Distribution d'eau en Afrique
Didier Bonpangue
Auteur 
Catherine Tondu

Maladies tropicales : la solution au coeur du problème

Considérer les relations entre environnement et santé pour mieux appréhender la gestion d’une maladie est une approche largement défendue au laboratoire Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté. Elle s’exporte sur le terrain avec la future création d’un master Écologie et contrôle des maladies à l’université de Kinshasa.

Au coeur des Tropiques, la République démocratique du Congo est l’une des zones les plus favorables à l’émergence ou à la propagation de maladies infectieuses comme le choléra, la peste, le monkeypox (une variante de la variole) ou encore la trypanosomiase, transmise par la piqûre de la tristement célèbre mouche tsé-tsé.

La progression de la démographie en Afrique allant de pair avec l’occupation de nouveaux espaces géographiques, la proximité et les contacts récurrents entre les hommes et les animaux sont, parmi d’autres, des facteurs favorisant le développement de ces maladies.

On voit donc bien que l’être humain fait partie intégrante d’un écosystème, un véritable puzzle qui doit être considéré dans sa globalité pour donner du sens à chacune de ses pièces.

C’est sur cette logique que s’est construite l’approche éco-épidémiologique reliant environnement et dynamique des systèmes au laboratoire Chronoenvironnement de Besançon. Focalisée sur le traitement de la maladie, la formule est prête à s’exporter en République démocratique du Congo, où là comme ailleurs en Afrique, anticiper est le mot d’ordre pour ne pas avoir à subir des problèmes sanitaires dont on sait qu’ils seront très difficiles à gérer.

« Essentiellement centrés sur des approches curatives, nos programmes de lutte arrivent aujourd’hui dans une impasse ; il est nécessaire de leur réinjecter du savoir. » Didier Bompangue Nkoko est chercheur associé au laboratoire Chrono-environnement et enseignant en médecine dans son pays. Il est le relais de ce savoir et l’instigateur de la mise en place à la faculté de médecine de l’université de Kinshasa d’un master Écologie et contrôle des maladies, directement inspiré du modèle bisontin.

Des travaux de recherche doublés d’un investissement personnel remarquable l’ont conduit en quelques années de la rédaction de sa thèse à la vocation d’ambassadeur de la méthode développée à Chrono-environnement. Abondamment cités dans la sphère académique, les nouveaux concepts amenant à considérer autrement les questions de santé remportent aussi l’adhésion sur le terrain, avec des actions menées en Guinée, au Niger ou encore en Haïti aux côtés de l’UNICEF ou de Médecins Sans Frontières.

En République démocratique du Congo, l’identification de foyers de résurgence du choléra et des moyens de les gérer a permis la mise en place d’actions soutenues qui font leurs preuves. Ici, c’est la Fondation Veolia qui investit dans la gestion de l’eau en suivant les recommandations scientifiques. « Sur le foyer pilote de Kalemie, dix cas de choléra sont actuellement déclarés sur une semaine, quand, à période comparable, on en déplorait cinquante avant la mise en place de ces mesures. »

Didier Bompangue Nkoko espère la mise en place du master sur le territoire congolais à la rentrée prochaine, pour assurer le transfert de compétences et la formation de professionnels impliqués dans le domaine de la santé publique à l’endroit même où surgissent les problèmes.

Le 10 janvier 2014 se réuniront à Besançon tous les acteurs de ce projet, s’appuyant sur la convention cadre signée en 2010 entre les universités de Franche-Comté et de Kinshasa. « C’est un véritable défi organisationnel et technique. Le master, tel qu’il est imaginé aujourd’hui, comporte un gros volet d’enseignement à distance. » Une transition indispensable avant l’accès de la formation à l’autonomie. La mise en place de tout ce dispositif va nécessiter un minimum de financement régulier, ce qui est loin d’être acquis.

Article paru dans le journal "en direct" numéro 250 - Novembre - Décembre 2013

Contact

Didier Bompangue Nkoko
Laboratoire Chrono-environnement
03 81 66 57 10
http://chrono-environnement.univ-fcomte.fr

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