Alstom soutient l'IUT: le parrainage, une tradition qui a de l'avenir
IUT de Belfort-Montbéliard

Le parrainage, une tradition qui a de l’avenir

Le 22 avril, Alstom et l’IUT Belfort-Montbéliard ont signé une convention de parrainage. Ce partenariat important pour l’établissement est l’occasion de revenir sur une tradition qui permet à l’IUT de rester au plus près de la réalité des entreprises. Entretien avec Olivier Prévôt, directeur de l’IUT.

Pourquoi le parrainage est important ? Pourquoi en particulier avec ALSTOM ?

Il est primordial que l’IUT soit aux prises avec la réalité industrielle du territoire dans lequel il est implanté. Alstom et General Electric à Belfort, et PSA à Sochaux-Montbéliard, sont les trois grandes sociétés qui structurent l’Aire urbaine. Alstom Power Systems, qui parraine le département Génie civil-Construction durable (GC-CD), est un acteur majeur du secteur de l'énergie. La question de l’énergie et de l’énergie appliquée, notamment au bâtiment, est un enjeu mondial. La transition énergétique est d'ailleurs au cœur du projet Écocampus à l'IUT. Une collaboration avec Alstom est pour l’IUT un signe de reconnaissance ; cela permet aux enseignants et étudiants d’être suivis d'un œil bienveillant par une entreprise internationale qui est aussi une pépinière de talents. Je crois que les étudiants mesurent la chance immense que symbolise ce partenariat : ils ont une équipe pédagogique de tout premier ordre, de nombreux de professionnels qui interviennent dans la formation, des locaux et du matériel tout neufs, et un parrain d’exception. Ce sont de très bonnes conditions pour étudier, et c’est ce que je souhaite pour l’ensemble des départements de l’IUT de Belfort-Montbéliard.

Quels sont les liens entre l’équipe pédagogique et l’entreprise qui parraine la formation ? Est-ce que ce lien peut modifier la formation ?

Il faut voir le parrainage dans un ensemble. Ce n'est pas la seule source qui influence les programmes pédagogiques ou le positionnement des équipes. Mais quand une formation bénéficie d’un vrai parrainage, au-delà de sa forme honorifique, cela suppose un accompagnement important : selon les parrains, ce partenariat peut conduire à des visites de chantiers, des accueils privilégiés en stage ; des intervenants de l’entreprise qui viendront plus souvent sensibiliser les étudiants sur tel ou tel aspect du génie civil. Avoir une relation privilégiée avec une entreprise différente chaque année permet d’aller plus loin dans les modalités de travail, de mieux comprendre les enjeux des entreprises, d’identifier ce qui va constituer le marché de l’emploi de demain, de cerner les techniques ou technologies que les étudiants doivent maîtriser. Par exemple, un architecte d’Alstom demandait si les étudiants étaient formés sur BIM [Building Information Modeling]. Ils commencent effectivement à travailler sur cet outil, mais il s’agit d’aller plus loin puisqu’il existe manifestement un besoin au niveau de l’entreprise. Ces interactions sont donc très précieuses pour les équipes pédagogiques. Pour les étudiants, c'est l'occasion de se faire connaître, voire repérer, de se créer un réseau de contacts.

La notion de parrainage pourrait paraître un peu désuète. Ce type de relation avec les entreprises est-il indispensable pour l’IUT ?

Certaines traditions se perdent effectivement. J'aimerais pouvoir étendre le parrainage à l’ensemble des départements, sur des domaines transversaux qui permettraient de les associer pour renforcer leurs relations. On a besoin, même quand on est en situation professionnelle, d’avoir un référent. Certains rites, comme la remise des diplômes, sont essentiels. Le monde va vite, on passe rapidement d’un sujet à un autre, et il est toujours bon de marquer un temps d’arrêt pour pouvoir réfléchir à ce qu’on a fait, ce qu’on a réussi. Je suis très attaché à ces rites de passage : quand on entre à l’IUT, on entre dans un lieu particulier, une période particulière de sa vie ; quand on obtient son diplôme, c’est un moment important. Ces traditions contribuent à l’esprit de communauté.

Pour être efficace, le parrainage doit-il forcément être celui d'une grande entreprise ?

Quand une grande entreprise comme Alstom parraine une promo de l’IUT, l'impact est évidemment fort. Mais ce qui est important, c’est la passion que le parrain investira dans l'accompagnement des étudiants, sa passion pour sa profession, son secteur d’activités, qu’il leur ouvre des perspectives et leur montre la réalité du métier. Je suis très attaché à l’idée que dans la morosité ambiante, il faut ouvrir des portes et non en fermer. C’est ce qu'a exprimé Jean-Nicolas Losfeld, responsable génie civil et construction chez Alstom Power Systems, lors de la cérémonie de parrainage. Il faut être réaliste, regarder les difficultés en face et les surmonter. Il faut donc que les parrains présentent les choses avec réalisme tout en transmettant aux étudiants l’envie de donner le meilleur d’eux-mêmes pour accéder à ce qui les fait rêver. L’IUT coopère avec des grands groupes industriels pour la formation des cadres intermédiaires et la recherche ; mais sa cible, ce sont également les PME et PMI, les artisans, les petites entreprises innovantes ou les entreprises sous-traitantes, y compris en formation continue. Tous les corps de métiers des petites entreprises ont besoin de se former de façon permanente pour s'adapter au marché du travail, à la réglementation, à l’évolution technologique. On ne peut donc pas opposer les grandes entreprises et les PME-PMI.

Le parrainage contient-il en lui-même l'idée d’une insertion professionnelle directe ?

Non, mais il y contribue. Il est toujours difficile de savoir ce qui contribue à l’employabilité d’un étudiant : il y a les connaissances, les compétences, mais aussi tout ce qu’on ne mesure jamais, comme la connaissance du tissu industriel, les savoir-être, etc. Lors d’un entretien d’embauche, ce qui va faire la différence, c’est un étudiant qui a une connaissance pratique des choses : en parlant avec les professionnels d’une entreprise, le candidat aura une connaissance plus concrète de cette société que celui qui a simplement regardé son site Internet. Le discours d’un étudiant est donc crédibilisé par son expérience. C’est pour cela qu’à l’IUT, nous accordons beaucoup d’importance aux stages, aux projets tutorés, mais aussi au soutien et à l'accompagnement actif des enseignants. Le parrainage n’est pas une insertion directe, ce n’est pas une négociation de recrutement, mais il favorise les stages et parfois les embauches. Il faut rappeler que la vocation de l’IUT, de l’université, voire de l’école, n’est pas de donner du travail aux étudiants mais de les préparer à l’emploi, ce qui n’est pas la même chose. L’IUT doit créer les conditions pour que les étudiants soient employables. Son rôle est aussi de les faire réfléchir pour qu’ils soient capables de s’insérer professionnellement aujourd’hui mais qu’ils soient également en mesure de s’adapter au monde tel qu’il sera dans les années à venir.

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