Bas-relief présentant des esclaves enchainés.
Ashmolean museum
Auteur 
Catherine Tondu

L'esclavage dans l'antiquité

Si le terme évoque en général d’emblée la traite négrière du XVIe siècle et des suivants, l’esclavage est d’abord intrinsèque aux civilisations antiques.

Chez les Barbares, la femme et l’esclave sont des êtres de même ordre. La raison en est simple : « la nature, parmi eux, n’a point fait d’être pour commander. » Tiré de l’œuvre d’Aristote, cet extrait donne le ton : au IVe siècle avant J.-C., on ne naît pas égaux, et l’esclavage est inscrit dans le droit. De même, le terme Barbare, mentionné chez Hérodote dès le Ve siècle avant J.-C. pour désigner celui qui ne parle pas grec, évolue peu à peu pour qualifier celui qui peut être réduit en esclavage. Cette idée est présente dès le milieu du deuxième millénaire avant J.-C., dans les textes mésopotamiens puis la Bible, pour ne citer que ces exemples, pour attester l’existence d’un esclavage de masse envers des populations étrangères.

L’esclavage dans l’Antiquité est l’un des domaines de recherche privilégié de l’ISTA (Institut des sciences et techniques de l'Antiquité) depuis sa création en 1967, et qui en est l’une des références mondiales. Directeur de l’ISTA, Antonio Gonzales témoigne de la réalité très compliquée de l’esclavage, quelles que soient les époques. « La frontière entre le monde libre et les esclaves n’est pas toujours aussi marquée que ce que l’on imagine. À Rome, les citoyens aussi travaillent, et parfois les hommes libres peuvent aussi connaître des conditions de vie effroyables. » La condition d’esclave diffère selon les milieux.

Les esclaves ruraux étaient souvent attachés pour travailler dans les champs et considérés comme du bétail, et le sort des esclaves dans les mines était pire encore. L’esclave domestique d’une riche famille romaine avait, lui, toutes les chances de vivre dans des conditions acceptables, parfois meilleures que certains hommes libres. Jusqu’au IIe siècle, le maître, le pater familias, a cependant un pouvoir absolu, et un droit de vie et de mort sur sa maisonnée, qui peut compter jusqu’à plusieurs milliers d’esclaves. Sous le règne de Néron, le meurtre de l’ancien préfet de la ville de Rome, Pedanius Secundus, par un esclave qu’il refusa d’affranchir alors qu’il était devenu assez riche pour changer de condition, est à l’origine de représailles envers les quatre cents esclaves de la maisonnée, qui furent tous exécutés, malgré les protestations de la plèbe et de quelques hauts dignitaires.

Comme toutes les choses que l’on peut acheter et vendre, les esclaves sont soumis à la loi du marché, et c’est leur surabondance qui a favorisé leur affranchissement. Cependant l’affranchi reste lié à son ancien maître, comme son fils après lui, bien que la loi lui accorde le statut d’homme libre. « L’être collectif est celui qui prévaut pendant l’Antiquité et qu’exprime l’idée de cité. Même libre, l’individu reste un atome dans un ensemble. La liberté n’a alors pas le même sens qu’aujourd’hui », précise Antonio Gonzales.

Article extrait du dossier intitulé Soixante-dix ans et trente articles pour les droits de l'homme paru dans le numéro 274 de janvier 2018 du journal en Direct.

Contact

Antonio Gonzales
ISTA - Institut des sciences et techniques de l'Antiquité
03 81 66 54 73
antonio.gonzales@univ-fcomte.fr

Tags