EPSI - Etude course à pied
EPSI
Auteur 
Aziza Zebbiche

Laurent Mourot, lauréat du prix ANTA Sports

Maître de conférence à l’université de Franche-Comté, chercheur au Laboratoire Marqueurs pronostiques et facteurs de régulation des pathologies cardiaques et vasculaires et Directeur de la plateforme universitaire EPSI*, Laurent Mourot a récemment remporté le prix de la société ANTA Sports, en partenariat avec l’European College of Sport Science.

Un projet ambitieux reconnu

Le prix ANTA Sports, décerné récemment à Laurent Mourot lors du 25e congrès de l’European College of Sport Science, vient récompenser un travail de longue haleine. Depuis 2013, le laboratoire mène en collaboration avec des entreprises (comme Volodalen ou Compressport) et des universités partenaires (Universités de Lausanne en Suisse, de Milan et Vérone en Italie, de Tomsk en Russie, de Kamloops et de Calgary au Canada) des travaux portants sur la course à pied. Il a développé (en particulier avec l’entreprise Volodalen) des projets de recherche collaboratifs sous forme de conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE) en 2013 avec Thibault Lussiana et en 2019 avec Adrien Thouvenot. Ces derniers portent sur l’individualisation de l’entraînement et de la prévention des blessures chez le coureur.

En parallèle, il a également mis en place des outils de suivi des coureurs. Grâce à l’analyse de la variabilité de la fréquence cardiaque, il peut évaluer les résultats individuels et la tolérance des sportifs aux entraînements qu’ils suivent. Il a d’ailleurs poussé cette logique vers le développement d’outils prenant en compte des paramètres cinématiques reliés à la course à pied, comme le temps de contact du pied au sol.

« Grâce au soutien de l’entreprise Movesense, le laboratoire a pu obtenir des capteurs permettant de réaliser des mesures embarquées. L’idée de base est d’utiliser des capteurs simples pour obtenir au cours du processus d’entraînement et selon l’environnement des informations sur la manière dont le coureur se déplace et répond à l’entraînement, afin de mieux guider le sportif, lui permettre de progresser et éviter les blessures. Ce projet repose sur une collaboration originale avec l’Université de Trento et le Dr Andrea Zignoli, spécialiste en traitement et analyse de signaux physiologiques », précise Laurent Mourot.

Des données de laboratoires et de terrain seront recueillies par la laboratoire sur la plateforme EPSI* de l’université de Franche Comté, avant d’être transmises en Italie pour analyse et intégration dans les capteurs. Une seconde phase de terrain sera ensuite menée à nouveau à Besançon pour la mise en œuvre pratique du protocole. Un bel exemple de collaboration internationale mêlant universités et entreprises autour d’un projet portant sur l’activité physique et la santé.

 L’importance de l’exercice physique pour la santé

Le laboratoire a également montré à de nombreuses reprises que des programmes structurés et encadrés d’exercices physiques sont efficaces pour améliorer la santé des patients comme des sujets sains (prévention). Il est admis que l'exercice physique est un outil thérapeutique non pharmacologique efficace. Toutefois, ces programmes sont généralement mis en place une fois une pathologie installée, et il est nécessaire de prévenir l’apparition de la maladie et de lutter par l’exercice physique contre le vieillissement. Les pouvoirs publics encouragent la pratique spontanée d’activités physiques : les grandes lignes de la « prescription d’exercice » sont connues et régulièrement rappelées à la population générale notamment grâce au Programme National Nutrition Santé lancé en 2001. Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, les adultes entre 18 et 64 ans devraient pratiquer au moins 2h30 d’activités physiques d’endurance d’intensité modérée, réparties sur 3 à 5 jours dans la semaine, ou 1h30 par semaine d’activité d’endurance d’intensité élevée ou toute combinaison équivalente. Malgré cela, plus de 25% de la population n’atteint pas le niveau recommandé d’activité physique.

D’un autre côté, on sait que courir est l’une des activités physiques les plus populaires pratiquées dans le monde depuis le début du XXe siècle. Le nombre de coureurs est passé en quelques années de 6 à 13,5 millions selon la Fédération Française d’Athlétisme. Cette popularité grandissante en fait le sport le plus pratiqué en France aujourd’hui avec 40% de la population qui consacre plusieurs heures par semaine à la course à pied, allant du footing à l’ultra-trail. Cette progression est due notamment à sa facilité d’accès, son moindre coût et ses bienfaits sur la santé, y compris mentale.

Cependant, comme la majorité des activités physiques et sportives, la course à pied n’est pas exempte d’effets indésirables. La course à pied présente un risque de blessure liée à la surutilisation des structures musculosquelettiques en comparaison des autres sports d’endurance comme la natation ou le cyclisme. En effet, lors de chaque appui au sol, d’importants chocs exercés sur les tissus sont générés. Les chiffres suggèrent que 50% des coureurs subissent une blessure par an, la blessure étant défini comme un traumatisme survenant pendant l’activité sportive, procurant une douleur récurrente sur plusieurs jours/séances. Or, la présence de blessure diminue le plaisir et entraîne un arrêt temporaire et/ou permanent de l’activité. La dynamique positive sur la santé engagée se trouve alors ralentie, mais elle peut aussi se trouver arrêtée.

Ainsi, la course à pied est une activité physique et sportive très populaire, ayant de nombreux bénéfices pour la santé. Mais il est important à la fois d’individualiser la pratique pour favoriser les effets positifs et de définir des stratégies de prévention des blessures efficaces pour lutter contre l’incidence élevée de blessures chez les pratiquants. C’est tout l’objet du pari que s’est lancé Laurent Mourot et son équipe.

Plus d'informations :

https://ecss-congress.eu/2020/20/index.php/awards/anta-sports-award-winner

 

*EPSI : Exercice, performance, santé, innovation

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