Un jeune homme suspendu dans les airs à côté d'un mur dans un décor urbain.
Ludovic Godard
Auteur 
Delphine Gosset

Du parkour à l’U-Sports

Reportage pendant une séance de sport urbain dont la pratique est plutôt inhabituelle à la fac.

Un lundi après-midi de printemps ensoleillé, dans le quartier de Montrapon, à Besançon. Un jeune professeur musclé accompagné d’un groupe d’étudiants en survêtement arrive place Coubertin. Il s’agit de Sidney Grosprêtre, enseignant à l’U-Sports, et de ses étudiants en troisième année de licence Entraînement sportif. Le groupe se rassemble autour du prof, juste à côté du terrain de jeux. Après quelques explications, celui-ci entame une démonstration de roulades. Chacun leur tour, les étudiants s’y essaient, plus ou moins motivés à éprouver la dureté du bitume. En se frottant l’épaule pour la débarrasser des gravillons qui s’y sont incrustés, l’un d’eux plaisante : « On ne pourrait pas passer un coup de balai avant ? » D’autres enchaînent des roulades sur l’épaule rapides et élégantes dont ils se relèvent avec souplesse.

Sidney Groprêtre au sol montre et explique une figure à des étudiants qui, debout, le regardent.
Ludovic Godard

Cet enseignement un peu particulier s’inscrit dans le cadre d’un module intitulé « polyvalence » dont l’objectif est de découvrir différentes activités sportives. Pendant une dizaine de séances, les étudiants testent le parkour, une discipline née en banlieue parisienne à la fin des années 1980 et qui se développe véritablement depuis les années 2000. Si cet « art du déplacement » a été rendu célèbre par le film Yamakasi, il n’est pas question ici de sauter du toit des immeubles ou de se mettre en danger. Le principe du parkour est tout simplement de se mouvoir le plus rapidement possible, d’un point à un autre, en franchissant des obstacles, qu’il s’agisse de trottoirs, d’escaliers, de murets… À travers cette activité, ce sont la légèreté, la fluidité et l’efficacité qui sont recherchés. « Il ne s’agit pas de faire des acrobaties spectaculaires, mais plutôt de retrouver des mouvements naturels », explique Killian Touel, lui-même « traceur » comme on les appelle. « On a oublié la machine surpuissante qu’est le corps humain ! déclare-t-il. Quand on commence à bien bouger, on se découvre à nouveau. » Il est venu avec Sébastien Burlet, un autre membre de l’association des traceurs bisontins (ATB), donner un coup de main au prof pendant ce cours.

Un jeune homme en survêtement et bonnet franchit un banc tandis que d'autres le regardent.
Ludovic Godard

« La roulade, on ne va pas y passer toute la séance, mais on en fera à chaque fois », explique Sidney Grosprêtre avant de passer à l’exercice suivant, « le saut de chat », par-dessus un banc. Deux options : prendre appui avec les deux mains sur le dossier, ou passer les jambes sur le côté se contentant de le raser avec la main… Les étudiants passent un par un. À regarder certains franchir le banc avec aisance pour atterrir en douceur loin derrière, on pourrait presque croire que l’exercice est aisé. Pendant ce temps, sur un autre atelier, d'autres sautent le plus loin possible depuis le haut du toboggan avant d’enchaîner par une roulade. Deux enfants s’approchent, curieux et perplexes face à cet usage inhabituel de leur aire de jeux.

Un jeune homme suspendu dans les airs qui vient de sauter d'un toboggan. D'autres le regardent, les bras croisés.
Ludovic Godard

Quelques instants plus tard, le groupe change d’emplacement pour s’entraîner au « passe-muraille », un exercice qui consiste à prendre son élan pour escalader un mur en s’agrippant à la rambarde… Le prof propose une option supplémentaire une fois en haut en bondissant sur le dossier d’un banc avec une facilité déconcertante. Les étudiants observent, amusés, dubitatifs ou, pour certains, extrêmement motivés. « Tous sont très sportifs mais avec des spécialités et des motricités très différentes, explique Sidney Grosprêtre. Peu importe leur performance ici, l’objectif de cet enseignement est avant tout de leur faire comprendre l’esprit de ce sport. »

Un jeune homme en train d'escalader une grille en haut d'un mur, vu du dessus dans un décor urbain.
Ludovic Godard

Tout cela bien sûr ne se fait pas sans échauffement préalable et se termine toujours par une séance de préparation physique. Si ce sport se pratique sans protection, la sécurité réside dans la façon de se réceptionner, ou dans la possibilité d’avoir un camarade à la parade. « Ce n’est pas un sport de casse-cou. Nous refusons l’étiquette de sport extrême, affirme Sébastien Burlet. Il y a d’ailleurs du parkour pour tous les âges et pour tous les niveaux. » Les traceurs respectent en effet un certain nombre de règles, comme le fait de laisser la priorité aux piétons et aux voitures, ou de ne pas dégrader le mobilier urbain. Il existe même une fédération française de parkour. L’U-Sports est la seule faculté en France à proposer une initiation à ce sport. Comme il n’y a pas de système d’évaluation ou de compétition dans cette discipline, les étudiants seront notés sur une vidéo qu’ils auront eux-mêmes réalisée.

Contact

Sidney Grosprêtre debout sur un banc en train de parler à ses étudiants.
Sidney Grosprêtre en train de sauter par dessus un banc devant ses étudiants qui le regardent.
Un jeune homme réalise un saut de chat par dessus un banc. Le professeur à côté l'assiste.
Un jeune homme saute par dessus un banc. Le professeur et d'autres étudiants le regardent.
Sébastien Burlet saute d'un muret à l'autre. Sur l'image il est suspendu dans les airs.
Un jeune homme suspendu dans les airs en train de sauter sur un mur. Le professeur et d'autres étudiants le regardent.
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