Marie Petitjean sur scène pendant la finale régionale
UBFC
Auteur 
Nourhane Bouznif

« Ma thèse en 180 secondes » : les doctorants se mettent en scène

Marie Petitjean, qui prépare sa thèse à l’université de Franche-Comté, a remporté la finale régionale du concours de vulgarisation scientifique « Ma thèse en 180 secondes ».

Trois minutes pour résumer le travail de mois voire d’années : c’est le défi lancé aux candidats du concours « Ma thèse en 180 secondes ». Le 8 avril, ils étaient 10 doctorants de l’université de Franche-Comté, de l’université de Bourgogne et de l’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM) à tenter de décrocher un ticket pour les épreuves nationales.

Si des candidats ont usé d’humour pendant leur prestation, « Ma thèse en 180 secondes » reste une affaire sérieuse. Avant de se confronter au jury, au public et au chronomètre, les jeunes chercheurs ont travaillé leur texte, testé leur présentation des dizaines de fois devant leurs proches et bénéficié de conseils de pros : Raphaëlle Levasseur, responsable de la communication de l’UBFC, Jérémy Querenet du service Sciences, arts, culture de l’UFC, et Frank Dubois du pôle recherche de l’université de Bourgogne. « C’est la seconde participation de l’université de Franche-Comté au concours. Les doctorants arrivent de plus en plus préparés, ils viennent en ayant bien compris le principe et sont très motivés », observe Jérémy Querenet. Les doctorants étaient tout d’abord invités à fournir une vidéo de trois minutes pendant laquelle ils présentaient leur sujet de thèse. Sur quinze candidats, dix (sept femmes et trois hommes)1 ont été sélectionnés pour la finale régionale. Plusieurs formations ont été organisées pour leur permettre de se préparer au mieux : contenu scientifique, clarté du propos, souffle, voix, gestuelle… ils ont travaillé tous les aspects importants d’un exposé. Et pas question de s’aider d’un diaporama pendant sa présentation : le règlement du concours n’autorise qu’une seule diapositive.

L’épreuve de la scène

La finale avait lieu le 8 avril à Sevenans, dans un amphithéâtre de l’UTBM. Le passage des candidats était déterminé par tirage au sort. Les dix jeunes chercheurs sont succédé sur l’estrade, sous les regards attentifs du public et du jury composé de Katy Cabaret, coresponsable du master Entrepreneuriat technologique et industriel de l’UTBM et référente du programme PEPITE Bourgogne Franche-Comté, Claire Dupouët, directrice du service Sciences, arts et culture de l’UFC, Nanta Novello-Paglianti, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’UB et à l’UFC, et Cécile Pollart, journaliste à Radio Campus. La finale était aussi retransmise en direct sur internet.

Les spectateurs ont pu découvrir des problématiques de recherche touchant diverses disciplines, dont la psychologie, les sciences pour l’ingénieur, l’alimentation et la médecine. Les candidats ont ensuite laissé place à la cérémonie en l’honneur des docteurs diplômés en 2015, de façon à donner au jury le temps nécessaire pour délibérer. Les spectateurs pouvaient eux aussi voter pour leur candidat préféré. Le prix du public a ainsi été remis à Asmae Hamzaoui2, doctorante à l’UTBM, qui étudie les capteurs piézoélectriques par technologie couches minces.

Les membres du jury, de leur côté, devaient attribuer un certain nombre de points selon un barème précis prenant en compte le talent d’orateur, l’implication du candidat, la médiation scientifique et la structuration de l’exposé. Après une longue délibération, c’est finalement Marie Petitjean, en deuxième année de thèse à l’UFC, qui s’est vu décerner le prix du jury, décrochant ainsi sa place pour la demi-finale nationale.

