Religion sous contrôle

La problématique sur laquelle se fonde ce colloque part du constat que, pour une large partie de la population de la cité, la pratique religieuse est une pratique encadrée selon la situation sociale et juridique des individus, dont les interventions sont circonscrites dans des sphères communautaires bien spécifiées et selon le statut juridique des cités où ils résident. Faut-il pour autant en déduire que tous ceux qui ne peuvent se prévaloir de l’un de ces statuts se situent en marge des pratiques religieuses ?

L’ambition de ce colloque est de mettre en valeur les ponts incessants qui se créent entre les différents espaces communautaires à l’occasion des cérémonies religieuses, des actes cultuels, en vertu de leur valeur symbolique au sein de la cité et de réévaluer la portée des gestes accomplis par ceux dont la situation leur refuse a priori le premier rôle : pour être bien encadrées, voire exclues du cadre religieux civique, les pratiques des femmes, des enfants, des affranchis, des esclaves ou des étrangers sont-elles pour autant marginales et ces individus sont-ils dépourvus d’une capacité religieuse, dont les composantes vont de la reconnaissance officielle à la représentation de soi et passent par la détention d’un savoir religieux à tout le moins spécifique, quand il ne serait pas tout à fait inaccessible à la majeure partie de la population, y compris parmi les citoyens ? Qu’en est-il de la pratique des pérégrins, marginaux en certains lieux, mais dont la participation religieuse peut se révéler, ailleurs, déterminante ?

Il s’agira enfin de se demander, à travers les situations envisagées, si nous sommes en présence de cas isolés ou de paradigmes.