Sécu’RT : une journée consacrée à l’intelligence artificelle
IUT de Belfort-Montbéliard

Sécu’RT : une journée consacrée à l’intelligence artificelle

La 7ème édition de Sécu’RT, journée consacrée à la sécurité informatique à destination des étudiants de l'Université de Franche-Comté mais aussi du grand public, s’est déroulée le 14 mars dernier au département Réseaux et Télécommunications de l’IUT de Belfort-Montbéliard, avec pour thème cette année l’intelligence artificielle (IA).

Kilian Lesueur et Lauraline Ferreira, étudiants en 2ème année de DUT Réseaux et Télécommunications (RT) font partie de l’équipe organisatrice qui a choisi le thème de l’intelligence artificielle, un thème d’actualité qui fait débat. « En ce moment, on parle beaucoup des véhicules autonomes Tesla, illustre Kilian. C’est de l’intelligence artificielle. Cela fait débat notamment autour de la question de laisser ces voitures en zones restreintes ou non. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres : l’intelligence artificielle, le deep learning sont des domaines techno-scientifiques dans lesquels les entreprises font beaucoup de recherches. Les IA sont capables de remplacer les humains dans certains domaines. Il est important d’en parler et d’expliquer. »

Vulgarisation et démystification

La journée Sécu’RT avait donc pour objectif de démystifier l’IA par rapport aux craintes ou aux espoirs qu’elle suscite, mais aussi de vulgariser cette technologie : « le but est de rendre ce thème accessible à tous, souligne Kilian Lesueur, que ce soit à travers les conférences ou les activités proposées pendant l’après-midi. » A la question du lien entre sécurité informatique et intelligence artificielle, l’étudiant répond que certains de leurs principes sont communs : « une boîte mail capable de trier les spams des vrais courriels, c’est du machine learning, c’est-à-dire quand l’IA essaie d’apprendre toute seule et que l’utilisateur valide.  Il y a des IA capables de reconnaître un visage dans deux lieux différents, et si la personne est recherchée alors on peut dire qu’il s’agit de cybersécurité. »
Quant au lien avec le DUT RT, le jeune passionné explique que « si, en vulgarisant, on part du principe qu’une IA est un simple programme qui agit de lui-même et qui peut prendre quelques décisions, on peut considérer que les étudiants en DUT RT sont capables de coder des IA. D’ailleurs, certains jeux proposés lors de la journée Sécu’RT consistaient à vaincre une IA sur un jeu, par exemple un Mastermind, et cette IA a été codée au sein du département RT. » Lauraline se souvient d’un examen de fin de module de programmation en 1ère année : « Il fallait programmer un Pac Man et les fantômes gloutons. Ces petits fantômes se déplaçaient tous seuls en fonction des déplacements de Pac Man. Ce n’est pas le joueur qui les fait avancer, c’est une intelligence artificielle. »
L’après-midi de la Sécu’RT était d’ailleurs consacrée à différents jeux et animations comme le quiz Questions pour une IA, mais aussi trois « IA-ttack » programmés par les étudiants : Mastermind, Le démineur, le jeu des allumettes, trois défis où les joueurs se mesurent à une IA. Un CTF (Capture the flag) et un escape game ont également rythmés l’après-midi, deux parcours pour lesquels il fallait découvrir des indices, trouver des mots de passe, déchiffrer des messages codés et autres tests où l’intelligence, humaine, a été mise à rude épreuve mais a permis de résoudre des énigmes informatiques concoctées spécialement pour cette 7ème édition. Si le but de l’escape game était de désamorcer une fausse bombe contrôlée par une intelligence artificielle, il s’agissait aussi de s’amuser et d’apprendre.