UTBM
UBFC
Finale régionale UBFC Ma Thèse en 180 secondes - Prix du Jury

Jérémy Querenet, qui a suivi l’évolution des présentations des candidats dès le départ, salue leurs performances : « Je les ai tous trouvés très bons. Certains ont été un peu déstabilisés par le stress, mais beaucoup ont réalisé leur meilleure prestation le jour J, comme Marie. » D’autant que certains domaines de recherche semblent généralement peu accessibles au grand public. « Le sujet difficile à vulgariser que l’on donne généralement en exemple, ce sont les maths », commente Jérémy Querenet, qui souligne la « belle prestation » de Michaël Ulrich, doctorant au laboratoire de mathématiques de Besançon.

La bio-informatique pour les nuls

Pour Marie Petitjean, le pari était d’expliquer ses recherches consacrées à « dix-sept ans d’analyse génotypique et phénotypique d’une souche épidémique de Pseudomonas Aeruginosa au cours de sa diffusion hospitalière », qu’elle mène au laboratoire Chrono-environnement et au laboratoire d’hygiène hospitalière du CHU de Besançon. « J’étais assez contente de ma prestation, raconte-t-elle, mais je ne m’attendais pas du tout à avoir ce prix car j’ai trouvé que d’autres candidats avaient été très bons. »

Diplômée d’un master en biologie santé mention bio-informatique, discipline qui consiste à « résoudre des questions de biologie en utilisant l’informatique », la jeune chercheuse de 26 ans a entamé sa thèse il y a un an et demi. Passionnée par son sujet d’étude, elle s’est inscrite au concours par goût de la vulgarisation scientifique. « J’ai déjà participé à plusieurs exercices de vulgarisation, comme l’Expérimentarium. Je trouve que c’est utile de savoir expliquer ce que l’on fait à tout le monde, explique-t-elle. C’est difficile de n’avoir que trois minutes pour expliquer ses recherches. Il faut savoir quelles informations on veut faire passer, réussir à créer une histoire. » Contrairement à d’autres candidats, Marie Petitjean n’a pas appris son exposé par cœur. « Je travaille sans texte, explique-t-elle. J’ai tout en tête et je crée mon discours sur scène. À force de répéter, ça vient naturellement. Je me suis beaucoup entrainée en me chronométrant, mais sur scène c’était plus difficile car le chronomètre était à nos pieds, donc quand on regardait le public, on ne voyait plus combien de temps il nous restait. » 

Marie Petitjean tentera de transformer l’essai lors de la demi-finale nationale le 30 mai à Bordeaux, face à 27 autres participants. Les doctorants choisiront eux-mêmes seize d'entre eux pour la finale qui aura lieu le lendemain, en public. « Je ne sais pas encore exactement comment cela va se dérouler, indique-t-elle. D’ici là, je vais essayer de voir ce que je pourrais améliorer. » Elle sera en tout cas en terrain connu, car la jeune femme a grandi à Bordeaux et y a étudié jusqu’au master. « Une amie m’a dit en rigolant que c’était un signe du destin. »

  1. Alexandra Bernard, doctorante à l'UFC au laboratoire de psychologie ; Julie Bertrand, doctorante à l'UB au centre d'épidémiologie des populations ; Michèle Bodo, doctorante à l'UTBM au laboratoire de Mécatronique-modèles, méthodes et métiers (M3M) ; Mathilde Descamps, doctorante à l'UB au centre des sciences du goût et de l'alimentation ; Asmae Hamzaoui, doctorante à l'UTBM au laboratoire d'étude et de recherche sur les matériaux, les procédés et les surfaces ; Gaël Matten, doctorant à l'UFC au laboratoire FEMTO-ST ; Marie Petitjean, doctorante à l'UFC au laboratoire Chrono-environnement ; Lorenzo Taddei, doctorant à l'UTBM au laboratoire M3M ; Michaël Ulrich, doctorant à l'UFC au laboratoire de mathématiques de Besançon ; Sindy Vrecko, doctorante à l'UFC au laboratoire Intéractions hôte-greffon-tumeur et ingénierie cellulaire et tissulaire.
  2. Vidéo du passage sur scène d'Asmae Hamzaoui.

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Marie Petitjean reçoit le prix du jury
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