Plusieurs éléphants d'Asie dans un lac.
Bernard Gagnon - CC By-sa 3.0
Auteur 
Catherine Tondu

Des éléphants et des hommes

Le laboratoire Chrono-environnement applique désormais les méthodes de recherche en éco-épidémiologies qu'il a développées sur le campagnol aux éléphants d'Asie.

Quel est le point commun entre l’éléphant sauvage d’Asie, le panda, le tigre, le léopard des neiges et la grue asiatique ? Leur protection, déclarée priorité nationale en Chine. Des formidables populations d’éléphants peuplant jadis l’Asie, de l’Est de la Turquie au Yang-Tsé Kiang, on ne dénombrait plus en Chine que deux cents spécimens dans les années 1990, tous cantonnés dans la province du Yunnan. Grâce aux mesures prises, ce chiffre serait aujourd’hui porté à trois cents.

Une victoire dont il est cependant difficile de se réjouir pleinement, les éléphants causant d’innombrables dégâts dans les cultures avoisinant leur territoire, sans compter les accidents causés par des pachydermes stressés et rendus agressifs par une promiscuité nouvelle avec l’homme.

« À l’origine, l’éléphant d’Asie habitait la forêt, raconte Patrick Giraudoux, enseignant-chercheur en écologie à l'UFR ST et au laboratoire Chrono-environnement. Or dans le Yunnan, fortement peuplé, les zones agricoles sont étroitement imbriquées dans les espaces forestiers… » Une abondance de céréales et de bananes à portée de trompe, pour lesquelles les éléphants n’hésitent pas à entrer jusque dans les villages.

Campagnol ou éléphant, le jeu des différences

L’éléphant d’Asie entre donc dans le giron de Chrono-environnement où il s’installe auprès du campagnol, à l’origine d’une méthode de recherche éco-épidémiologique élaborée au laboratoire et dont la réputation n’est plus à faire à l’international. Une approche dite systémique, considérant une problématique dans son environnement, à plusieurs échelles spatiales pour mieux la comprendre et trouver des solutions adaptées.

Elle s’applique à des territoires divers et à des questionnements ayant trait aussi bien à la gestion de la faune qu’à la santé des populations humaines. « Il s’agit en premier lieu de faire travailler ensemble des personnes aux intérêts parfois contradictoires, ici les agriculteurs, forestiers, écologistes, universitaires, administratifs... », explique Patrick Giraudoux, dont le rôle de scientifique se double alors de celui de médiateur. Le partenariat développé entre le laboratoire Chrono-environnement et l’université des Finances et de l’Économie du Yunnan est à ce titre exemplaire : après avoir vu se créer sur le sol chinois, il y a trois ans, une structure de recherche directement inspirée du modèle bisontin, il prévoit de s’étendre à l’enseignement avec le développement d’échanges étudiants. Et il se concrétise dans la mise au point de programmes de recherche conjoints, comme celui impliquant l’éléphant d’Asie.

Au Yunnan, le Docteur Li Li est le chef d’orchestre de l’ensemble de cette partition. Elle a reçu un prix de l’ambassade de France en Chine pour l’importance de ses travaux, une distinction qui, depuis l’autre côté de la Terre, brille aussi sur le laboratoire comtois.

Article publié dans le numéro 261 de novembre 2015 du journal en Direct.

Contact

Patrick Giraudoux
03 81 66 57 45
patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

Laboratoire Chrono-environnement

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