Yohann Hammad, étudiant en 2ème année de DUT RT, a donné sa première conférence lors de la journée Sécu’RT et étant donné son aisance à parler en public et sa capacité à le captiver, c’est sans doute la première d’une longue série de conférences ! Intitulant son intervention « Les IA n’existent pas encore », il a choisi un titre gentiment provocateur « pour capter l’attention du public en le surprenant. C’est ensuite nuancé pendant la conférence. »
Le jeune homme a souhaité aborder ce sujet pour les mêmes raisons que ces collègues organisateurs de la journée : « le grand public ne sait pas vraiment ce que c’est qu’une IA. On a des peurs, des craintes, des espoirs. La fiction mais aussi les articles qui manquent parfois de précisions induisent en erreur. Pour appréhender le futur des IA, il faut déjà comprendre ce que c’est. » Intéressé par tout ce qui touche de près ou de loin à l’informatique depuis le collège, « c’est pour ça que je suis en DUT RT et les IA en font partie. Je me suis beaucoup documenté et j’ai essayé de synthétiser tout ça ».
Son approche, plus philosophique que technique, avait pour objectif d’induire un questionnement chez les personnes qui l’écoutaient : « le but était qu’elles s’interrogent, qu’elles comprennent ce que n’est pas l’IA, ce que c’est aujourd’hui, ce que ça pourrait être, où sont les limites. C’est à chacun de se poser les bonnes questions et de savoir ce qu’il veut ou pas. »

Intelligence artificielle : une approche scientifique mais aussi philosophique

Au-delà des progrès technologiques aussi fulgurants qu’impressionnants présentés par d’éminents chercheurs comme David Laiymani et Michel Salomon1 sur leurs travaux de recherche en intelligence artificielle et deep learning, ou comme Gilles Gimeno et Alaâ El Bouchti sur une application de l’IA dans le cadre de l’aide au diagnostic dans le milieu médical, Delphine Prieur a abordé le rapport entre propriété intellectuelle et intelligence artificielle. Bruno Migeot, spécialiste de la sécurité informatique et de l’intelligence économique intervenant à l’IUT dans ces domaines, a quant à lui, choisi d’intervenir sur la cybersécurité, notamment en entreprise.

« La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme », écrivait Rabelais dans Pantagruel en 1532. C’est un peu dans cette optique qu’Olivier Buchheit², docteur en physique du solide, ingénieur en mécanique qui se consacre maintenant à la médiation techno-scientifique pour Sonopraxis, a présenté deux conférences. « IA et honte prométhéenne » et « Le transhumanisme – utopie, dystopie ? » ont ainsi permis d’aborder l’univers de l’intelligence artificielle d’un point de vue éthique et philosophique. « Nous sommes tous concernés par ce sujet, explique Olivier Buchheit. Nous devons donc tous avoir un minimum de connaissances sur le sujet. D’autant que les risques sont énormes. » L’utilisation des données des usagers est l’une des grandes problématiques liées à l’IA : « dans le monde réel, on ferme les portes, on se protège. Mais dans le digital, rien de tout ça. On a une confiance aveugle dans l’outil, dans la technologie, on ne voit pas l’humain derrière. On est connectés à des machines, qui n’apparaissent pas comme un problème. Donc dans un monde où on est entouré d’humains, on se protège ; dans un monde où on est entouré de machines, on ne se protège pas parce qu’on ne pense pas à l’humain derrière les machines. C’est ce paradoxe qu’il faut résoudre. » Responsabilisation, progrès maîtrisé, prudence et précaution sont les maîtres-mots du discours du médiateur : « il faudrait développer des programmes de prévention, une sorte d’hygiène digitale. Il ne faut pas faire l’autruche mais il ne faut pas non plus désespérer. »

A revoir sur la WebTV de l’IUT : https://bit.ly/2IUJsYd

1 David Laiymani et Michel Salomon sont enseignants au département Informatique de l’IUT et chercheurs à l’Institut FEMTO-ST, Département informatique des systèmes complexes (DISC). Leurs travaux de recherche portent sur le machine learning et le deep learning.

² Le domaine de recherche d’Olivier Buchheit concernait les polymères à l’échelle micro-nano puis les interactions homme-machine. Olivier Buchheit intervient aujourd’hui dans des lycées, écoles d’ingénieurs, grand public, sociétés privées… qui souhaitent avoir un aperçu haut-niveau et acquérir les principes de base des technologies.

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