que des chercheurs internationaux.

Ils n’ont pas d’attaches là-bas pourtant ils se rendent régulièrement dans des pays d’Afrique de l’Ouest pour participer et organiser des écoles de mathématiques. Christian Maire, Professeur des Universités en mathématiques et chercheur à Femto-ST et Cécile Armana, maîtresse de conférences au Laboratoire de mathématiques de Besançon (UMR CNRS 6623), ont posé pendant deux semaines leurs valises à Dangbo, un petit village dans la banlieue de Porto-Novo au Bénin.

Cette école de mathématiques, en coopération avec l’IMSP (Institut de mathématiques et de sciences physiques) au Bénin réunissait une quarantaine de personnes. Elle était organisée dans le cadre du réseau Cimpa (Centre International de Mathématiques Pures et Appliquées). Cette association d’envergure internationale œuvre au développement des mathématiques dans les pays en développement à travers des cours intensifs destinés aux jeunes chercheurs de niveaux master ou doctorat sur des domaines de recherches actuels. « Le but n’est pas d’amener les étudiants ici en France, mais aux chercheurs internationaux d’aller sur place » explique Christian Maire. En collaboration avec Tony Ezome, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences et Techniques de Masuku au Gabon, depuis quelques années Christian Maire s’investit régulièrement dans des écoles de ce type en Afrique.

Véritable appel des étudiants locaux

Une école comme celle-ci est complexe à organiser et a demandé une implication totale de Christian Maire, organisateur. Il a d’abord fallu trouver 40 000 euros de budget et gérer la majorité à distance. En collaboration avec le Cimpa, Christian Maire a sélectionné les étudiants étrangers (les étudiants locaux étant choisis par les institutions du pays), très nombreux à postuler. « Il y a un véritable appel, on peut accepter généralement seulement un tiers des candidats » commente l’enseignant. Une autre difficulté était le transport des participants. Les billets d’avion en Afrique sont excessivement chers, et les visas peuvent être difficiles à obtenir. Pour cette mission au Bénin, les étudiants venaient de pays d’Afrique de l’Ouest et les conférenciers avaient voyagé depuis la France, l’Italie, les Etats-Unis, mais encore l’Afrique du sud, le Mali et le Gabon.  

La motivation des étudiants sur place est incroyable. Les jeunes ont un attachement à l’éducation différent d’ici

Mais cette organisation et cette implication est récompensée par l’enthousiasme et la motivation des étudiants.  « Les jeunes ont un fort attachement à l’éducation et aux études, certains font des sacrifices énormes, se réjouit Cécile Armana. Avec peu d’argent ils font des choses significatives. »

Sur place, les étudiants ont pu assister à des cours et des exposés en algèbre et théorie des nombres par des conférenciers bénévoles, dont Christian Maire et Cécile Armana. Mais certains ont également pu eux-mêmes présenter les résultats de leurs travaux de recherche. « Ces écoles sont importantes pour tout le monde » assure Christian Maire.

On porte une grande attention à la représentation des jeunes femmes

Cette école avait aussi une visée plus large.  « Un des objectifs est d’identifier les étudiants prometteurs et de les accompagner » souligne Christian Maire. L’enseignant-chercheur accompagne d’ailleurs deux thèses hors de France : une au Congo Brazzaville et une au Burkina Faso.

Repérer les étudiants prometteurs mais aussi et surtout les étudiantes. « On porte une grande attention à la représentation des jeunes femmes, assure Cécile Armana. Il est clairement difficile d’amener des doctorantes au bout du parcours. » Une opportunité pour les jeunes chercheurs, mais aussi pour l’université de Franche-Comté. « Maintenant en mathématiques, Besançon est reconnu pour son investissement en Afrique, on est identifié » remarque l’enseignante-chercheuse.

La prochaine école de mathématiques en Afrique avec des enseignants de l’université se fera au Sénégal en août 2022, et sera organisée par Cécile Armana en collaboration avec le programme AIMS. Avec Christian Maire, ils dirigeront du 6 au 15 décembre 2022 au Gabon une école de recherche suivie d’une conférence.

L'école s'est tenue à Dangbo, un petit village dans la banlieue de Porto-Novo au Bénin.
Cécile Armana

L'école s'est tenue à Dangbo, un petit village dans la banlieue de Porto-Novo au Bénin.

Cette école était organisée dans le cadre du réseau Cimpa (Centre International de Mathématiques Pures et Appliquées).
IMSP

Cette école était organisée dans le cadre du réseau Cimpa (Centre International de Mathématiques Pures et Appliquées).

Des étudiants assistent à un cours.
Cécile Armana

Les étudiants venaient du Bénin mais aussi des pays voisins.